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Murmures pour Hugo de M. Rouanet

La langue occitane, l’amour du style, le Languedoc, la peinture sont autant de passerelles entre marie Rouanet et le peintre Jean Hugo (1894-1984) qu’elle fait revivre à travers l’évocation de son œuvre et des épisodes de sa traversée du siècle. Une conversation toute en « murmures ».

Arrière-petit-fils de Victor Hugo, le peintre Jean Hugo (1894-1984), également décorateur de théâtre et créateur de costumes, a travaillé à Paris avec les artistes de son temps et eu pour ami Georges Auric, Max Jacob, Picasso, Éluard, Satie, Cendrars, Poulenc, Radiguet,  Louise de Vilmorin, Jacques Maritain, etc. et souvent des êtres qui semblent lui être opposés comme le mondain Cocteau. Embrassant la foi catholique, il s’installa  dans le mas familial de Fourques, près de Lunel, dans l’Hérault, où il continua de peindre et de recevoir ses amis en renouant avec le monde paysan et la Provence.

Son fils Charles Hugo, qui habite près de chez Marie Rouanet, possède de nombreux documents inédits qu’il a montrés à cette dernière. Marie avait lu ses mémoires dont elle a aimé le style et a eu accès aux manuscrits, mille pages écrites à la plume d’oie. C’est en s’immergeant dans l’univers, la vie intérieure et les mots du peintre qu’elle a entamé ce dialogue intimiste par delà la mort, en tutoyant celui qu’elle n’a pas rencontré mais aperçu en 1981, à Montpellier, au théâtre où l’on reprenait le «Daphnis et Alcimadure» dont il signait décors et costumes.

Une conversation en douceur et « murmures », où transparait son affection et son admiration, mais aussi parfois son agacement (devant l’aspect doloriste de son mysticisme, par exemple. Une conversation qui traverse, en évocations douces et amusées, les thèmes de l’œuvre et de la vie du peintre, la guerre, la découverte de la mort, la foi, la langue occitane, la vie campagnarde, le retrait du monde, etc. comme de ses techniques, du vitrail aux miniatures. Une conversation qui, en même temps qu’elle fait vivre le souvenir d’un peintre discret à travers « une émotion sans douleur », reprend et donne chair à ses propres interrogations sur la beauté du monde et le mystère de vivre. 

Ce texte a d'abord paru sur le site de la revue Texture, dirigée par Michel Baglin :

http://revue-texture.fr/