L’impasse comme puissance contrariée
Ou l’égarement vers une mortalité maîtrisée :
immaturité de l’esprit qui ne peut concevoir
le naissant et le redevenir-poussière
Ou la course effrénée vers une soif de l’impossible
(ce qui est possible ne sera jamais possible)
Ce qui est possible ne sera jamais possible dans l’impasse
Dès qu’on se rapprochera d’une possible possibilité
Dans ma soif pour l’impossible         je me permets
De croire à l’idée d’un oasis     mais quand celle-ci
Devient une réalité   je n’y crois plus et je me
Mets en situation d’échec 
***
L’impasse comme processus
À l’humble endurance des « guerriers sans combat » (I.M.)
Qui placent leur prouesse dans une gloire noble
Mon être est supérieur à la reconnaissance qu’on lui attribue
Car il se reconnaît d’abord lui-même par son désir de créer
(l’œuvre dépasse souvent la mort de son auteur)
 
***
Lenteur dans l’impasse 
Marathon organique et spirituel où
Je questionne ce contre quoi je butte
Dans un temps autre que celui du réel brut
Parfois je ne vois pas ce contre quoi
Je butte car je ne veux pas voir
 
***
 
Souffrance & impasse  
Ce que je peux voir est synonyme de bravoure
L’épreuve d’un œil ouvert sur son monde interne
Où je contemple le miroir de ma haine soutenue par l’amour
Faire l’impasse sur la haine
Et croire qu’elle est antagoniste
À l’amour est une erreur car
Pour haïr faut-il encore avoir aimé
Pour pouvoir en douter par la suite
Faire l’impasse sur sa propre haine
Revient à tromper l’authenticité
De sa vérité et c’est prétendre
Une certaine imperfectibilité
 
***
L’émotion d’une impasse
Dans ce qu’elle fait vivre
Au moment où je tombe
(Qui appelle à se relever)
Parce qu’il est nécessaire
De vivre pour mieux
Se connaître         Se connaître
Étant une entreprise secrète où
J’apprends l’oublie de ce que
Je ne disais jamais                où
J’oublie ce que j’ai appris
À ne pas dire
 
***
Souplesse dans l’impasse
Où ce qui aliène — le fantasme —
Demande qu’on s’y attache pour
S’en détacher : la peur de ne pas
Pouvoir sauver par exemple —
Le fantasme de sauver — exige
Une gymnastique mentale
Avant de renoncer     faut-il reconnaître
La source de cette souffrance
Source de l’impasse 
Où la perte me fait
Aveugle d’une infaisabilité
Apparente
Où ce que je sais faire
 
À l’état de penseur embryonnaire
 
***
  
Enfant de l’impasse
Ce vers quoi je me
Risque si je tends
Vers la tendresse  
Aventureuse d’aller
Rencontrer cet autre
Qui m’arrache à moi-même
 
***
 
L’arrachement de cette impasse
Nous rappelle un départ
Comment quitter « soi » et tout
Ce que ce mot recouvre :
Son attachement à la douleur
Son goût pour la convoitise
Sa hantise, ses obsessions,
Ses limites etc.
L’égo — dans cette impasse 
Ne se fie pas à ce qu’il a
Traversé mais traversera
Identifie son être non à ce qu’
Il est devenu mais deviendra
Ne défie pas son existence
Au détriment d’un autre
Ne se méfie pas de l’impasse
Car il passe par elle
Pour la dépasser
PARADOXES — EXTRAITS
 
ÉCRASE
« écrase », je t’ai dit d’écraser mais je ne me suis pas dit d’écraser,
je t’ai dit « écrase », mais le problème c’est que tu m’écrases même 
pendant que je marche et j’ai pensé « m’aime pas en trêve celui-là » 
sauf que j’ai penché pour le problème car tu penses comme lui, je veux 
dire tu dépenses le problème par des rêves qui écrasent la marche droit 
derrière moi car devant c’est très loin derrière, d’ailleurs je suis si près 
de mon père que je deviens ce qu’il n’est jamais devenu, alors tu es 
revenu à sa place et cette place m’écrase, elle tasse mon petit devenir 
pensant qu’il faut toujours penser ce qui va arriver par la pensée même 
pendant que je marche  et j’ai pensé « m’aime pas celle-là » sauf que 
j’ai penché pour la solution mais elle écrase toujours le problème auquel 
je repense, que c’est lui chercher un sens qui fait que je ne ressens
pas ce qui veut me trouver devant sans éprouver de ressentiment où
je règle mon sentiment sur toi qui ne peut pas me sentir car je
descends d’un père que le derrière a écrasé pour subir son devant
avant qu’il ne surgisse, alors je continue de marcher pour croiser 
l’auteur du problème qui rêve d’une solution comme on écrit son nom,
d’ailleurs comment je m’appelle, tu vas voir qu’on ne peut pas oublier que
c’est moi qui vais revenir car je descends bien d’un père que
le sentiment a donné pour dérégler son ressentiment et marcher tout 
en devenant « celui-là » même quand il m’écrase, « m’aime bien
celui-là » j’ai ressenti
 
 CE QUI REVIENT TOUJOURS
quand l’un demande, l’autre répond, toujours, quand je lui demande 
pourquoi ça revient toujours, il me répond comment ça ne reviendra 
plus, quand je lui demande comment être sûr que ça ne revienne plus,
il me répond pourquoi une telle question, alors je continue de le 
questionner car ça revient toujours mais lui ne cesse de répondre que 
c’est à cause de la question, que c’est la question qui provoque toujours 
ce qui revient, alors moi je demande ce qu’il y a derrière la question et  
lui me répond qu’il n’y a que ce qui veut revenir, que c’est devant qu’on 
arrête de voir, mais moi je lui demande ce qu’on arrête de voir, ce à 
quoi il me répond d’arrêter de voir ce qui revient toujours, alors je lui 
demande comment voir sans que ça revienne puisqu’il faut bien 
comprendre et lui me répond qu’il n’y a rien à comprendre car ça 
reviendrait à se comprendre soi-même — ce qui revient, venant de soi 
— et se comprendre soi-même reviendrait à ne pas être, alors je lui 
demande comment peut-on ne pas être, lui me répond que c’est en 
étant responsable de ce qui revient toujours, alors je lui demande 
comment ne pas être responsable de ce qui revient toujours, lui me 
répond que c’est en étant responsable de ce qui est en train de venir,  
alors je lui demande de m’expliquer, lui me répond qu’expliquer ce qui 
est en train de venir fait revenir ce qui revient toujours, que c’est 
chercher derrière la question sachant qu’il n’y a rien à voir, que c’est 
devant qu’on arrête de voir, ce qui revient toujours, venant de soi, fera 
venir autre chose, alors je lui demande quelle est cette autre chose, lui 
me répond que c’est cette chose qui déplace la question dans l’en train 
de venir, je lui demande alors si ça ne revient pas au même, lui cette 
fois me demande de revenir à moi-même
  
IL N’EMPÊCHE
je ne vois pas ce qui m’empêche car je suis ce qui m’empêche,
il n’empêche que si j’en parle c’est que ce qui m’empêche ne               
m’empêche pas complètement, je sens bien que je peux m’autoriser 
encore à ne plus être empêché, ça commence comme ça, c’est une 
question d’adresse, il y a quelque chose qui veut s’adresser à un autre 
pour être autrement parce que sinon je suis toujours ce qui m’empêche 
et non celui que cette chose n’empêche pas mais cette chose ne                     
fait que vouloir car elle questionne l’adresse au lieu d’y répondre 
directement par l’adresse pour justement voir ce qui empêche, si                 
c’est l’autre, moi ou les deux, il se trouve que c’est souvent les deux 
quand on choisit une adresse que l’autre refusera, sans le savoir 
évidemment, cela s’explique au moment où on nous a refusé cette 
chose qui nous autorise d’accepter ce qui nous empêche car on ne peut 
pas tout accepter ou alors tout accepter différemment, c’est-à-dire 
accepter de ne pas être accepté sans chercher de raisons, en se 
persuadant par exemple que tel autre nous refuse parce qu’il se                 
refuse lui aussi de voir, de voir ce qui l’empêche, à la différence qu’il                 
le dissimulerait, en interprétant donc ce qu’on prête à soi comme vrai 
mais qui   nous empêche de vraiment vivre tel ou tel autre comme une 
part de soi qu’on voit mourir pour pleinement renaître, je vois ce qui ne 
m’empêche pas car je ne suis pas ce qui m’empêche
  
AIME
Il t’aime tel qu’il ne s’aime pas, comme il n’est pas, mais ce que tu aimes 
c’est qu’il ne t’aime pas ainsi car si en plus tu dois aussi t’aimer, ça fait 
beaucoup, ce que tu aimes c’est qu’il aime ce que tu n’aimes pas chez 
toi, vous êtes deux à chercher l’amour chez l’autre qui a trop aimé vous 
le prendre, je veux dire  que cet autre n’était pas prêt à le laisser vivre 
comme il l’a donné malgré lui, on peut penser qu’il le voulait au point 
d’y penser, jusqu’à ne rien faire que toujours le reprendre pour ne jamais 
être surpris, puisqu’il faut bien garder l’amour contre soi et ne pas 
regarder qu’il provoque, autrement c’est trop de place dans une place 
vide, je parle de ce qui ne veut pas parler car en aimant il donne sa 
place sans savoir que tu la lui donnera à ton tour, de sorte qu’on             
tourne autour de cette grande place qui vous tient dans une 
contenance où l’on retient le déplacement, celui de deux êtres au sein 
d’une même place qu’ils partagent, sans quoi c’est chacun sa place                
et il manquera toujours un peu de chaleur pour manquer le froid qui 
envahit le manque parce qu’il serait trop envahissant, c’est sûrement par 
peur d’être envahit, envahit par lui, mais  on comprends bien que ce qui 
l’envahit c’est de pouvoir être l’objet de ce manque car c’est un objet 
qui prend la place du sujet tandis que le sujet lui, vit le manque comme 
un pouvoir se renonçant à prédire ce qui pourrait l’abolir, encore faut-il 
reprendre sa place sans chercher l’amour chez l’autre qui a trop aimé 
vous le prendre puisque cet autre n’est plus vous :
il t’aime tel qu’il s’aime, comme il est, ce que tu aimes c’est qu’il t’aime 
ainsi car ce que tu aimes c’est qu’il aime chez toi ce que tu n’aimes pas, 
qu’il t’aime comme tu es tout comme ce qu’il aime chez toi c’est que tu 
l’aimes, comme il est
 
INDIGNE
il justifiait ses plaintes avec l’injustice d’un monde qui avait échappé                  
à son propre monde dont il s’était fait l’étranger, sans le savoir, car                    
il défendait, comme un jouisseur défendu, ce qu’il ne pouvait défendre                    
à l’intérieur, un jouisseur d’extérieur que retient sa jouissance dans ce 
qu’elle procure, naturellement, une jouissance bien en place qui ne 
change pas de place et ne se trompe pas de monde, on ne règle pas                    
un problème, on dérègle une solution, toute solution étant un raccourci 
qui rallonge l’étendue du problème car toute solution est de croire 
l’autre monde à notre portée comme si cette portée était mondialement 
accessible mais c’est en fait ne pas croire au monde que nous 
intériorisons, ou  alors c’est vouloir mondialiser ce qui a été localement 
mis sous silence, à titre personnel, où chaque projection vers l’autre 
devient le titre d’une grande page de couverture sans livre à vouloir livrer 
la vérité d’un sauveur qui peine à se sauver car c’est matraquer l’objet 
de sa peine comme on traque un rebelle qui braque ce qu’on a chouré 
chez lui, une cause qu’il s’est approprié pour  ne pas s’occuper de la 
sienne, je parle de la cause qui ne cause que sur lui-même et pas sur 
ce qui le provoque en écho, à ce qu’il a vécu comme provocation, en 
écho de coco, envieux de ce qu’il n’a pas eu parce que le coco envieux 
veut absolument tout avoir sauf son être, ou alors en écho de bobo qui 
s’écoute  parler du monde entier, monde qu’il divise en deux pour 
simplement faire entendre soit une haine sans amour soit un amour 
sans haine selon ce qui l’arrange dans telle ou telle situation,
parce que l’oppressé évoque avant tout son impossible vocation, celle 
de ne pas être devenu cet oppresseur rencontré à la naissance, 
d’ailleurs, ce qu’il déplore provient d’un manque dans ce qu’il n’a pu 
explorer, un pleureur qui questionne l’objet de ses pleurs, un pleureur 
en quête de sujet : il justifie l’injustice du monde avec ses plaintes que 
son propre monde laisse échapper et dont il se fait l’héritier
PAS DE PROBLEME
il voulait ce que je ne voulais pas, je voulais ce qu’il ne voulait pas, c’est 
pas toujours facile, nous sommes deux à vouloir, vouloir différemment, 
que nous soyons deux n’est pas problématique, c’est bien normal,                   
la problématique c’est de ne pas s’entendre sur le vouloir car chacun 
veut être pleinement lui et pas l’autre qui veut l’être aussi sauf que ça 
peut devenir un problème où l’un empêche l’autre d’être et inversement 
alors on finit par vouloir que l’autre ne veuille plus ou alors ne veuille 
plus que ce que l’autre veut sauf qu’à ce rythme on piétine sur l’être qui 
se relève avec de moins en moins d’être qui voudra de plus en plus 
contenir ce qu’il veut pour de vrai car celui-ci apprend à ne devenir que 
cet autre pour le garder, c’est en réalité un faux problème car on peut 
bien vouloir à deux et même différemment, que nous soyons deux n’est 
pas problématique, c’est bien normal, la problématique c’est de ne pas 
vouloir s’entendre car chacun n’entend que ce qu’il veut et l’autre aussi 
sauf que si chacun entend le vouloir de l’autre ça ne deviendra plus un 
problème et l’un n’empêchera pas l’autre de vouloir car si je comprends 
ce qu’il ne comprend pas, qu’il comprend ce que je ne comprends pas, 
ce sera plus facile de vouloir ensemble comme deux êtres vivant 
pleinement leur vouloir, chacun pourra exister pour l’autre sans 
disparaître et à ce rythme au contraire on sera porté sur l’être et quand 
il piétinera de ne plus être on le relèvera avec de plus en plus d’être qui 
voudra de moins en moins contenir ce qu’il veut pour de vrai car celui-
ci apprendra à devenir avec cet autre pour cette fois le regarder, ce n’est 
plus un problème
IL N’Y A PAS MIEUX
Il n’y a pas mieux, je me dis, pas mieux que toi, dans ce que tu fais, 
pourtant je ne te connais pas, je n’ai aucune idée de ce que tu te dis, 
peut-être tu ne te dis rien de ce que je me dis, peut-être que c’est normal 
pour toi, peut-être tu te dis même, qu’on peut faire mieux, voir qu’on fait 
mieux, ailleurs, je ne sais pas, en tout cas, je sais qu’ailleurs, il n’y a 
personne, car ailleurs, on ne sait jamais et si je crois qu’il y a quelqu’un, 
ce n’est que moi qui me voit en un moi qui voit tout ce qui se fait de 
mieux, un grand moi qui se revoit quand il était un petit moi, qu’on a 
voulu grandir, parce que la grandeur dépassait ces autres moi dans ce 
qu’ils avaient de trop ou de moins, ce qui les poussait à me repousser 
jusqu’à ce que moi je les repousse pour grandir par moi-même, alors                
il n’y a pas mieux, je me dis, pas mieux que moi, dans ce que je fais,             
car ce que je fais n’est pas ce que tu fais, c’est facile à dire, pourquoi 
ce que tu fais est ce que j’aimerais faire,
pourquoi je n’aimerais pas faire ce que tu n’as pas fait, je me connais 
pourtant, j’ai bien une idée de ce que je me dis, peut-être tu n’es rien 
d’autre que cet autre que je n’ai jamais voulu être mais que je suis 
devenu, faute de moi, peut-être que c’est normal pour moi, peut-être             
je me dis même qu’on ne peut pas faire mieux voir qu’on fait bien mieux, 
ici, je ne sais pas, en tout cas, je sais qu’ici, il n’y a que moi, car ici, on 
sait toujours, et si je crois qu’il y a un autre, ce n’est que toi qui me voit 
en un moi qui voit encore mieux que ce qui se fait de mieux, un petit 
moi qui se revoit déjà avoir été un grand moi, qu’on a voulu diminuer, 
parce que ces autres moi ne dépassaient pas la grandeur dans ce 
qu’elle avait d’indépassable, ce qui la poussait à me pousser jusqu’à ce 
que moi je la repousse pour me grandir moi-même
 
 TRANSGRESSION
il voulait transgresser le pouvoir de sa graisse qui le transportait 
lentement comme chaque pas qu’on reporte pour asseoir une paresse, 
c’est pour ça qu’il voulait grandir son paraître et snober l’authenticité 
trompeuse de cette graisse ou plutôt faire apparaître l’endurance de 
son origine tout en épurant son corps, il voulait transformer sa pensée par 
l’abolition des questions et des réponses car ni l’un ni l’autre ne pouvait 
pas nier le chemin qui chemine dans le pas même surtout quand ça 
glisse,  parce que c’est là qu’il voulait transgresser la loi du sol qui 
l’engraisse avec son goût pour la paresse en arrêtant de vouloir, il avait 
alors   décidé de voir, de voir à l’extérieur de lui car à l’intérieur on veut 
toujours croire à ce qui empêche le pas et dépêche la paresse qui 
dissimule sans dire la détresse au lieu de rencontrer son désirant en 
train de désirer autre chose que ce qui devait absolument le désirer               
car dans ce k ce sera toujours la déception d’un k venu pour analyser 
le manque jusqu’à l’anesthésier, histoire de rester dans l’histoire,                      
une histoire qui manque le présent à venir pour désirer son désir absent,                                    
il racontait alors comment régresser l’amenait cette fois à engraisser              
la transgression de son pouvoir qui le transportait rapidement comme 
chaque pas qu’on porte pour grandir une paresse, c’est pour ça qu’il              
ne paraissait plus mais transgressait dans l’apparition, faisant 
apparaître l’origine de son endurance tout en incorporant son épurant, 
il pensait l’abolition par la transformation des réponses en questions