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Regard sur les poésies de langues allemandes (3)

“Betrachtet die Fingerspitzen” von Günter Eich hat mir früh schon Lyrik nahe gebracht. Damit zugleich die Infragestellung des Gewohnten durch sprachlich-poetische Konzentration auf einzelne ausdrucksstarke Bilder. Hier stehen sie beispielhaft für scheinbar selbstverständliche Abläufe des täglichen Lebens, die jederzeit ins Wanken geraten können.

Die Post entgegennehmend, das Essen, Nahrung allen Lebens in der Ur-Szene zwischen Mutter und Kind. Demgegenüber Ratlosigkeit angesichts nicht vorhersehbarer Bedrohung, während sich Bequemlichkeit breitmacht und Menschen in Sicherheit wiegt. Und keinerlei Rezept für eine Rettung zu finden ist weder im Text noch zwischen den Zeilen.

Ein vergilbtes Blatt mit dem Gedicht aus meiner Schulzeit wandert als Lesezeichen durch Lyrikbände auch heutiger Autoren mit. Und die virtuellen Briefkästen, die Günter Eich noch nicht kennen konnte, laufen inzwischen über und Gefahr, Infektionen in unvorstellbarer Dimension zu verbreiten.

                                                                                              Eva-Maria Berg

 

Le poème de Günter Eich “Vérifiez le bout de vos doigts” est l’ un des tout premiers poèmes qui m’a fait approcher la poésie. Par sa manière de questionner ce à quoi l’on est habitué, et sa concentration poetico-linguistique singulière qui aboutit ici à des images d’une très puissante expressivité.

Le poète fait côtoyer l’apparente évidence des choses issues de la vie quotidienne et la possibilité pour elles de se trouver à n’importe quel moment ébranlées :  à  l’arrivée du courrier,  l’absorption d’un mets, la transmission de la nourriture au sein dans cette scène primitive qui lie le bébé à sa mère. Face à ces menaces imprévisibles, la perplexité s’installe,  tandis que par ailleurs le confort toujours croissant berce les êtres humains dans l’illusion de la sécurité. Pourtant rien ici, ni le texte, ni ce qui se joue entre les lignes, ne laisse espérer  quelque recette miraculeuse qui permettrait d’échapper au danger.

Une feuille jaunie datant de l’époque de ma scolarité et sur laquelle est inscrit ce poème fait pour moi office de marque page; elle se promène de recueil poétique en recueil poétique (y compris ceux consacrés à des auteurs contemporains) . Entre temps les boîtes à lettres virtuelles que Günter Eich n’a pas pu connaître se sont mises à déborder, avec le risque de répandre des infections d’une ampleur inimaginable.

                                              

                                                               Eva-Maria Berg

                                       Traduction Eva-Maria Berg et Brigitte Gyr