1

petites notes d’amertume (2)

 

J’ai souvent payé, chèrement parfois, ma franchise et ma sincérité. J’aurais gagné à faire semblant.

 

Je ne suis pas armée pour le mensonge, cela me rend très vulnérable au quotidien.

Tout ce qui est énoncé prête à conséquences. Il n’y a pas de « paroles en l’air ». Ces paroles malheureuses qui font mouche témoignent, non d’une  maladresse ponctuelle, mais d’un profond manque de considération pour l’interlocuteur.

 

Comment interpréter une attitude désinvolte, sinon comme un déficit chronique  de la capacité d’attention à autrui ?

Je crois plus à la sincérité des actes et du comportement qu’à celle des convictions proclamées et affichées. Les actes ne trichent pas et révèlent l’identité profonde des individus.

 

Ma sympathie va d’emblée à ceux qui sont de plain-pied dans la vie.

Lors d’une première rencontre, pour savoir à qui j’ai à faire, je me fie plus à l’intuition d’un regard qu’aux paroles prononcées. De même le contact d’une simple poignée de main en dit long. Celle de l’engeance des flagorneurs et des hypocrites  est entre toutes reconnaissable.

 

On ressemble souvent à sa voix. Certaines sonnent faux.

On peine à reconnaître sa voix enregistrée. Pourtant elle nous révèle à notre insu.

 

Notre voix change avec nous, dans les différents âges de notre vie. Certaines gagnent en souffle et en présence, prennent de la profondeur comme les êtres qui les portent.

Une vie de mesquinerie donne à certains hommes âgés une étrange voix de fausset.

 

Parmi les voix qui m’insupportent, les criardes et les suraigües. J’avoue  ma réticence à aller vers les personnes qui en sont pourvues.

On m’affirme que la poésie de tel poète que je trouve insignifiante doit être entendue dite et arrangée à plusieurs voix, mais je reste persuadée que si elle ne supporte pas l’épreuve de la lecture en tête à tête, elle n’est qu’une distraction parmi d’autres.

 

Découvrir à la radio la voix de certains écrivains est parfois si décevant que cela m’invite à reconsidérer ma bienveillance première.

Selon le neuropsychiatre et psychanalyste Boris Cyrulnik, l’essentiel d’une conversation passe plus par les signes de l’émotion que par l’information strictement sémantique de la parole. C’est dire si beaucoup font fausse route en accordant tant de place au discours.