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Regard sur les poésies de langues allemandes (4)

10 lignes et la scène est jouée - elle prolonge  l’histoire de notre humanité. Elle englobe les spectateurs, « nous » qui représentons chaque être humain, et  les « masques » auxquels Walter Helmut Fritz a dédié tout un recueil, « Cortège de masques ». Le poème XXXVI, dont le titre est réduit à un chiffre, imagine une vie privée aux masques, vie qui débute après le départ de l´homme. Il leur attribue, à la place de ce dernier, des  mouvements et des comportement humains.

C’est au vers le plus court que le poète associe la durée la plus longue, le  vide le plus profond: «Ils ont le temps» et jouissent d’une présence sans limites qui les différencie fondamentalement des mortels et de leur manque de temps chronique. On ne saurait donc s’étonner que ces masques puissent, de quelque lieu qu’ils viennent, accomplir à nouveau le chemin du retour. Et tenter de se faire entendre – selon les rites antiques, leur destinée primitive. Mais ils ont cessé désormais d’être des « porte-voix »; en l’absence des hommes, ils ont, eux aussi, perdu la parole, semblables aux victimes ensevelies suite à une catastrophe et qui cherchent à émettre des signes dans l’espoir d’être sauvés.

Depuis notre départ, à la première ligne, en revanche, il n’est plus question de nous, les hommes, plus question non plus d’attendre quoi que ce soit de nous.

Walter Helmut Fritz,  poète modeste, plutôt avare en mots, nous laisse face à la scène, ce scénario final, impressionnant de silence, qui nous oblige à dresser l’oreille et s’imprime en nous.

C’est ainsi qu’il l’a perçu. De ses yeux incroyablement éveillés qui – à des lieues de la rigidité des masques   – rayonnaient de chaleur et ne pouvaient laisser indifférents ceux qui comme moi avaient eu la chance de le rencontrer. Lui et son regard qui nous poursuit encore.

 

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In 10 Zeilen spielt sich der Auftritt ab – und reicht über unsere Menschheits-Geschichte hinaus. Umfasst Zuschauer, „wir“ stellvertretend für jeden einzelnen, sowie „Masken“, denen Walter Helmut Fritz einen ganzen Band, „Maskenzug“, gewidmet hat.

Gedicht XXXVI, mit einer Ziffer, ohne Worte, betitelt, malt den Masken ein Eigenleben aus, das einsetzt, sobald der Mensch fort ist. Ihnen an seiner Stelle menschliche Bewegungs- und Verhaltensweisen zuschreibt.

Der Poet gibt der kürzesten Zeile die längste Dauer und größte Leere: „Sie haben Zeit“, eine unbefristete Gegenwart, die sie von den Sterblichen und ihrem ständigen Zeitmangel grundlegend unterscheidet. Nicht verwunderlich also, dass Masken, woher auch immer sie stammen, auf ihrem Weg durchaus wiederkehren könnten.

Und versuchen, sich Gehör zu verschaffen – gemäß ihrer ursprünglichen Bestimmung, den antiken Kultspielen. Doch nun sind sie kein „Sprachrohr“ mehr; ohne Menschen sind auch ihnen die Worte abhanden gekommen, wie bei Verschütteten, die nach einer Katastrophe „Klopfzeichen“ geben in der Hoffnung auf Rettung. Dabei ist von uns Menschen seit unserem Weggang in der ersten Zeile nicht mehr die Rede und nichts zu erwarten. Walter Helmut Fritz, der große unprätentiöse eher wortkarge Lyriker lässt uns diese Szene zurück, ein bedrückend-stilles (End)Szenario, das aufhorchen lässt und sich einprägt.

Er hat es so gesehen. Mit seinen hellwachen Augen, die –fern allen maskenhaften Erstarrens - Wärme ausstrahlten und jeden, der ihm begegnen durfte, bewegt haben, so auch mich persönlich. Mit seinem Blick, der nachgeht.

 

Eva-Maria Berg

Traduction Eva-Maria Berg et Brigitte Gyr