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PURIFICATION

 

Je me dépeuple
La terre est bien noire
Comme si demain n’allait jamais arriver
L’histoire se défait
L’homme se dédit

Je me  dépeuple
Tant de roses fanées
N’en finissent pas de fleurir
Dans l’écume noire de la mer
Demain peut-être

Je me dépeuple au vent bleu de ta bouche
Je me dépeuple dans les courants d’air des saisons
Où se blottissent les mots tremblant de froid
Immergée aux confins de tes pensées
Je me dépeuple au gré de tes silences

Je me dépeuple sur le pourtour de l’univers
Descendant de mon étoile brillant à travers sa nuit
Mon corps s’effiloche en rapsodies blanches
Ma voix se délite au creux de tes yeux de neige

Je me dépeuple au milieu d’un troupeau humain
Où l’infortune d’être née me rend lucide
Mes os translucides égrainent la chanson désaccordée de la mémoire

Je me dépeuple des mirages de la pensée collective
Je me dépeuple de l’étrange besoin d’aimer son prochain

Mon prochain est derrière moi
Ange gardien de mes péchés
Ombre portée de mes pensées

Je me dépeuple de la révolte qui gronde
N’écoutant pas les cris sucrés des insurgés
Privés de leur bonheur acidulé

Je me dépeuple de mes rancoeurs
Et je compte les heures
Je me débats au fond de tes bras

Je me dépeuple de tout mon malheur
Au creux de toi