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petites notes d’amertume (8)

En poésie, la simplicité est ce qu’il y a de plus difficile à atteindre.

Ce que je cherche dans la lecture d’un poème ? Le tremblement qui le traverse.

Une œuvre est habitée quand elle est portée par sa nécessité.

Dès les travaux préparatoires et les premiers jets, mon poème s’impose et s’ébauche d’emblée comme un poème, sans passage par la prose.

Lorsque j’entends dire d’un film qu’il est plein de poésie, je crains le pire.

Certains auteurs gagneraient à renoncer à versifier leurs textes qui ne sont au fond que de la prose déguisée en poèmes.

J’ai mis longtemps à me réconcilier avec ce « je » qu’on m’avait à l’école dit si « haïssable ». Sans doute ne le suis-je pas encore tout-à-fait.

A l’origine de cette défiance envers l’emploi du « je », il y a probablement un contresens et une confusion entretenue avec l’égo.

J’écris à la première personne quand je ne peux modestement tirer de généralité de mon expérience.

Peu à peu je suis parvenue du on au nous, puis j’ai enfin  osé  je.

« Merci de confirmer votre présence » : une recommandation nécessaire, tant il est vrai que la mienne passe habituellement inaperçue.

Je me méfie de toute tentative biographique, sauf à admettre qu’elle est forcément erronée et faussée, que tout retour sur le passé est  partiel et partial, voire revisité, réinventé.

Dans la béance entre ce que nous avons objectivement vécu et ce que nous en avons retenu, il y a le sens que nous donnons à notre vie.

Depuis ma naissance, c’est comme si j’avais déjà vécu plusieurs vies successives. C’est sur la dernière que je cale, celle qui aurait dû être la plus accomplie.

Ce que certains nomment leur bonne étoile ou leur ange gardien est seulement l’instinct de survie et la force vitale.

Plus le temps passe, plus je me désencombre et m’allège du poids de l’inutile.

Ce qu’on appelle couramment courage n’est parfois que de l’inconscience.

 

A paraître en janvier 2014, préface de Claire Fourier
(Les Editions Sauvages, collection La Pensée Sauvage)