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Patrick Amstutz, Déprendre soi

Et le galop de ton cheval
plus fort que la forêt de branches
martèle d’amour
le sommeil de nos vies

Une poésie qui parle d’amour et d’Amour, de fraternité et de sororité, une poésie qui en appelle aux liens qui unissent les hommes à l’Homme, d’où qu’ils soient, au travers de tous les mythes entremêlés. Fluide et simple, une poésie forte détachée de toute forme de scorie. Amstutz va droit à l’essentiel, ce sans quoi il est rarement de poésie.

Hélène N’Diémé

Sur un air grave et malinké,
tu appelles au lion disparu,
mais qui rugit dans ta mémoire :

tu veux le taureau mugissant
dans la salive de tes cuisses ;

tu offres ta très longue tresse
aux serres de l’aigle surgi du ciel.

D’un thrène tu effaces
l’infinitif de ton présent :

tu t’en remets au crépuscule
des souvenirs dépendus.

Amstutz dit la nécessité absolue de la déprise, de se déprendre de soi pour mieux être soi. Une poésie du détachement car une poésie détachée de soi, de l’ego.

Que la vie vraie me joigne
à la déprise de moi.

Il vient de loin, le poète Patrick Amstutz. Il nous parle depuis la nature, tant extérieure qu’intérieure. Celle de l’homme et celle du monde. Liées.

Nue toute amour
dans le lait du désir,
femelle tu mêles le mâle
en toi dansant sa mue.

Ainsi parlons-nous aussi
à l’étoile qui luit.

Une poésie qui sait que l’homme de l’intérieur ne voit pas le tout de la vie en laquelle il existe, pas le tout qui est. Plane alors d’une certaine manière la figure du christ.