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Tu m’accuses… pourtant

 

Tu m'accuses
de te plonger dans un abîme
lorsque je perds en cours de route
ta langue qui m’a bercée
entrelacée
chatoyée
mon corps
pourtant
dès que je te touche
des bouts de mes lèvres gercées
un hiver interminable m’accapare.

Tu m’accuses
de te parler dans une langue étrangère
de n’avoir pas su assimiler
la langue ancestrale
qui s’éloigne de toi
davantage que le temps passe
pourtant ta langue
ta solitude
ta détresse
transpirent en moi
dans les moindres coins de ma mémoire
que ta langue m’écorche
à bout de bras d’interdit
dès que je parcours des contrées inexplorées
parce qu’inexplorables sans toi.

Tu m’accuses
chaque fois que nos langues
je ne sais pour quelle raison
s’enlacent dans un moment d’égarement
avec tendresse
volupté en extase
sans chercher à dompter l’autre
pourtant ton regard
me foudroie aussitôt
d’accusations incessantes
de peur d’oublier le prix de ton exil.