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Matin d’automne

 

Seules la tête et les mains sont dehors
tandis qu’à l’intérieur
sous les vêtements ou sous la peau
le reste vaque à ses occupations
cœur poumons sang ou jambes
tout concourt à la circulation

A l’extérieur
passée la pluie et sous un  ciel d’un gris léger
il règne un vent d’automne reconnaissable
qui remue les cheveux et remet la tête en alerte
redonne à chaque main chacun de ses cinq doigts

L’hiver ne viendra pas ex abrupto
se disent la tête et les mains
comme un molosse surgissant de sa niche
elles pensent à la dextérité du pied sous les déplacements du corps
elles songent à la pleine lune
à l’omniprésence de Dieu dans sa perpétuelle absence

Au bout d’un temps
au bout de la rue
le vent s’éloigne discrètement
comme un qui a déjà donné
il rebondit encore sur un ou deux toits
puis oblique à gauche et remonte vers le nord
où l’attend au passage son improbable double

 

(inédit, novembre 2011-janvier 2012)