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Béatrice Marchal, Élargir le présent suivi de Rue de La Source

De tous les temps, le présent est sans doute le seul qui vaille. C’est celui de l’instant sans détour. Ici, maintenant. Celui du poème et des poètes, qui se conjuguent à leur propre temps, sur la page en cours. Présent.

Ce qui est. Car avant n’est plus et demain n’est pas encore ou ne sera jamais. Peu importe, quoi qu’il advienne, Béatrice Marchal fait bonne garde, ne serait-ce qu’en relevant la trace de tout ce qui passe pour en habiter l’instant. Ce n’est pas une pose ou une entreprise hasardeuse mais bel et bien une discipline féconde, une attention portée à la nature, aux signes qu’elle nous envoie. À la vie et à la mort, à la disparition des choses et des êtres, sans pour autant s’y opposer outre mesure. Béatrice Marchal regarde. Elle s’arrête sur elle-même, dans le cours de ce présent qui n’est autre que sa propre existence. Elle s’adresse à ce qui a disparu, déjà, et à ceux qui ont disparu, surtout, dont elle approche mot à mot, en oubliant la tyrannie de l’absence. Elle écrit dans un élan définitif vers la vie, non pas celle des temps vulgaires qui font le lit d’un monde voué à l’inquiétude, mais celle qui chemine à travers les choses. Lesquelles ? Les saisons, la pluie de printemps, le dernier automne, mais aussi les flaques du chemin, l’herbe verdoyante des jardins, les chants d’oiseaux dans les arbres, les aubes éblouies et les couchers flamboyants.

Béatrice Marchal, Élargir le présent, suivi de Rue de La Source, Le Silence qui roule, 2020, 104 p, 15 €.

Elle écrit non à ce qui brille mais à ce qui éclaire sa page avec patience, comme autant de sentiers de lenteur et d’effort. Les êtres chers veillent le long de la route avec cette bienveillance que restitue la fidélité du cœur et de la mémoire. C’est sans doute la meilleure voie pour élargir le présent aux dimensions d’un exil intérieur dont les frontières s’effondrent d’elles-mêmes à mesure qu’on fait du poème la chair du monde et qu’on donne une âme à ses propres mots, avant de s’en remettre à leur seule présence. Je me suis approchée, écrit Béatrice Marchal. Des morts, des vivants, des lieux et des horizons. Mais avant tout d’elle-même. Pour vivre en dehors comme au-dedans de soi, avec le modeste et grandiose espoir de contribuer à ce que s’intensifie la lumière.

Présentation de l’auteur

Béatrice Marchal

Béatrice Marchal, née en 1956, a passé sa jeunesse dans les Vosges, qui ont marqué son imaginaire. Etudes de lettres, qu’elle a enseignées jusqu’en 2011, du collège aux classes préparatoires. Ses recherches sur Cécile Sauvage, la mère d’Olivier Messiaen, l’ont restituée dans sa vérité de femme et de poète.

Auteure de nombreux articles, elle collabore à différentes revues (Diérèse, Friches, Arpa, le Journal des poètes) et a rédigé plusieurs préfaces, dont celle du Poésie/Gallimard consacré, en 2015, à Richard Rognet.

Elle est présidente du Cercle Aliénor depuis janvier 2013.

 

 

Œuvre poétique :

Aux éditions Les Lieux-Dits, Cahiers du Loup bleu, Inquiétude de l’autre et des mots, 2020
Aux éditions Al Manar, L’ombre pour berceau, 2020
Aux éditions Le silence qui roule, Élargir le présent, suivi de Rue de la source, 2020
Aux éditions L’herbe qui tremble, Au pied de la cascade, 2019 ; Un jour  enfin  l’accès suivi de Progression jusqu’au coeur, 2018 (Prix Louise Labé 2019) ; Résolution des rêves, 2016, Aux éditions Delatour France, D’Absence et de lumière, 2016
Aux Cahiers de Poésie Verte, La Cloche de tourmente, (Prix Troubadours 2014)
Aux éditions Editinter, Équilibre du présent, 2013
Aux Editions de l’Atlantique, Une Voix longtemps cherchée, 2011, La Remontée du courant, 2010, L’Epreuve des limites, 2010
Aux Editions La Porte, La Baguette de coudrier (2010), Tant va le regard  (2007)

 

Livres d’artiste : 

Un poème extrait  D’Absence et de lumière, illustré par cinq gravures sur bois d’ Eva Gallizzi,
Buchgestaltung, Holzschnitte und Künstlerisches Konzept : Eva Gallizzi, Zürich 2010.
Où va la route, illustré par quatre gravures de Dominique Penloup, Le Galet bleu, décembre 2013.
La neige comme un appel, livre pauvre Béatrice Marchal/Dominique Penloup
Bannières de mai, Béatrice Marchal/ Dominique Penloup
Insaisissables messages, Béatrice Marchal/ Agnès Delatte, Revue Ce qui reste, janvier 2017
Quelque chose d’enfoui, Béatrice Marchal/ Sarah Wiame (éd. Céphéides, mai 2017)
Tout un monde, Béatrice Marchal/ Maria Desmée (octobre 2017)
Lumière préservée, Béatrice Marchal/ Dominique Penloup (éd. du Galet bleu, 2018)
Oser la chute, Béatrice Marchal/ Dan Steffan (Bandes d’artistes, Les Lieux-Dits, 2018)

 

Poèmes choisis

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