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TRAVERSÉES n°77, septembre 2015

 

 

Chaque revue a son espace, sa disposition. C’est comme les cafés.

Deux invités et puis… 150 pages de poésie (et autres divers genres) dont beaucoup d’auteurs ont déjà honoré nos colonnes virtuelles. Cette générosité prolixe est assez rare et mérite d’être soulignée, certains poètes pouvant, comme Philippe Mathy, livrer une série de 26 proses inspirées sur l’automne, ou Serge Muscat de « Mettre sa pensée à plat » en un essai de sagesse active et légère :  Surtout ne pas se regarder. S’oublier en vivant sa pensée. Dès que l’on se regarde dans une glace, tout est perdu. Impossible de se voir et d’être en même temps.

Et Marina Poydenot :
        Quel est le nom de cet oiseau
        qui chante dans le tilleul
        comme une source toujours fraîche ? (…)

la suite réserve de belles surprises.

 

Un premier dossier concerne Éric Brogniet. L’œuvre, nourrie de mythologie autant que de sciences dites exactes, est présentée par Paul Mathieu avec concision et clarté : Au travers d’images résolument innovantes empruntées notamment aux sciences « exactes » — il faudrait dire un jour tout ce que la poésie doit à la physique et inversement — Belle / comme un boson de Higgs, la figure féminine, avec entre ses lèvres son rubis / Son étoile de sang muet occupe une place centrale qui (…) affiche sa blessure de glaïeuls / Dans leur trou de verdure (…) Loin de se cantonner à une simple cartographie de l’éros, il pousse à réfléchir au fondement de tout cela qui fait la vie.  Dans une orientation plus bio et bibliographique, Patrice Breno longe l’œuvre « toute en contraste » qui cherche « à discerner les valeurs essentielles qui aident à surmonter la douleur d’être ».

Suivi d’une dizaine de poèmes inédits composant une Rose noire d’antimatière :

A la nuit galactique, matrice des hautes énergies
         A la dévoration qui nous engloutit
(…)

J’appellerai sur toi l’orage
Tout en te protégeant
Faisant de ta blessure un apaisement

 

Un rencontre avec Thomas Scotto montre la diversité à l’œuvre dans ce comité de rédaction :

C’était un deuxième, un troisième étage peut-être. C’était très haut !
Pourtant, j’étais persuadé que King Kong passerait son bras gigantesque  par la fenêtre pour me capturer pendant la sieste. Rien de plus facile pour lui : il l’avait déjà fait quelques jours auparavant dans une des publicités pour les chaussure « André », au cinéma, avant Le livre de la Jungle.

Auteur et interview réjouissants et profonds quand il faut.

Je me dis que tout auteur devrait faire un stage de deux ou trois ans dans le secteur « littérature jeunesse ». Non, j’exagère bien sûr, ne me sentant aucune vocation maoïste. Allez, six mois, ça devrait suffire !