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Regard sur les poésies de langues allemandes (2)

Dieses Gedicht, eines der ersten von Clemens Eich, hat mich nie mehr losgelassen. Wenige Worte, eindringliche bewegende Bilder erinnern das Vergehen an den Ureinwohnern Amerikas, begangen durch unsere Vorfahren – „bevor es uns gab“. Am Beispiel zweier Menschen, die friedlich zusammen auf Nahrungssuche sein könnten – heute jedoch nur verbunden noch im „Weiß“ der toten Augen des Indianers. Umschlungen wird er vom lyrischen Ich, das verzweifelt zu ihm hält, ihn zugleich erstickt durch fehlgeleitete Hingabe bzw. gewaltsame In-Besitznahme.
Das Ich steht für die Täter, während es darunter leidet, unausweichlich ihr Nachfahre zu sein, am Ende erkennend die Liebe des Ermordeten zu ihm, seinem Bruder. Eine schlimmere Tat, Brudermord, unzählig oft begangen, ist nicht denkbar und auch kaum ein tieferer persönlicher Ausdruck der Trauer und Selbstanklage wie in diesem poetischen Text von Clemens Eich.

          Eva-Maria Berg

Ce poème, un des premiers de Clemens Eich, ne m´a plus quitté, du jour où je l’ai découvert. Peu de mots, des images obsédantes, émouvantes, qui évoquent les crimes commis par nos ancêtres contre les indigènes d’Amérique « bevor es uns gab » (quand nous n´existions pas encore) – comme deux hommes pacifiquement en quête de  nourriture –  qui ne seraient plus reliés aujourd’hui que par le « blanc » des yeux morts de l´Indien ; encerclé, lui-même par le Moi poétique qui désespérément le retient, tout en l´étouffant -  passion mal dirigée, ou  prise de possession violente.
Le moi désigne les coupables ; lui, le narrateur, souffre d´en être, bien involontairement, le descendant, jusqu’à ce qu’il découvre finalement l’amour que l’assassiné lui porte, à lui, son frère. On ne saurait imaginer pire crime, qu’un tel fratricide, souvent commis à une échelle incommensurable, mais rarement aussi a-t-on pu voir une expression aussi profonde du deuil et de l’auto-accusation que celle qui figure dans ce texte poétique de Clemens Eich.

         Eva-Maria Berg

           Traduction Eva-Maria Berg et Brigitte Gyr