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Mahsati Ganjavi

Originaire de Ganja (Azerbaïdjan), Mahsati Ganjavi vécut au XIIe siècle. On rapporte qu’elle fréquenta la cour de Mu‘izz ad-Dîn Ahmad Sanjar (1084-1157), sultan seldjoukide de Transoxiane et du Khorasan. Mahsati doit pour une large part sa fortune posthume à la liberté de ton de ses quatrains dont on a connaissance grâce au Noz’hat al-Majāles (« La joie des réunions »), anthologie compilée au XIIIe siècle. Ce riche volume contient  plus de quatre mille robâ’iyyât de quelque trois cents poètes persans qui vécurent du XIe au XIIIe siècle. Omar Khayyām et Nezāmi Ganjavi comptent parmi les plus illustres. L’un des grands mérites de cette anthologie, outre le fait qu’elle conserve des robâ’iyyât dont on ne trouve nulle trace ailleurs, tient à la place qu’elle accorde aux poètes de Transcaucasie orientale qui n’étaient pas des poètes de cour ou des lettrés professionnels, mais des ouvriers et des artisans (porteurs d’eau, tisserands, etc.). On y trouve aussi un nombre non négligeable de femmes.

On ignore les détails de la vie de Mahsati, mais l’on reste frappé par sa liberté d’esprit et l’audace avec laquelle elle étrille les préjugés religieux, l’hypocrisie morale et le conservatisme social. Depuis la période soviétique, il existe en Azerbaïdjan des rues et des écoles qui portent son nom. À Ganja, sa ville natale qui avait été rebaptisée Elisabethpol sous l’empire tsariste, un monument a été érigé en son honneur en 1980.