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Vers l’Autre

Un recueil au style roman, celui de Florentin Benoit d'Entrevaux, Vers l'Autre. Ce qui émeut d'entrée, c'est la simplicité nue, la pauvreté pourrait-on dire. Dans une époque à la logorrhée maladive, la parole du poète est vêtement de pauvreté consentie. Les mots de peu contiennent les traces de la source première. Poésie empreinte d'humidité, signe d'une eau ancienne que la langue recèle ainsi qu'on protège un trésor, comme son intelligibilité initiale. D'ailleurs, le mouvement même du recueil forme retour vers la source. Les poèmes les plus récents ouvrent le chant. 2010. Puis l'on remonte le fil du vers jusqu'en 2005. La navigation s'est inversée. C'est celle du voyage retour. Les titres des poèmes eux-mêmes viennent clore chaque poème et ce mouvement semble être celui du film qu'on rembobine pour recouvrer la mémoire des images inaugurales, celles qui initièrent la langue. Cette poésie n'est pas ostentatoire. Elle est humble et évidente comme la beauté de l'aube saluée par les trilles forestières. La versification est courte, haletante, comme cherchant son souffle dans une marche de longue haleine et certaine de son but à atteindre. Chanter. Louer le sublime des choses vues, de celles pressenties. Une poésie du cœur qui bat, une parole de la confiance et de la joie offerte.