Dominique Bergougnoux, En bas dans le square…
En bas dans le square on entend
 Des pétards
 Des brisures
 De voix et de verre blanc
 Une flasque se brise
 Les baisers ont roulé sous un banc sale
 Canettes de bière tas de mégots 
 La fête est finie
Dans l'écorce impassible
 Un cœur brut
 S'écorche
Sous le couteau rouillé
 Des amours anonymes
* * *
Avant la cendre
 Il y aura eu la pesée des bûches dans l’âtre
 Le tango nu des flammes à talons ardents
 L’ondoiement vif du rouge entre les plis
 Des crépitements tendres
 Des feulements souples
 Et l’abandon hypnotique du bois
 A sa chute moelleuse…
 Destin de fumées, de poussière et d’écorces
 Douceur du gris
 Des cendres
 Tout
 Consumé
* * *
Oh ! être un oiseau bleu
 Se blottir dans l’or fauve des feuilles
 La tête dans le doux et la tiédeur des plumes
 Fermer les paupières du jour
Oublier le froid qui mord
 Le vent qui ploie
 L’arbre et le nid
Etre
 Un reposoir d’ailes à déployer
 Un rêve d’ailleurs d’îles sous le vent
 Une boule de vie duveteuse
 Un atome léger et dense
 L’esquisse d’un destin migrateur
 Tracé dans la fulgurance du ciel
 Un envol en suspens
 Entre deux mondes…
* * *
flèche d’un vert cru
 fend le matin morne et gris
 – l’envol des perruches
* * *
Là, sous mon pied
 Au clair de la lune improbable
 Et d’un réverbère jaune
 Dans un carré de vert urbain
 Rencontre insolite
 Métaphoriquement assortie
 Un hérisson tout apeuré
 Et mon chagrin en boule
 Bardé de piquants.
