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Trois pas vers la lumière (extraits)

 

Entre
          l’égarement dans l’ombre 
et  l’aveuglement dans l’excès de lumière

trouver cet arbre en éternelle croissance
qui déploie juste ce qu’il faut de ramure
       pour nous protéger du soleil
et se dépouille au gré des saisons de l’âme

Echapper à ce balancement 
c’est accepter la grisaille
la teinter au lever du jour
avec les pigments du désir
sans jamais craindre
le retour à la transparence

ce peut être apprendre à lire
le rayon de soleil oblique
balayant faiblement l’étendue de givre

 

 

 

 

Derrière la langue la glotte
l’humide du corps qui apaise

Les entrailles ont tissé la cage des mots
dans une soie grossière
entre mailles et liens
du sang
dessus dessous et tout autour
combinaison scellée depuis l’enfance

Cage ou cocon ?

L’oiseau-mot attend son heure
lisse son plumage naissant
éprouve la scansion au premier bruissement

Un souffle pulsé lui insuffle sens
par-delà le silence qui est aussi musique
nul ne sait d’où il vient

 

Il accompagne la transparence
d’une vibration éclairée

 

 

 

 

 

J’ai tracé des mots
au dos des feuilles mortes

Ils pavent d’or les routes et les trottoirs
trébuchent sur la chaussée
au moindre souffle d’air

Dans cet éparpillement
on les entend sonner comme métal

Je sais que d’autres apparaîtront
au cœur des premières violettes
plus affirmés et vibrants

De renoncement en renoncement
la parole s’allège

J’attend impatiemment
son jaillissement de source
celle que le doigt de l’ange scella

 

 

 

 

De ces mots
je fais des guirlandes
à ton cou ils tintent clair

Comme la voix du baryton
ils m’enveloppent avec
juste ce qu’il faut de poids
pour marquer leur présence
pénétrer là où la chair tressaille

Ils sont là, à la tombée du jour
là, quand le sang achève sa course
ils sont là pour dire l’amour
dans le dernier regard

Et leurs chants sont comme les piliers
auxquels on s’adosse
pour tenter l’incertaine ascension

 

 

 

 

Tu perçois la mort comme ultime limite
          horizon du dernier franchissement

mais avant que la bougie
n’ait donné son plus vif éclat
tu dois atteindre les hautes branches

          tu dois trancher
          trancher encore

          alléger la ramure illusoire
          trop dense elle cache cette part de vérité
          entraperçue dans la trace éclairante de la lutte

Vie et mort
les deux faces du même

          comme l’ombre révélée
          par la lumière

mettre de l’éternité
dans notre passage

          du mystère
          dans la fraîcheur de l’instant

repousser les frontières
au-delà du visible

          ajuster notre regard

laisser l’amour la poésie
féconder les espaces élargis du temps

 

***

se lover dans le cœur léger des choses
inaugurer la transparence