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Perrine Le Querrec, Ruines

C'est une poésie noire, un drame poétique que nous propose Perrine Le Querrec, avec Ruines, publié aux éditions Tinbad. Une poésie dérangeante, fouillant le glauque, le sordide d'une vie de souffrance et de la relation de folie amoureuse et créatrice entre Unica Zürn et Hans Bellmer.

Unica Zürn était une artiste et écrivaine d'origine allemande, née en 1916 et proche des surréalistes français. A partir de 1953, elle entame à Paris une relation destructrice avec le plasticien Hans Bellmer. C'est cette relation, étudiée à partir de leur correspondance, que Perrine Le Querrec intitule Ruines.

Voici ce que dit l'auteure dans sa note d'intention : "J'écris par la voix d'Unica. Je pose des mots, les reprends, les soustraie au regard lorsqu'elle s'enfonce dans l'obscur de la psychose, lorsque les traitements oblitèrent son langage. J'écris concis, portée par la fragilité d'Unica, forcée par le respect de ces personnalités balayées par de trop grands vents." Il ne s'agit donc pas d'une biographie et dans sa postface Manuel Anceau résume très bien cette écriture : "Le Querrec écrit avec les ongles longs de qui laisse pousser au bout de ses doigts cet accent de vérité qu'on voudrait parfois limer, ne pas entendre, mais qu'intraitable notre écrivain fait si souvent crisser sur ce qui est moins une marge qu'un mur".

 

Perrine Le Querrec, Ruines, Tinbad poésie, 2017, 64p, 12€

Perrine Le Querrec, Ruines, Tinbad poésie, 2017, 64p, 12€

La mise en page de cet ouvrage colle parfaitement aux fragilités psychologiques d'Unica, mais aussi sans doute aussi à celle de Hans Bellmer faite de passion perverse et de violence morale. Mais il n'y a ici aucun jugement, juste la volonté d'explorer une folie créatrice entre deux artistes.
C'est le fait de fouiller dans le sordide de cette relation de passion destructrice qui dérange  "Les racines du mal qui / soulèvent Unica, la fendent, !a ruinent." Mais le poète est là aussi pour explorer les abîmes "Chacun a sa lisière, l'abîme au bord du cœur." Aimer à la folie, ce n'est pas qu'un pétale de marguerite, c'est aussi une pierre tombale au Père