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Monte Verita. Ascona et le génie du lieu de Kaj Noschis

Monte Verita. Ascona et le génie du lieu

 

Analyste jungien, enseignant les idées de Jung à l’université, vivant à Lausanne, le finlandais Kaj Noschis donne ici le premier et nécessaire livre sur cet endroit ou ces endroits en proximité que sont Monte Verita et Ascona. Son parti pris, pour le moins justifié, est qu’il y a un génie du lieu, au sens antique de l’idée, à l’œuvre dans cet espace suisse. Et comment ne pas le suivre en si bon chemin ? Monte Verita, colline qui domine le lac Majeur et Ascona, autrefois village isolé, aujourd’hui ville balnéaire. Il y a un siècle, tout ou presque était sauvage ici. Et cet espace naturel libre est devenu un espace humain lui-même libre, tant en ce qui concerne la vie que la pensée. Le genre d’endroit et le genre de choses pratiquées ici… Faites un peu la même chose, pensez un peu librement ainsi aujourd’hui, n’importe où en Europe (à Tarnac tiens pas exemple) et vous verrez, vous serez vite entourés de plus d’uniformes ou de costumes sombres que de brins d’herbes. Le capitalisme n’est pas seulement un vecteur d’économie, c’est un totalitarisme psychologique. Et ses collaborateurs sont nombreux. Pour Monte Verita, Kaj Noschis parle d’un « jaillissement des esprits » comme si la terre, attirant les plus précieux esprits du siècle, avait fait jaillir en eux une sorte de pensée / source. Et sans aucun doute est-ce cela. Car le lieu a vu agir, penser, danser, rêver, théoriser… Herman Hesse, Jung, Mircea Eliade, Otto Gross, Max Weber, entre autres. C’est aussi l’un des lieux qui a donné naissance à la chorégraphie contemporaine, cette sœur inséparable de la poésie. Impossible de dire ici la richesse extraordinaire de ce lieu – on lira ces pages. Que l’on sache seulement que ce fut le lieu des rencontres d’Eranos qui, tout au long du siècle passé, virent les plus grands esprits se réunir dans la discrétion et penser le lien orient/occident. Une aventure merveilleuse.