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Passage en revues. Autour de : Berlin Quarterly (1), Inuits dans la Jungle (5), Revue Alsacienne de Littérature (120), A l’Index (25), Contre-Allées (33–34).

Passage en revues
 

Autour de : Berlin Quarterly (1), Inuits dans la Jungle (5), Revue Alsacienne de Littérature (120), A l’Index (25), Contre-Allées (33-34).

 

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C’est une très belle revue que cette Berlin Quarterly nouvellement née du coté de Berlin, revue matériellement et physiquement fabriquée à l’anglo-saxonne. Et cela commence par une « Letter from the publisher » : « The starting point for this first issue of Berlin Quarterly is Belgrade, a city until recently very much on the fringes of Europe. A some of those we met on the streets of the Serbian capital pointed out when we asked them if they were looking forward to joining the Union, today’s Europe is hardly in fine fettle –neither economically nor politically. Behind the continent’s elite, a raft of other EU members are struggling to catch up, and are suffering the growing pains of adapting to a new political and economic union. At the same time, they are confronted by the rapid pace of globalization, and the mixed fortunes that this can bring. » Une des grandes richesses de cette revue à connotation littéraire est justement de n’être pas exclusivement littéraire, mais bien au contraire de maintenir la littérature en dedans de la vraie vie, ou bien la vraie vie en dedans de la littérature. Les pages commencent ainsi par un reportage photographique exceptionnel sur Belgrade. Les photos sont de Guido Gazzilli, le texte signé par Cesare Alemanni, rédacteur en chef de Berlin Quarterly. Ceux qui connaissent Belgrade ne seront pas dépaysés par la tristesse inhérente aux photos ; ceux qui ont des amis vivant à Belgrade comprendront mieux le ton de leur voix. Suivent des essais (par exemple sur le passage de la galaxie Gutenberg aux tablettes) des fictions (Jim Shepard), des œuvres d’art, un entretien avec Edwin Frank et bien d’autres choses, ainsi des poèmes d’Ujana Wolf et une nouvelle de Marija Knezevic, écrivain et poète membre de notre équipe que l’on peut aussi lire dans nos pages. Une superbe revue.

 

Berlin Quarterly. European Review of Culture, issue 1, automne 2013.
Cycling Bear Publishing GmbH.
Scwedter Str. 34 b. 10435 Berlin. Allemagne.
Direction : James Guerin et Cesare Alemanni.
www.berlinquarterly.com
15 euros

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Le numéro 5 d’Inuits dans la Jungle s’ouvre sur une série de poèmes de John Kinsella, traduits et présentés par Xavier Pons. Kinsella, poète australien, est l’auteur d’une œuvre considérable, au sein de laquelle la poésie tient une place très importante. Sa poésie lui ressemble, à la fois ancrée dans la ruralité de l’immensité australienne et dans la mondialité vécue par cet écrivain cosmopolite. Un ensemble très fort : « L’obscurité fait retour », écrit le poète. La revue offre ensuite un très beau dossier consacré à « 7 poètes italiens d’aujourd’hui », dossier concocté par Jean Portante, dans lequel on lira Antonella Anedda, Carlo Bordini, Luigi Cannillo, Andrea Inglese, Rosario Lo Russo, Valerio Magrelli et Elisa Biagini. De cette dernière, on peut déjà lire quelques textes dans les pages de Recours au Poème. L’ensemble est de haute facture, tout comme les pages offertes par Jacques Darras au grand, à l’immense Ezra Pound : trente pages de textes traduits par Darras qui légitiment à elles-seules l’acquisition d’Inuits dans la Jungle. Mais pas seulement. Outre Kinsella et les poètes de la péninsule, outre Pound, la revue propose des textes de Piedad Bonnett (Colombie), Denise Riley (Angleterre) et un cahier de création avec des poèmes de Christian Bernard et Gérard Cartier, ce dernier que l’on retrouvera bientôt dans nos pages. Un fort beau numéro de cette très belle revue poétique.   

 

Inuits dans la Jungle, numéro 5, hiver 2014.
Rédaction : Jacques Darras, Jean Portante, Jean-Yves Reuzeau.
Revue éditée par Le Castor Astral.
www.castorastral.com
Le numéro 12 euros. Abonnement pour trois numéros : 30 euros.

 

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Le plus récent numéro de la Revue Alsacienne de Littérature s’intéresse à « L’invisible ». Voilà qui ne peut qu’attirer notre troisième œil, et donner envie d’aller voir ce qui se cache derrière le voile de la couverture… bleue ciel. D’autant que la RaL affiche le bel âge de trente ans. Ici, tout est symbole, pas de doute là-dessus. Le thème propose des textes nombreux et aux optiques diverses : Jacques Goorma (un texte et des poèmes), Alain Fabre-Catalan, Fabrice Farre, Alain Helissen, Karl-Heinz Kluge, Sylvie Le Scouarnec, Anne-Marie Soulier, Emma Guntz, Kza Han, Michèle Finck, Eva-Maria Berg, Yves-Jacques Bouin, Germain Roesz, Jean-Pierre Verheggen, Jean-Paul Gunsett, Françoise Urban-Menninger, Jean-Claude Walter, Maryse Staiber, Laurent Bayard,Martine Blanché, Taja Kramberger, Aline Martin, Gerda Mucker-Frimmel, Sylvie Durbec, Muriel Stuckel et Claudine Bohi. Cette simple énumération montre aisément la richesse et l’ampleur de cette recherche de l’invisible. Ainsi,

Sylvie Durbec :

 

« Etoile filante
cette nuit
dans la fenêtre ouverte
Et alors ?
Rien. »

 

Jacques Goorma :

 

« Si le regard se retournait vers lui-même, comme pour aller boire à la source de tout ce qui apparaît, que verrait-il ? Rien. Car la lumière ne peut se voir elle-même ».

 

Peu après, Alain Fabre-Catalan donne un appel « Pour une poétique de l’invisible ». Et Claudine Bohi, plus loin, pose que « le monde parfois / ne recommence pas ».

Un fort et intéressant dossier thématique.

Comme à son habitude, la Revue Alsacienne de Littérature propose ensuite des Voix multiples de poètes et des chroniques. Rappelons que nombre de textes sont ici édités de façon bilingue.

 

 

Revue Alsacienne de Littérature, n° 120, 2e semestre 2013.
Rédaction : Maryse Staiber, Jacques Goorma, Paul Schwartz, Anne-Marie Soulier, Laurent Bayard, Alain Fabre-Catalan, Gaston Jung, Marie-Thérèse Wackenheim, Jean-Claude Walter, Patrick Werly.
Les Amis de la Revue Alsacienne de Littérature. BP 30210 67005 Strasbourg.
ral@noos.fr
Site de la revue
  Le numéro 22 euros
Abonnement annuel 40 euros

 

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Il est toujours agréable de voir arriver les sommaires et, ici, le physique de la revue A l’Index dirigée par Jean-Claude Tardif, beau papier, jeu sur les rouges, les noirs et les beiges. Et cette spirale de couverture, tant aborigène que Nombre d’or du Grand Jeu. Ses pages sont toujours aussi riches, en ce numéro illustré par Jacques Basse (grand militant s’il en est de la poésie). Et douze pages de notes de lectures signées Jean-Marc Couvé, Michel Cossec et Gérard Paris. Le sommaire est fort intéressant. On peut y lire un très beau texte de Henri Bauchau (suivi d’un essai sur Bauchau signé Werner Lambersy), La poésie, art premier : « l’art dont tous les autres sont sortis ». En écho de cette conception de la poésie, celle du chant des origines, plusieurs poètes dont Gwen Garnier-Duguy (poèmes alchimiques dédiés à l’alchimiste Elie-Charles Flamand), Roberto San Geroteo,  Thibault Forestier ou deux « mystes » de Matthieu Baumier. Bien d’autres choses essentielles dans ces pages, par exemple les poèmes de Giacomo Cerrai traduits par Raymond Farina ou ceux de Patricia Catex Menier, chantant depuis Homère jusqu’aux crimes du siècle passé. Ici, « On entend que tout se tait ». Un numéro passionnant, au ton très ancré dans la quête intérieure, effleurant souvent le poème comme chant sacré venant de fort loin.    

 

 

À l’Index, numéro 25
Direction : Jean-Claude Tardif
Association « Le Livre à Dire ». Jean-Claude Tardif. 11 rue du Stade. 76133 Epouville.
Site de la revue
revue.alindex@free.fr
Le numéro 15 euros.
Abonnement deux numéros : 25 euros

 

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Contre-Allées est peu à peu devenue une revue annuelle, pour diverses raisons. Ses sommaires n’en rendent pas moins compte de ce qui s’écrit aujourd’hui, en poésie, en France. On lira donc ici une mise en lumière de la poésie de Werner Lambersy, sur près de 25 pages. C’est l’ouverture, le poète mis en avant. Puis, bien des voix que l’on retrouve avec plaisir ici et là, tant dans les pages de revues que dans celles de recueils : Laurent Albarracin, Stéphane Bouquet, Gérard Titus-Carmel, Marie de Quatrebarbes, Christiane Veschambre ou Laura Vasquez par exemple. Des voix plus récentes aussi, comme Victor Dauzon. Ce sont des voix diverses et la revue répond à son sous-titre « programme » : revue de poésie contemporaine. On entend ici la richesse du divers. Et l’on pense la poésie aussi ou le rapport à la poésie, sous la houlette de Cécile Glasman et Matthieu Gosztola, posant une « question croisée » et proposant des réponses de Ludovic Degroote, Marie Huot, Sophie G. Lucas, Philippe Païni, Pascal Commère, Armèle Leclercq, Camille Loivier.

 

Contre-Allées, numéro double 33/34.
Direction : Amandine Marembert et Romain Fustier
16 rue Mizault. 03100 Montluçon.
contre-allees@wanadoo.fr
Le numéro 10 euros.
Abonnement deux numéros doubles : 16 euros.