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PRIERES Suivi de DIRELLE (extraits)

 

           So I, with bosom-swell,
Make witness here between the good and bad
That Love, as strong as Death, retrieves as well.

Elizabeth Barrett Browning
(Sonnets from the Portuguese)

 

PRIERES

(extraits)

 

C’est en pèlerin
sans espoir
que je monte vers elle :

son énigme
vivante
qui me tente
sans cesse –

Mais jamais le mystère
ne sera
résolu

à portée de la main
sur
l’impossible horizon
de son rire
de joie

 

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Le parfum de ses lèvres est celui de la terre inondée de la grâce, la fragrance des fleurs en échange de ce monde,
Il est le vin de l’Amour dont s’enivre mon âme.

« Qu’elle me baise des baisers de sa bouche ! »

Les étoiles dans le ciel, et les pôles tournoient sur leurs axes tremblants comme le vin de ses lèvres me chavire le cœur.

 

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Elle sort de l’eau –
je sais bien -
comme Déesse des vagues sur les côtes de Chypre :

sur ses hanches mouillées
redorées
de lumière,

toute l’énigme de mer
des baptêmes
nouveaux –

se marie l’âme au corps

et se donne
à l’Esprit
la splendeur                       de la chair
 

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Et dans le coeur
de l’amour -

cette étreinte de glace
où se fige le sang
et expire le mot
qui
se formait juste aux lèvres –

le néant essentiel
où se baigne
la lune :

dans les traînes du soir
qu’obombrent
les sentiers
lumineux de son coeur

 

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Il n’y a pas moindre doute :

Tu es tout l’univers,
et
dans les étoiles lointaines des galaxies
vagabondes,
l’exubérance de la Vie que suscitent tes yeux –

Je dois tourner tout autour
de ton coeur incendié
si tu t’absentes
de mes mains,
de mon corps,
de mon coeur exhaussé
par
la puissance de ton rire…

 

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Les eaux lentes et noires
d’où percent
les lotus ...

N’est-elle pas ce lotus
que l’on tient
à la main,

le lo-
tus tout ouvert
sous les mains adorantes
des déesses
jumelles

dans la nuit qui murmure
du zodiaque
emporté ?
 

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DIRELLE

(extraits)

 

Il ne sert à rien de dire – Et encore beaucoup plus :
on se perd en parlant, on s’exile de soi-même.
Même si c’est nécessaire …

 

  (Poésie : ne serait-ce dès lors la parole qui prétend qu’elle nous dit quelque chose – sans pouvoir rien nous dire : le langage du silence
où s’exprime le silence
de devoir se briser ?)

 

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Une feuille qui balance
et
la croissance de sa tige :

vraie parole de poète.
 

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La Nature est poète – qui se fabrique sans cesse.

Ce qui va advenir en se forçant à monter à la lumière du soleil –

Et qui est toujours féminin