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Poesia Revelada, revue nomade

"La Poésie s’est endormie dans les livres, les bibliothèques, les librairies, les universités,... Aujourd’hui si un livre de Poésie se vend ne s’agit-t-il pas d’une sorte de petit miracle !?"

Ce sont les mots qui introduisent la présentation de cette revue, qui souhaite "être une des vitrines de ce que peut devenir la Poésie au-delà des livres, des codifications et autres codificateurs, de certains langages poétiques parfois incompréhensibles, de montrer combien la Poésie se révèle quand elle se marie avec les voix des poètes, des images, des musiques, combien elle redevient alors parole fraîche, libre et conviviale."

Faire vivre, entendre, bouger presque comme le bruit du vent dans les feuilles de tous les arbres que nous sommes un peu, appelés ici à nous réunir, car "Ce blog est ouvert à toutes et à tous, dans toutes les langues... Exprimez-vous..."

Et, il faut le reconnaître, la poésie y est vive, colorée, différente mais  réunie dans toutes les langues, toutes les envergures et tous les genres, dans les fenêtres qui s'affichent sur la page d'accueil. Des videos, des photos, des encres, des peintures, de la musique, proposées avec les poèmes... Une mise en scène, en jeu, en abîme parfois, rien de gratuit, mais un tout cohérent et savamment orchestré.

C'est donc l'hétérogénéité qui cimente, mais pas n'importe laquelle, car parfois ne se crée pas un ensemble signifiant, et l'effet de bric à brac clos tout espoir d'aboutir à une globalité, et à la possibilité de voir cette globalité un jour apparaître. Là c'est au contraire une somme en train de se former de mille petits cailloux de formes et de couleurs différentes. Langues, pays, rencontres de divers vecteurs artistiques, tout se croise et s'enrichit.

Photos : Hervé Hette.

Bribes de conversation(s) minérale(s) avec Kenneth WHITE, https://www.poesiarevelada.com/post/l-âme-de-la-roche

Le format des visuels et la belle taille des caractères typographiques offrent une impression d'espace. La qualité des couleurs et des mises en page renforcent cette sensation d'avoir pénétré quelque part, entre un univers virtuel et un espace dévolu à l'imaginaire, celui du poète, du plasticien, du musicien, mais surtout au nôtre car on est habités autant que nous habitons les pages de Poesia Revalda.

Un poème de  Li BÁI (701-762), Poète chinois, un des plus grands de la dynastie Tang, accompagné d'un Azulejo (carreau de faïence) «Pêcheur des Açores» de Christine De Roo (artiste plasticienne) ; un poème et un dessin de Joseph D., un jeune artiste de 6 ans ; des vidéos internes dans de très belle mises en pages ! 

SUL , LUGAR NENHUM, GRAFONOLA VOADORA & NAPOLEÃO MIRA

 

Et puis cette remarquable mise en page du très beau texte de Marilyne Bertoncini, L'Anneau de Chillida, qu'un enregistrement de la poète dont on connait désormais la voix profonde et expressive agrémente grâce au lieu Soundcloud qui clôt l'ensemble.

L’Anneau de Chillida, publié en 2018 à l’Atelier du Grand Tétras – Voix de Marilyne Bertoncini

Une très très belle revue, donc, qui se consacre à la poésie, juste à la poésie, qui est sa seule et unique rubrique. Des instantanés, des univers, des pays et des langues, autour, dedans, avec. Des rencontres, aussi, et surtout, ce qui est l'essence même de tout poème, le partage, qui cimente une communauté, celle des femmes et des hommes pour qui la transfiguration offerte par le travail des mots permis par le poème réunit. La matière textuelle devient visuelle, sonore, sensible, et le poème est offert à tous, dans le simplicité de ce qu'il est, ce lien d'âme à âme.