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MAISON

 

150-

La maison éprouve à nouveau les eaux et le soleil. Arrière-petite fille de celle de Thoreau, elle se tient près de la clairière

Et du ruisseau. Sur la table, un couteau, une assiette ; la lumière se glisse entre la fenêtre entrouverte.

 

Une voix dans le couloir ; le paysage s’avance pour boire un verre d’eau qui lui rappelle un puits.

Des épingles à linge entre deux arbres centenaires ; en-dessous la neige entre les brins d’herbe.

 

151-

Au-sorti de la maison, le monde parle, parle toutes les langues à moi qui n’en parle aucune.

Au bord du chemin, une citerne oubliée récite un vers, avec des yeux noirs qui soutiennent la brume de l’hiver.

 

Journée grise de janvier. Un feu de bois et sa traîne s’allonge et s’attarde, comme une dernière voile avant que l’océan l’engloutisse.

Les feux d’une voiture surgissent. Ils s’approchent d’un feu qui brille. Redis : le campement est provisoire, le fil se brisera.

 

 

111-

Nul besoin de gîte ! J’appartiens au fleuve, aux reflets de nuages, à la vie sur les berges qui résonne entre les montagnes.

Ma mémoire est dispersée. Je laisse aux arbres et aux oiseaux le soin d’écrire ce qui ne s’écrit pas.

 

 

 

Inédit, extrait de "Par-dessus l'épaule de Blaise Pascal"

Titre provisoire