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Arnaud Beaujeu, Pas d’animosité

 

La grande chèvre blanche apparue dans le bois m’observe un long moment, depuis la nuit des âges et s’en va

 

            Mésanges huppées, sitelles, fauvettes et loriots
            chardonneret, verdiers, nonettes, grimpereaux
            le chant de la forêt m’appelle et le jardin s’est embrasé
            de ces jolis bruissements d’ailes
            Mésanges huppées, sitelles, fauvettes et loriots

 

‘J’aime aller brouter dans le pré les herbes sèches au soleil, je n’ai pas d’animosité même si je sais qu’un jour pareil on viendra me tuer. Je reste parmi mes pareils, à brouter par le pré l’herbe dorée dans le soleil : ma douceur, ma docilité offertes aux cruels’ 

 

            Gorge bleue, tête rouge, huppe orange et dos bleu
            Ventre blanc, aile grise, jabot noir, œil de feu
            Bec orange, pattes rouges, huppe jaune et col bleu
            plume jaune, gorge rouge, ventre orange, aile bleue

 

Quand la huppe s’envole, c’est comme si une image d’école était devenue réalité. La tourterelle en croix vole au-dessus des blés. La chauve-souris se colle au mur pour se chauffer. Le cri de l’épervier, comme un signal d’été, une volée de moineaux dans les haies. L’aile noire et bleutée du corbeau passager des silences

 

            Une chenille, un frelon, un bruit d’aile, une abeille
            Un mulot, un grillon, une guêpe, un papillon
            Une sauterelle, un bourdon, une araignée, un scorpion
            Un orvet, une sitelle, un lézard, un hanneton
 

Quand l’orage menace les fourmis s’agitent, les geckos rentrent dans la pierre. Un pic épeiche tape tape sur le tronc vert. La silhouette assise d’un chat sous le murier, oreilles découpées sur le fond bleu nocturne

 

            L’épine vinette et l’églantier
            abritent le merle et la grive
            Le pin d’alep et l’olivier
            offrent leurs bras comme une rive
            à la pie grièche et au geai

 

Mais sur la passerelle, parmi sentes et pins, des cailloux et merveilles, une chapelle au loin, deux écureuils à course-poursuite sur le tronc d’un pin blanc, une fourmi géante, des grillons stridulants

 

Le mouvement furtif dans le sous-bois d’automne d’un renard fauve et argenté

Présentation de l’auteur

Arnaud Beaujeu

Agrégé de lettres modernes, docteur en langue et littérature françaises, rattaché au CTEL, Arnaud Beaujeu a publié en 2010 et 2011 deux ouvrages :

  • Matière et lumière dans le théâtre de Samuel Beckett, Peter Lang ;
  • Samuel Beckett : trivial et spirituel, Rodopi.

Membre du comité de rédaction de la revue Nu(e), il a publié plusieurs suites de poèmes dans cette même revue :

  • « D’un regard blanc », n°36 (« Michel Steiner ») ;
  • « La lumière et les mots », n°42 (« Anthologie ») ;
  • « L’été », n°45 (« Pierre Dhainaut ») ;
  • « Bleu ciel », n°48 (« Jean-Michel Maulpoix ») ;
  • « De pierre et d’eau », n°49 (« Bernard Noël ») ;
  • « Autre enfance », n° 52 (« Jokari »))

Et principalement dans les revues Arpa : « Le pays des en-allés », n°102, « la tonnelle », prochainement) ;  Thαumα : « Frères d’amour », n°5 consacré aux oiseaux ; « Autodafé », n°6 consacré au feu ; « En patience » n°10 consacré à la patience ; « même au-delà du raisonnable », (prochainement) et Serta  : « Les mots blancs ».

Il a également publié des articles et entretiens sur et avec les poètes contemporains Bernard Vargaftig, Jean-Pierre Lemaire, Pierre Dhainaut, Marie-Claire Bancquart, Charles Juliet, François Cheng, Béatrice Bonhomme-Villani, etc.

Arnaud Beaujeu