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Permanences

 

extrait

 

Persistance de la mémoire
je coexiste avec moi-même ; avec
ces flux d’histoires hyperboliques
qui constituent les traces
de mon présent.
L’homme a regardé
la suie
suintant de son ombre.
Il a fui l’étoile
des réverbères /
comme pour
dissimuler
des souvenirs opaques.
Il s’est effacé,
non
en tant que présence,
mais comme outil
de réfraction.
Transparence 
devenir qui s’oublie.
Tout est
dans ce qui précède –
tout précède
le passé
futurisant.

 

Quand le personnage prend le pas sur l’être,
la démarche n’est qu’apparence,
contrefaisant les vrais pas.
Le promeneur, dans cette ville, traverse.
Il traverse un passé
fait de flaques,
de résonances
il traverse.
Et le mouvement des arbres,
le fléchissement des voix,
c’est cela qu’il traverse.
Et la foule
émiettée par l’orage ;
les désirs
suspendus aux paupières ;
la bousculade
qui va vers quoi ?
il traverse.
Parfois le jour s’égare
dans la nuit. L’ombre
s’étoile
sur le goudron.
Tout est pansé
jusqu’à l’aube.
Jusqu’au retour
des personnages.
Justesse
qui dit la farandole
sur la terre des ancêtres.

 

Au loin, je vois la perspective.
Masse de Sisyphe qui pousse son ombre sur les rochers.
Je vois ce qu’il y a de tendre
dans ce qui est tendu.
Doigts de femme sur des cordes à linge.
Je vois encore les Pythies nous confondre,
les prophètes – émiettés.
Des dogmes s’agitent comme des gnomes.
Je vois les particules danser
sur ce qui nous distord.
La mer, ce flux
qui nous inonde.
Là-bas au loin, d’un autre côté,
je vois l’aveugle
qui nous distance.
La nuit est un jour -/- nous dit-il
pour qui chemine
aux antipodes.