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une petite voix

 

« la vie se nourrit de la vie » — se disait-il dans sa barbe
avec la petite voix que la peur
se découvre
quand elle se tait

il ne lui restait dans l’oreille
que le bourdonnement des nuits
tel un sifflement de couteau

il se leva plein de pitié pour lui-même
au poing — quelque haillon
de la chemise arrachée à celui
qui avait fini par s’enfuir sur le bord
du précipice

se regrettant
déjà
pour mieux remplacer avec une inattendue
jubilation
sa propre absence

mais comme il ne savait pas quelle sorte de
responsabilité
la mort
s’apprêtait à assumer
en ce qui le concernait

il poursuivait
en sifflotant une chanson de flamme vague

 

 

traduit du roumain par Benoît-Joseph Courvoisier