CONFESIONES DE SAFO TRAS UN DELIRIO A LA LOCURA
Es cierto, a veces el silencio
se vuelve un castigo insoportable
y la agonía de estas manos vacías
el único consuelo para trenzar
las cuerdas de arpas rotas.
La noche me devuelve soledades
telas manchadas de odio y distancia
para atarme de manos y pies.
Me creí culpable
sofocada en el polvo de templos sombríos
rodeada de fantasmas extraviados
que intentaban cosechar flores rojas
con semillas azules.
Una y otra vez me negué al grito,
lucí un chaleco de desmembradas ilusiones
hasta que probé, buche a buche
el vino de los dioses
aquellos que se veneran al filo de la vida
para que no tropiecen ante sus propios pedestales.
No fui más esclava de palabras inventadas
ni enumeré las flechas del pecado y la virtud.
Nada provocó la huida
de esta máscara que habito
sólo en mi cuerpo se quebraron los miedos
la sombra muda ante el espejo de mis propios ojos.
En mis labios estalló la guerra del verbo
y yo, Safo, mujer de oscuras nostalgias
comprendí que mis dioses
siempre tuvieron la razón
y que a veces
el silencio se vuelva un castigo insoportable.
Confessions de Sapho après un délire à la folie.
Il est vrai que parfois le silence
Devient un châtiment insupportable
Et l’agonie de mes mains vides
L’unique consolation pour tresser
Les cordes des harpes brisées.
La nuit me renvoie des solitudes
Toiles maculées de haine et de distance
Pour me laisser pieds et mains liés.
Je me suis crue coupable
Etouffée dans la poussière de temples obscurs
Entourée de fantômes égarés
Qui essayent de moissonner des fleurs rouges
Aux graines bleues.
Je me refusai au cri encore et encore,
Revêtis une blouse d’illusions démesurées
Jusqu’à ce que j’aie goûté, gorgée par gorgée
Le vin des dieux
Ceux que l’on vénère au fil de la vie
Pour qu’ils ne trébuchent pas devant leurs propres piédestaux.
Je cessai d’être esclave de mots inventés
Et n’énumérai pas les flèches du péché et de la vertu.
Rien ne provoqua ma fuite
Hors de ce masque que j’habite
Seulement se brisèrent ces peurs dans mon corps
L’ombre muette devant le miroir de mes propres yeux.
Sur mes lèvres éclata la guerre du verbe
Et moi, Sapho, femme aux obscures nostalgies
Je compris que mes dieux eurent toujours raison
Et que parfois
Le silence peut devenir un châtiment insupportable.