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Regards sur les poésies de langues allemandes. La poète Sarah Kirsch a 80 ans ce mois-ci

Sarah Kirsch, poète des deux Allemagne et de la planète évanescente est morte en printemps 2013.

Presque en secret comme elle a vécu dans le coin reculé d'Allemagne du Nord, entre deux mers, où depuis trente ans elle tenait son poste d'observation et d'écoute : à transcrire ce qui lui parvenait d'une nature aussi rude que tendre, plantes, bêtes, humains, et du grand vent, comme à travers les ondes; aussi ce qui résonnait en elle d'un passé légendaire, littéraire. Grande amoureuse des êtres et des choses proches comme éloignés dans le temps, elle a obstinément évoqué dans sa poésie ce que nous possédons encore sur notre terre et en nous-mêmes et ce dont nous encourons la perte.

 

Née en 1935 dans le Harz, elle a écrit la première partie de son oeuvre en RDA, la seconde en RFA . Titulaire de nombreuses distinctions littéraires dont le prix Petrarque, Heine, Hölderlin et le renommé prix Büchner, elle s'est trouvée à l'avant-scène littéraire surtout pendant les années 70/80, avant et après son passage d'une Allemagne à l'autre. Si son « petit pays réchauffant » l'avait aidé à trouver sa voix, cette voix, libre et vive, a eu bientôt une résonance à contrecourant des contraintes imposées par un système figé. La rupture fut déclenchée par l'expatriation du chanteur W. Biermann contre laquelle Sarah Kirsch était des premiers à protester, exclue ensuite du cercle officiel des écrivains comme du SED et persona non grata en RDA.

Elle a, dans l'autre partie de son pays et du monde d'alors, emporté le besoin inné de contrebalancer dérives et manques, maintenant de façon plus générale, « globale ».  Réfractaire à toute récupération et à la médiatisation, elle s'est après quelques voyages (Italie, France, USA) créé son bastion vert à « Bordumonde » « avec mes ancres jetées/ enfants, chats, amants cent/ bulbes de tulipes dans la terre » pour y vivre, aimer, écrire comme une mission à accomplir.

Dans ses poèmes l'espace est aux dimensions intérieures de l'auteur: espace entre ciel et terre, hauteur et fond de la mer, espace de liberté aussi pour le lecteur selon ce qu'il peut et veut trouver en lui.  Mouvement dans cet espace par le rythme et le son du langage, entrainant, emportant de ligne en ligne avec souvent le poids sur le début de ligne après la chute de l'une dans l'autre.

 

                                                                                              Marga Wolf-Gentile

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Sarah Kirsch, Dichterin der beiden Deutschland und des bedrohten Planeten, ist im Frühjahr 2013 gestorben.  Fast verborgen, wie sie seit 30 Jahren lebte in einem norddeutschen Moordorf zwischen den Meeren, von dem her sie Ausschau hielt und in ihre besondere Sprache einfing, was zu ihr drang: aus der so herben wie sanften Natur im Umgang mit Pflanzen, Tieren, Menschen, dem grossen Wind und aus der entfernteren Welt.  Auch was dazu in ihr aufklang aus einer weiträumigen Sprach- und Dichtungsvergangenheit.  In heftiger ausdauernder Liebe zum Allernächsten wie,  zunehmend, in Trauer und zorniger Sorge um das Ganze, hat sie nicht aufgehört, durch ihre Dichtung  zu beschwören, was wir auf unserer Erde und in uns selbst noch besitzen und was droht verlorenzugehen.

1935 im Harz geboren, hat sie den ersten Teil ihres Werks im östlichen, den zweiten im westlichen Teil ihres Landes geschaffen.  Vielfach ausgezeichnet, u.a. mit dem Petrarka-, Heine-, Hölderlin- und dem Büchnerpreis, war sie das dichterische Ereignis vor allem in den siebziger und achtziger Jahren, vor und nach dem Wechsel vom einen ins andere Deutschland.  Ihre Lebenswärme und innere Unbegrenztheit wurden Gestalt in Reaktion auf ein zunächst bergend « wärmendes », später beengendes Land und erstarrtes System.  Dort wirkte eine Stimme wie ihre gegenläufig belebend.  Zum Bruch führte, dass Sarah Kirsch als eine der ersten gegen die Expatriierung des Sängers W. Biermann protestierte, was ihr den Ausschluss aus dem Schriftstellerverband der DDR und aus der SED einbrachte.

Sie hat in die « zweite Hälfte » ihres Landes und der damaligen Welt ihre innere Freiheit, den seelischen « Kompass » mitgebracht gegenüber dem Lauf auch dieser und jeder Welt.  Resistent gegen Vereinnahmung und die Mediensphäre vermeidend, hat sie sich nach einigen Reisen (Italien, Frankreich, USA) an ihren grünen « Weltrand » versetzt « mit meinen ausgeworfenen Ankern/ Kindern Katzen Geliebten einhundert/ Tulpenzwiebeln im Erdreich...», um dort zu leben, zu lieben, zu schreiben, wie man einen Auftrag erfüllt. 

In ihren Gedichten ist immer Raum, konkret in einer Landschaft, zwischen Himmel und Erde, Höhe und Meeresgrund, auch fast unbegrenzter vielschichtiger Innenraum als Freiraum für den Leser, den er füllen darf gemäss der eigenen Dimension.  Und Bewegung im Raum, getragen von Rhythmus und Sprachklang, oft fortgetragen ohne Halt von Zeile zu Zeile mit dem Gewicht auf dem Zeilenanfang nach dem Fall der einen in die andere.

 

 

                                                                                                          Marga Wolf-Gentile

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2 livres de Sarah Kirsch (Erdreich / Terre & Schneewärme / Chaleur de la neige) traduits par Jean-Paul Barbe ont été publiés par les Éditions "le dé bleu" dans les années 90. Après la cessation d'activités de l'éditeur, le stock des livres invendus a été remis au Centre Culturel Franco-Allemand de Nantes (1 rue Du Gesclin — ccfanantes@gmx.net — 0240 35 39 43)