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Poème pour la présence

 

Pour ne pas oublier
Puis-je me souvenir que justement
Je ne me souviens pas.

Ce n’est que lorsque je reconnais que je ne sais rien
Qu’il m’est donné la possibilité de tout connaître
Car la perception de ma fragilité renforce encore
La conscience qui m’est donnée de l’Infini,
Comme la constatation répétée de mon oubli
Me rappelle sans cesse à la Présence.

Ai-je une autre solution que de voir où se loge le problème ?

Il me faut percevoir le monde voilé de faux
Pour m’ouvrir à la vraie vie,
Et sentir les barreaux de ma prison
Pour réussir mon évasion
Et comprendre qu’en vérité
J’ai toujours été libre.

Seule la claire vision de mon manque
M’offre la possibilité d’être comblé
Car ce n’est encore que lorsque je perçois
Que sans cœur, je suis incapable d’aimer,
Que se révèle à moi le merveilleux Amour !

Seule la perception directe de mon orgueil
Renforce la conscience qui m’est donnée de l’humilité

Seule la perception directe de mon amour-propre
Me révèle la présence impersonnelle de la paix

Je ne peux vivre qu’en voyant ma vanité
Comprendre que « Je suis la voie, la vérité et la vie »,
Qu’en faisant l’expérience de l’impasse
Du mensonge et de la mort.

Car je ne suis pas un homme qui fait l’expérience de la Vie
Mais je suis la Vie qui fait l’expérience d’être un homme.

Lâcher-prise, tout lâcher en lâchant celui qui tient
Voir que je ne suis rien pour sentir que je suis Tout
Contempler l’éphémère pour renaître à l’Éternel.

Ici et maintenant, voilà quelle est ma tâche,
Et le doux labeur de la Béatitude –