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Petites notes d’amertume (3)

L’horreur est humaine, hélas, et ne peut se résumer à quelques erreurs conjoncturelles.

J’essaie de garder à l’esprit que chez tout être peuvent cohabiter le meilleur et le pire.

Pour avoir le dernier mot, coûte que coûte, certains reviennent à la charge, armés de toute leur artillerie rhétorique pour unique connaissance. Est-ce par orgueil qu’ils tiennent à avoir absolument raison, en dépit de tout argument valable ?

La notion de pardon m’est incompréhensible et totalement étrangère. Celle de  vengeance l’est tout autant.

La haine est un lent et puissant poison pour celui qui en use. Elle consume son hôte à petit feu.

S’il m’est impossible de pardonner, je ne demande pas non plus à être pardonnée.

Ma rancune n’implique ni vengeance, ni haine. Mais elle persiste au fond de moi quand l’oubli est impossible, quand la désinvolture et la trahison laissent des traces trop vives.

L’oubli n’existe qu’en surface. Il n’efface pas tout.

Comme si bredouiller quelques mots d’excuses avait le pouvoir de tout effacer par miracle ! Mais certains sont même incapables de ce minimum.

Les blessures se cicatrisent indépendamment du pardon et de la vengeance… ou ne se cicatrisent pas.

Il y a des blessures sans reproche, sans ressentiment ni rancœur, qui laissent silencieusement  leur douleur infinie et irrémédiable au plus profond, leur déchirure invisible, insoupçonnée.

Le pardon me semble à l’origine de bien des comportements les plus ignobles dans nos sociétés à morale judéo-chrétienne. Il exonère d’avance toutes les bassesses et toutes les lâchetés.

Sans le pardon, nous serions obligés de réfléchir avant d’agir, sachant que toute trahison est irrémédiable.

La possibilité du pardon permet toutes les ignominies sans état d’âme.

Pardon et vengeance ne s’opposent nullement. Au contraire, ils forment  les deux principes fondateurs de nos sociétés. C’est pourquoi notre histoire a été si sanguinaire.

Il y a dans le binôme haine / pardon quelque chose d’une relation sadomasochiste et malsaine.