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The Dispirited Lover, Chastised

 

Aussi étonnant que  l’arrivée surprise de l’amour tardif,
son départ  a saccagé l’ascension de la décennie
vers le sommet – où une touffe de mousse
pousse encore dans une autre saison.
L’eau de source coule vers le bas
adoucie non par la mémoire
mais par ce que la mémoire nie.
Elle coule sur des pierres qui ne donnent rien
et ne rappellent rien à personne
hormis la perte et une dernière caresse.
L’homme, malgré la brume intérieure,
épelle encore les mots d’autrefois
et ouvre sa braguette.
Sous les rives du toit et le fouet des vents,
les coutures nettes de l’amour s’effilochent –
« par erreur » - pleure-t-il, en grimaçant.
Mais malheur à qui proclame
le malheur c’est moi : il y a des âmes blessées
dans l’infirmerie de la terre.

 

Traduction de Marilyne Bertoncini

 

 

The Dispirited Lover, Chastised
 

Wondrous as love arrived in late surprise,
its exit trashed the decade’s climb
to the peak – where a mossy patch
still grows undisturbed in another season.
Spring water runs downhill
sweetened not by memory
but by what memory denies.
It flows over stones that give nothing
and reminds no one of anything
other than loss and a final touch.
The man, despite his internal haze,
still spells the old words
and zips down the line of his fly.
Under the eaves and whipping winds,
the tidy seams of love fray –
“in error” – he cries, wincing.
But woe to him who says
woe is me: there are wounded souls
in earth’s infirmary.