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Horia Badescu, Le poème va pieds nus

Le poème va pieds nus est sans doute le recueil le plus émouvant d'Horia Badescu car c'est une leçon de modestie, d'acceptation du monde sans révoltes inutiles et de la fin inéluctable. Un poème dont voici les premiers vers résume admirablement la position de l'auteur : "D'un autrefois / qui avant de devenir / ce qu'il n'est plus / avait été un présent". Mais ce n'est pas pure passivité ; un poème intitulé "Art poétique" exprime parfaitement sa philosophie : "Écrire sur une feuille / Le doigt trempé dans la rosée, / comme tu embrasserais / le ventre de ta femme / avant qu'elle enfante". Car la vie -si on en connaît la fin- est avant tout transmission. Ce qui passe par une vive conscience de la petitesse de l'homme dans l'univers : "trop froids / pour brûler, / trop petits / pour éclairer." (in "La leçon d'astronomie"). La poésie dès lors devient "bougie au tréfonds du noir" qui emporte le poète… J'ignore si les mots savent qui ou quoi ils sont (p. 30) mais les poèmes de Badescu me parlent qui vont à la recherche de la mémoire du silence.

Horia Badescu, Le Poème va pieds nus,
L'Arbre à paroles éditeur, 80 pages, 10 €. 

Au-delà du religieux dont je n'ai que faire, qui m'indiffère (faut-il le rappeler ?), ce qui retient mon attention, c'est "le poème / qui commence à parler" (p 35). Poèmes plutôt répétitifs : est-ce la résidence qui veut ça ? On a l'impression d'un exercice imposé surtout que Horia Badescu dit dans un poème, en termes élogieux, tout le bien qu'il pense de la Wallonie (p 70) …