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Petites notes d’amertume (6)

Le malheur peut élever comme il peut détruire.

L’exigence doit avant tout viser soi-même.

Mes plus grands défauts au fil des années sont devenus des qualités, ainsi l’obstination et le manque d’assurance.

La morale dans laquelle j’ai été éduquée implique de ne pas faire à autrui ce que l’on ne voudrait pas qu’on nous fasse. Il serait plus logique et bénéfique de faire à autrui ce qu’on voudrait qu’on nous fasse.

Jusqu’il y a encore une poignée d’années, j’avais l’orgueil de croire ma bonne santé invincible, hors d’atteinte de toute maladie.

Il n’y a aucune fatalité à notre destin, dès lors que nous gardons à l’esprit que d’autres possibles nous appartiennent.

La colère est un antidote efficace  contre  l’aigreur.

La colère est un sursaut de dignité face à la bêtise et à l’injustice. Mais, réaction saine et nécessaire, elle peut aussi tourner à vide sur elle-même.

La colère soulage, mais on ne peut pas lui en demander plus. Si la colère, dans ses éclats vindicatifs, donne force et courage, elle laisse sur sa faim et ne nourrit pas l’esprit. A trop perdurer, elle sonne comme un renoncement, comme une abdication.

La saine colère frôle parfois dangereusement le risque de se muer en vaine colère.  C’est pourquoi elle doit rester un état transitoire. Elle ne peut se substituer à la résistance indispensable qui fonde et scelle notre vie intérieure.

Et si renoncer à la colère était  un premier pas pour entrer en dissidence ?

On n’a jamais rien bâti sur un coup de colère.

La colère jaillit souvent d’une souffrance. Mais trop de colère épuise.

Je supporte mal la proximité de personnes sujettes à des sautes d’humeur et au tempérament coléreux. J’apprécie la tempérance, ce qui n’exclut pas l’enthousiasme, la fougue et  la passion, y compris… l’indignation et la saine colère.

Si je ne dis mot face à des propos qui me blessent et si je n’exprime que rarement ma colère, ce n’est pas toujours par sagesse ou par grandeur d’âme. C’est que par chance je ne trouve pas les mots qui soient à la mesure de la circonstance.

 

A paraître en janvier 2014, préface de  Claire Fourier
(Les Editions Sauvages, collection La pensée Sauvage)