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Passage en revues : The Black Herald, Traversées, Les Cahiers de la rue Ventura et l’intranquille

 

Franchement, pour qui ne vit pas uniquement dans le riquiqui et prétentieux espace poétique hexagonal, lequel fait souvent pitié vu d’ailleurs, que l’on pense à l’immensité de la richesse des milieux poétiques d’Amérique du Nord par exemple, en particulier ces Etats-Unis si vite et si bêtement décriés par ici, oui, dès que l’on revient d’ailleurs cela fait un bien fou de croiser une revue (et son éditeur) telle que The Black Herald, une revue à la faconde toute anglo-saxonne justement ; tant en ce qui concerne son physique, résolument « américain » et « presse » (un noir et blanc de toute beauté) que son contenu, ou encore son fonctionnement (un submission guidelines). On souffle un grand coup et cela dépayse des petites mimiques locales. La France, quand même, cela vous a, en terres de poésie, un petit côté provincial dont le charme s’est estompé depuis longtemps, sauf pour qui ne met pas vraiment les pieds dehors.

The Black Herald est une revue littéraire, pas uniquement consacrée à la poésie, mais les poèmes sont ici à l’honneur, ses animateurs étant eux-mêmes poètes. Les textes sont publiés en français et en anglais, en français ou en anglais, cela dépend. Au sommaire de ce numéro 3, plein de belles et fortes choses : des poèmes de Gregory Corso, traduits par Blandine Longre, superbes poèmes suivis d’un volontariste « Pour une réévaluation de Gregory Corso : poète » par Kirby Olson, Calaferte, Vallejo, Sébastien Doubinsky, croisé autrefois du côté du journal Place aux Sens, un superbe poème de Blandine Longre en anglais, Joyce, Stramm, le très beau poème de Paul Stubbs [L’énigme du corps de Dieu (résolue ?) ], Paul B. Roth, Michel Gerbal, Dominique Quélen, Nathalie Riera, Mylène Catel, et bien d’autres dont… W. S Graham dont on ne peut que chaudement recommander le recueil récemment paru chez le même éditeur.

  

 The Black Herald, n° 3 (daté « septembre 2012 » mais le numéro 4 est annoncé sous peu et déjà présenté sur le site de l’éditeur).
Dirigée par Paul Stubbs et Blandine Longre
Revue publiée par les éditions Black Herald Press
Chaque numéro : 15 euros.
Mail de l’éditeur : blackherladpress@gmail.com
Site : http://blackheraldpress.wordpress.com/

 

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La revue belge Traversées fête ses vingt ans. Une durée de vie remarquable par les temps qui courent, et une volonté indiscutable de défendre la littérature en général (récits, nouvelles) et la poésie en particulier, tout au long de sa centaine de pages. Vingt ans… et un numéro 69 dont le dossier est consacré au poète Lambert Schlechter. Après un éditorial tout en enthousiasme signé Patrice Breno, la revue propose des textes (proses et poèmes) de Schlechter accompagnés d’essais ou de poèmes signés Véronique Daine et Paul Mathieu. Une utile bibliographie du poète suit. Un beau dossier entre amis, mais la poésie est aussi lieu de fraternité ou elle n’est pas. A ne pas confondre avec le copinage. Ensuite, au rayon poésie, on lira des textes de Ben Arès, Max Alhau, Karim Cornali, Gilles Bizien, Aymeric Brun, Samuel Dudouit, Claude Miseur, Jacques Ceaux, Rita El Khayat présenté par Rome Deguergue, et d’autres. Il faut saluer le travail d’une revue dans laquelle nombre de jeunes poètes ou auteurs de nouvelles ont commencé à publier au long des vingt années écoulées, avant souvent de s’évader vers d’autres cieux. Une revue qui permet des découvertes, motive sans aucun doute la jeunesse en quête d’écriture (je pense à Karim Cornali) et finalement défend un noyau poétique d’auteurs que l’on retrouve de loin en loin. A découvrir pour ceux qui ne la connaissent pas.

 

Traversées, n° 69, septembre 2013.
Dirigée par Patrice Breno, Marie-Line Schneider, Nadine Doyen, Paul Mathieu, Serge Maisonnier et Véronique Daine.
Chaque numéro : 7 euros.
Abonnement/ 4 numéros : 22 euros.
Adresse : Faubourg d’Arival, 43, à 6760 Virton (Belgique).
Mail : traversees@hotmail.com
Site : http://traversees.wordpress.com/

 

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Claude Cailleau a fondé Les Cahiers de la rue Ventura en 2008, un premier numéro dont il écrivit alors tous les textes. Ce numéro 1 était consacré à Julien Gracq (biographie, évocation des échanges entre Gracq et Cailleau et d ‘autres choses…). Le directeur de cette revue est à la fois un passionné, depuis toujours, des littératures et un écrivain. Suite à ce premier numéro, la revue s’enrichit de nombre de contributeurs amis (créez une revue, vous verrez, et le téléphone/mail se met à sonner / résonner en permanence, avec parfois de drôles de réapparitions amicales). Chaque numéro des Cahiers de la rue Ventura propose un dossier (Marcel Arland, La poésie, Pierre Reverdy, Serge Wellens, Lavaur et la revue Traces, Après que les poètes ont disparu…), des textes poétiques et des notes de lecture. Ce numéro 21 est consacré à « Tarn en poésie » et Hélène Dorion. Suivent des textes de nombreux poètes dont Gilles Lades, Bruno Thomas (profitons en pour annoncer un prochain recueil à paraître au Nouvel Athanor, préfacé par Matthieu Baumier), Guénane, Jean-Michel Jouan, François Magne… ainsi que des morceaux inclassables signés Marc Bernelas et, entre autres, la chronique de Jean-Marie Alfroy.

 

Les Cahiers de la rue Ventura, n° 21.
Dirigée par Claude Cailleau.
Le numéro : 6 euros.
Abonnement/4 numéros : 22 euros.
Adresse : Les Amis de la rue Ventura. 9 rue Lino Ventura. 72300 Sable-Sur-Sarthe.
Mail : cl.cailleau @free.fr
Site : http://clcailleau.unblog.fr

 

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Deuxième année d’existence pour cette revue au beau papier, éditée au format grand et large cahier, un peu à l’image de Passages d’encre. La revue l’intranquille prolonge ou précède le travail de l’Atelier de l’agneau éditeur, maison d’édition à l’identité poétique marquée, et ceci volontairement. On trouvera dans cette livraison des poèmes superbes de Wai-Lim Yip (traduits par Nadine Salafa), et la présentation de deux poètes amérindiennes (Diane Glancy et Layli Long Solo) par Béatrice Machet, laquelle poursuit son patient travail de défense et illustration des littératures amérindiennes, ici comme dans les pages de Recours au Poème. Une ténacité et une passion à saluer. Vient ensuite une partie « poèmes » donnant à lire le travail à la fois étonnant et passionnant de Vannina Maestri, Jacques Sivan, Olivier Domerg, Sandrine Lehagre, Virginie Poitrasson, Dominique Birkano, Philippe di Meo. D’une certaine façon, l’Atelier de l’agneau est une famille poétique. A remarquer, comme nous le faisions lors de la parution du numéro 3 de la revue, la poursuite du dossier consacré à la poésie iranienne postmoderne, sous la houlette de Iraj Valipour. Ce dossier est à lire absolument, on y découvrira les textes de Maryam Fathi, Râzieh Bahrami et Sârâ Mohammedi Ardehâli. Ensuite, la partie « pauvretés » propose des travaux signés Clemens, Pennequin, Tristan Félix ou Helissen, parmi d’autres. L’ensemble étant complété par des notes critiques et une partie consacrée à l’histoire littéraire et aux journaux intimes. L’intranquille s’installe incontestablement dans le paysage poétique français.

 

l’intranquille, revue de littérature, n°4.
Publiée par l’Atelier de l’agneau éditeur.
Dirigée par F. Favretto.
Semestrielle.
Le numéro : 14 euros
Abonnement/2 numéros : 25 euros.
Adresse : 1 Moulin de la Couronne. 33 220 St Quentin de Caplong.
Site : http://atelierdelagneau.com/