1

Nizar KERBOUTE, Un fleuve qui brûle

 

1

Plus les distances s’élargissent plus l’ombre grandit

Telle est la sagesse de la lumière

Indiscrète

Elle ne connait pas le sens des secrets

 

2

Moultes ombres dans ma tête

N’ont pas besoin de lumière

Pour exprimer leur obscurité

 

3

Les lumières de la ville sont nombreuses

Et ce qui est étrange

C’est mon ombre solitaire partout où je voyage

 

4

LaDentelle étend ses ombres sur tes jambes.

C’est une lecture surréaliste

Des couleurs de l’arc-en-ciel

 

5

La tulipe tatouée sur tes hanches

Hume l’odeur de mon ombre

Sans doute est-ce une nouvelle manière De faire l’amour

 

6

Elle écrivait des poèmes en prose sur mon ombre

J’ai pensé à les lire…

Mais j’ai avalé ma langue ce matin.

 

7

Le  vide dévore  mes  lettres comme  un fast-food américain

Je peins des poèmes et les brûle avec mes anciennes affaires,

Tel est le métier du poète, son gagne-pain dans les petits détails n’a pas besoin
qu’on

Lui rappelle l’oubli

 

8

J’ai perdu la clé du sommeil, je n’ai pas trouvé le chemin de retour à mon oreiller

De papier

Je demanderai de l’aide à un voleur professionnel excellant dans le décryptage des mots.

 

9

Le tissu prononce des adieux au ciseau en un moment digne des films
hollywoodiens

L’aiguille tient le microphone

Et le fil souffle les mots dans l’oreille du peintre

 

10

Ta main est tendue, elle récolte un sourire de mon visage fatigué,

Abattu par le voyage dans train têtu ne s’arrêtant que dans le désert.

 

11

La lumière a un point faible solitaire

Incapable de voir mon ombre danser sur les ruines du texte

 

12

Plusieurs lumières ne me plaisent pas, à l’instar de poèmes ennuyeux
nécessitant

Des lunettes solaires pour qu’ils soient à la mesure de l’œil

 

13

Parfois l’ombre de ma tête me fait peur,

Sous la lumière rouge mes oreilles apparaissent et mon visage disparait.

 

14

De nombreuses lumières surgissent de l’ancien mur, frappent à la porte du
dernier Vendredi.

Aucune ombre n’est à l’intérieur ouvrant à une broussaille de mots, même le
fleuve a oublié la corde du pêcheur dans sa gorge.

Tout le monde dormira en dehors de la ville sans dîner.

 

15

Chaque Jeudi moultes choses explosent autour de moi,

 les tuyaux de gaz, les pneus, les boîtes de sardines,

Et d’autres poèmes.

 

16

Une bombe à retardement dans mon bureau

Des livres de poésie demandant le secours à un roman ne disposant pas des
escaliers d’issue.

 

17

Un silence soûl traverse les pages de ma nuit sereine

Cherche dans ma valise une goutte de lumière à mettre dans le café du matin

Et un morceau de pain à fermer les bouches des journaux.

 

18

Le poème brille dans la main du sage comme une pièce de cristal intimidée par
l’humilité

Et dans la main de mon père il brille aussi…

 

19

Une bouteille quasi nue se baigne dans la lumière feutrée.

Elle attend avec qui échanger des SMS sur la rive d’un fleuve

Qui brûle.

 

Traduit de l’arabe par Mounir SERHANI