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Regards sur la poésie française contemporaine des profondeurs. Margo Ohayon

Il y a longtemps. Il écoute une interjection. Elle se prolonge, se prolonge, bruit lancinant, peut-être un élancement, loin vers un nœud inextricable.
Est-ceune pelote, un enchevêtrement, un réseau ? Tout en sort, tout y retourne.
Il déroule un ruban, le ruban n'a pas de fin, dessus on peut lire un poème qui serait une charade.
Il tire un deuxième fil, et voilà que celui-ci le mène vers une autre section de ce poème.
Ainsi est-il conduit sur divers segments du langage qui appartiendraient à un ensemble.
Lui, l'ignore. Dans cette affaire il est le seul ignorant.
Le monde autour regarde et voit ce qu'il ne peut pas percevoir. C'est ce qui se forme, cet ensemble. Lui, le contemple du dedans, d'un centre qui ne fournirait pas des contours mais des points de vue des parties de cet ensemble en train de se constituer. Sa vision serait intérieure. Pour voir l'ensemble il lui faudrait être dehors.
Il n'est pas enfermé mais d'un côté qui appartiendrait à un élément essentiel du langage, lequel serait lui-même un élément d'une équation écrite, élément sans quoi les jeux à l'intérieur de cette équation ne pourraient pas se faire, c'est-à-dire acquérir une mobilité qui agirait aussi sur celle des pièces formant cet ensemble.
Ces angles de vue seraient telles des facettes, facettes qui seraient telles des ailettes susceptibles de se mettre en mouvement. Ainsi peut-on voir tourner de petits ventilateurs encastrés dans la vitre d'une fenêtre.
Ceux qui voient la forme globale de la découpe sont à l'extérieur.
Lui, de l'intérieur fournit des façons de voir les parties qui composent l'ensemble regardé du dehors.
Cela relève d'une bizarrerie vitale comme la nature sait en fabriquer : état d'évidence d'une étrangeté pratique, dont lui, le poète, suit le mouvement, emprunte la ligne du trajet qu'elle infléchit.
Il est un homme du moins celui qui, à sa place, tente de remplir son rôle pour que fonctionne le mécanisme.
Voilà ci-dessous les tentatives d'expression d'un de ces points de vue : le silence.

 

margo ohayon