1

Passage en revues

IntranQu’îllité, la revue mise en œuvre par James Noël, qui a son port d’attache en Haïti, se présente comme « revue littéraire et artistique », et ne dédaigne pas la poésie, bien au contraire. James Noël donne un éditorial tout en foi en l’art et en l’action de ce dernier sur le concret du monde. Le maître d’œuvre de la revue écrit : « Portée par le chaos, la revue fraie son chemin, dans le flou de l’heure. Et nous, nous assurons pour la forme, le dosage d’un imaginaire en overdose ». Puis : Nous avons opté, façon boîte noire, pour un outil qui capte des vibrations, avec une périodicité annuelle. Produire des rêves, fixer des vertiges une fois l’an, n’est-ce pas une façon écologique de (se) penser sans polluer le ciel mental, sans brûler la nuit en soi ? ». Tout lecteur un peu habitué de Recours au Poème comprendra aisément que nous nous reconnaissions dans ce programme. L’architecture d’ IntranQu’îllité fonctionne par thèmes successifs. Ainsi, en ce second opus :

8 textes autour de « Jorge Luis Borges, l’œil du maître », forment « l’épicentre » de ce numéro. James Noël et sa complice Pascale Monnin ont sollicité des écrivains, des plasticiens et des photographes passionnés par l’œuvre du maître ici choisi, Borges. Ce sont des voix diverses et engagées, globalement très à gauche : Chao, Ramonet ou Depestre par exemple. On lira aussi les tons d’écrivains tels que Hubert Haddad, Christian Garcin ou Dany Laferrière. La revue met le curseur haut.

IntranQu’îllité s’intéresse ensuite au « Che comme métaphore ». Chaque écrivain appelé à contribuer à cette partie s’est vu demandé de raconter sa rencontre avec le Che par « le prisme de la littérature ». Cela donne un ensemble de très belle facture dans lequel on peut lire des textes de Francis Combes, Ernest Pépin ou Yahia Belaskri, entre autres. Le dossier se termine par un entretien avec Ramiro Guevara.

Troisième morceau d’architecture : « Tous les vents du monde », orchestré par Valérie Marin La Meslée, « Bons vents vivants de tous les mondes en un seul, magnifiquement épars ». On trouve trois poèmes d’Adonis, poète que nous considérons ici comme l’un des grands poètes des profondeurs vivant, des textes de Diamanka, Pierre-Marc de Biasi ou Arthur H.

Vient ensuite la partie qui a priori concerne le plus Recours au Poème : « De la poésie avant toute chose ». On ne saura mieux dire, autant en ce qui concerne l’ordre des priorités que le réel de l’origine de la vie. La poésie est ce qui est venu en premier. Et son chant est une quête perpétuelle et cyclique d’un retour constructif de et vers l’Origine. C’est ce que nous pensons ici. Accompagnés de belles photographies et/ou reproductions d’art, on lira des poèmes de Fabian Charles,  Enna Saplum, Henri Poncet, Alex Laguerre, Paul Wamo, Cécile Desmaisons, Gilbert Bourson, Martine Salmon, Madeleine Monette, Massimo Saidel, Eliphen Jean, Michel Vézina, Arnaud Delcorte, Antoine-Hubert Louis, Felwine Sarr, Franz Benjamin, Bernard Noël, Nadol’s, Anne Mulpas, Charles Dobzynski, James Noël, Jacques Taurand et Paul Harry Laurent. Le choix est à la fois diversifié et de qualité.

Ce second numéro d’IntranQu’îllité se prolonge le temps de trois autres fortes rubriques : Coq à l’âne, Villa Médicis, Retours en aller simple.

A lire.

 

revue IntranQu’îllité n°2, mai 2013

Directeur/ Maître d’oeuvre : James Noël

La revue est annuelle

Contact : passagersdesvents@gmail.com

 

N4728 propose ici sa 24e livraison, et s’affirme une fois de plus comme l’une des très belles revues de poésie du paysage littéraire français. C’est du reste plus qu’une revue, un laboratoire de travail et de recherche, aspect accentué en cet opus par la création d’une nouvelle rubrique pensant la poésie : Sentiers. Le comité pose une question à plusieurs poètes, ici : Lire la poésie contemporaine ? On trouvera des réponses de Bourg, Deyrolle, Emaz, Gellé, Jouan, Vogels et un entretien avec Florence Trocmé, animatrice du site Poezibao. Nous aimons bien cet espace et en faisons régulièrement la « promotion » dans Recours au Poème, y compris sur les réseaux sociaux. Sentiers offre un ban d’essai convaincant qui donne envie de lire la suite, avec des voix diverses (ce qui est annoncé d’ailleurs par le directeur de la publication).

Du côté des poèmes, le sommaire est très riche. On lira, entre autres, les forts poèmes ou textes de Dugardin, Baumier, Dudouit, Girard, Le Lepvrier, Le Penven, Hanea, Peigné, Torlini… Des voix diverses qui rendent comptent en partie de ce qui s’écrit maintenant.

Ce numéro commence, comme à l’habitude de N4728, par la mise en avant de trois voix singulières et reconnues : Ludovic Degroote, Jacques Ancet et Dominique Dou.

L’ensemble forme un numéro qu’il convient de se procurer. Ceux qui ne connaissent pas encore N4728 et qui aiment la poésie feraient bien d’aller faire un tour du côté de ses pages.

 

revue N4728, numéro 24, juin 2013.

Direction : Christian Vogels

Comité : Antoine Emaz, Albane Gellé, Alain Girard-Daudon, Yves Jouan, Christian Vogels.

Contact : n4728@zythumz.fr

Le numéro : 12 euros

 

 

La revue Bâtarde, en son second numéro, s’attaque au bonheur. C’est pourquoi sa couverture s’orne de la photo d’un skieur « heureux », accroché à la barre d’un remonte-pente. Une image à la Philippe Muray, celle d’un homo festivus contemporain. L’équipe (clandestine) de Bâtarde ne manque ni d’humour ni de cynisme, un tantinet situationniste même, cette belle revue, tant en ce qui concerne son contenu que sa forme ou son fond artistique. Du papier aux œuvres d’art en passant par les textes et les photos. Elle tient son quartier général et son comité central en Belgique, probablement du côté de Bruxelles.

Ici l’on dit que « le dialogue entre usagers conscients du monde examine de près les possibles infrastructures du bonheur et de son oppression à l’échelle intime tout autant qu’à l’échelle sociologique » et que « Pierrot rit à pleines dents, dents jaunes ». Nous sommes en complet accord avec cette critique du monde contemporain, que l’on retrouve par ailleurs, du côté du théâtre, dans les travaux en cours d’un dramaturge comme Falk Richter. On retrouve le côté prolongements d’un certain situationnisme dans l’organisation des pages de la revue : les auteurs conviés sont listés au début, avec indication des pages où on peut les lire, et ensuite les textes ne font pas apparaître de nom d’auteur. Cela donne une forte unité à l’ensemble, faisant ressortir d’ailleurs l’intelligence du travail des acteurs de la revue. On lira ou on découvrira les œuvres plastiques de Blondeau, Dejaeger, Ergo, Gosselin, Jacobs, Dreszniak, Pennequin, Baumier, Tholomé, Nisse… Et bien d’autres. Cette revue n’est pas de celles qui cumulent des textes sans pensée, c’est une vraie revue littéraire, et donc politique. Il y a quelque chose d’un regain de l’avant-garde dans ses pages. A se procurer absolument.

 

revue Bâtarde, numéro 2, juin 2013

apériodique

contact : contact@indekeuken.org

www.indekeuken.org