1

Nunc n° 33 : sur Joë Bousquet

La dernière livraison de la revue NUNC, intitulée en son 33ème numéro "revue vivante", est dédiée à la mémoire d'Angelo Giuseppe Roncalli et de Karol Jozef Wojtyla, c'est à dire aux papes Jean XIII et Jean-Paul II.

Que notre époque puisse encore reconnaitre des saints, et ajouter à la Légende Dorée, voilà ce à quoi rendent hommage les animateurs de NUNC.

Il faut dire que les médias français nous polluent chaque jour avec des faits divers, instruisant nos esprits par des réquisitoires anxiogènes et destructeurs, et que pendant ce temps les chrétiens se font massacrer en Irak tandis que l'on accepte que des adorateurs de la pierre noire brisent des statues de la Vierge Marie dans un silence oublieux.

Les médias français, représentés par les hauts représentants de l'état, n'acceptent ni les opinions chrétiennes ni les antidémocrates musulmans. Dès lors comment traiter la poussée meurtrière et  conquérante verte contre les chrétiens qui ne méritent que le mépris de la part des consciences laïcistes ? Eh bien en imposant un flux tendu de focus sur des faits divers.

Ceci est un héritage, un héritage récent, malaxant la mémoire courte des individus de ce temps et masquant l'héritage ancien qui a constitué un absolu pour notre civilisation.

Lorsque le pape François se déplace à Séoul, 1 million de chrétiens se déplacent pour le voir. On voudrait nous faire croire que le christianisme, de par le monde, est en reflux ; qu'il n'intéresse plus personne et n'a plus de part active dans la conscience et le cœur des contemporains.

Propagande. Manipulation. Lavage de cerveau. Nous sommes bien dans un vaste régime totalitaire travaillant à la dé-spiritualisation de l'humain.

D'aucun diront que le Vatican fait un coup de com' en produisant des saints, que le peuple chrétien, désemparé, a bien besoin d'un renouvèlement et de nouveaux modèles.

Certes, certes, nous pouvons le voir ainsi.

Mais enfin ce sont deux papes, deux hommes ayant fait exemple au cours de leur vie, deux êtres admirés par la communauté chrétienne, quand on remet la légion d'honneur à l'obscur libraire ayant prétendument apporté la culture dans une région tellement peu développée qu'elle connait le plus fort taux d'obtention au baccalauréat. Hum...

NUNC, revue vivante, donc.

Ce 33ème numéro est consacré au poète Joë Bousquet. Un large dossier dirigé par Hubert C. et Jean Gabriel Cosculluela. Tous les poètes connaissent la vie et l'œuvre de Joë Bousquet. Mais tout le monde en a-t-il entendu parler ? Le doute étant de mise, ce dossier lui étant consacré relève d'une importance majeure.

Bousquet, mobilisé en 14-18, est touché par une balle allemande à la colonne vertébrale. Il se retrouve paralysé, perdant l'usage de ses membres inférieurs, à vie. Il a 21 ans.

Son univers deviendra sa chambre aux volets définitivement fermés, son lit, les livres et les visites qu'il va recevoir de toutes part. C'est là qu'il va élaborer son œuvre géniale.

Les signatures de ce dossier spécial disent l'éminence du poète : Michel Surya étudiant l'érotique de la langue de Bousquet ; Jean-Luc Nancy, le comédien Denis Lavant, Françoise Bonardel se plongeant dans la correspondance entre Bousquet et Simone Weil (la philosophe) ; Bernard Noël fasciné par la chambre légendaire du poète ; Edith de la Héronnière se concentrant sur "la nuit à Carcassone", mais aussi Jean-Pierre Téboul, Paul Giro, Christine Michel, Adriano Marchetti, Olivier Houbert, Alain Freixe, Yolande Lamarain, ainsi que des inédits de Joë Bousquet lui-même, bref, un dossier substantiel définissant l'apport du regard de Joë Bousquet à la langue, à la conscience, à la vision poétique. Bravo NUNC, revue vivante, donc.

Plus loin, nous trouverons des poèmes, dans la partie Shekhina, de Bernard Grasset, puis de trois poètes grecs : Olga Votsi, Jeanne Tsatsos et Yorgos Thèmelis, traduits par le même Bernard Grasset.

Puis un cahier consacré à deux poètes polonaises contemporaines : Ewa Lipska et Krzysztof Siwczyk, introduit et traduit par Isabelle Macor-Filarska.

Un superbe numéro, faisant date, témoignage d'un travail de résistance dans la grande collaboration généralisée.