1

Etty Hillesum et Rainer Maria Rilke

Jeune juive hollandaise, Etty Hillesum est morte en déportation à Auschwitz le 30 novembre 1943 à l’âge de 29 ans. Elle est l’auteure de carnets et de lettres dont un florilège est réuni dans un ouvrage qui met en valeur l’influence exercée sur elle par l’œuvre de Rainer Maria Rilke.

Le destin particulier d’Etty Hillesum n’en finit pas de susciter analyses et commentaires. Voilà une jeune femme qui, deux ans après l’invasion de son pays par les nazis en mai 1940, se met – à ses risques et périls -  au service des personnes placées au camp de transit de Westerbork. Quand elle-même sera déportée, elle emportera dans son sac à dos la Bible, un dictionnaire russe (sa mère avait fui les pogroms russes en 1907) mais aussi  Le livre d’heures de Rainer Maria Rilke.

En présentant et en choisissant des extraits de ses écrits (288 fragments au total), Gérard Pfister note que « c’est cette qualité d’attention au monde extérieur comme au monde intérieur, c’est cette gravité qu’Etty a apprises de Rilke et intégré à sa manière d’être ». Il ajoute : « chez Rilke, Etty a appris l’acceptation du monde tel qu’il vient et la capacité de le voir vraiment, en ce qu’il a toujours de « beau » et de terrible ». Ce qui fait également dire à Gérard Pfister que « bien des attitudes d’Etty (…) peuvent plus aisément trouver leur grille de lecture dans la vision du monde rilkéenne que dans des influences religieuses, qu’elles soient juives et chrétiennes ».

Ainsi parlait Etty Hillesum, Dits et maximes de vie choisis
et traduits du néerlandais par William English et Gérard
Pfister, édition bilingue, Arfuyen, 180 pages, 14 euros.

On comprend mieux  que la jeune Etty, au plus profond de cette détresse qu’elle côtoie au camp de transit, ait pu ressentir l’œuvre de Rilke comme un phare dans la nuit, comme une étoile qui vous guide vers d’autres horizons. « Et de quoi,écrit-elle,  peut-on bien parler quand on se retrouve avec tant de soucis et de responsabilités sur quelques mètres carrés de lande grillagée dans la plus pauvre des provinces de Hollande ? De Rainer Maria Rilke, bien sûr ! ». Etty voit en Rilke « une tendresse qui s’enracine dans un terreau originel  de force et de rigueur vis-à-vis de soi-même ». Elle veut lire Rilke « tout entier », « l’intégrer » en elle, s’en « dépouiller » puis vivre de sa « propre substance ».

Il y a dans ce livre de pensées, méditations, réflexions, bien d’autres considérations de sa part sur la vie et le monde : la nécessaire émancipation de la femmes (« peut-être la femme n’est-elle pas encore née en tant qu’être humain »), le refus de l’esprit de système, l’importance de la poésie (« un vers de poésie est une réalité de même grandeur qu’un ticket de fromage ou des engelures »), l’art d’économiser ses mots (« que chaque mot soit une nécessité »), une nouvelle approche de Dieu (« une chose m’apparaît de plus en plus clair : ce n’est pas toi qui peux nous aider, mais nous qui devons t’aider »)…

Etty Hillesum renverse les perspectives. Ses pensées sont plus que jamais à méditer en ces temps de chaos. « Toutes les catastrophes procèdent de nous-mêmes », estimait la jeune femme.

Présentation de l’auteur

Etty Hillesum

Esther « Etty » Hillesum, née le 15 janvier 1914 à Middelbourg, aux Pays-Bas et morte le 30 novembre 1943 au camp de concentration d’Auschwitz, est une jeune femme  mystique connue car elle a connue pour avoir tenu son journal intime (1941-1942) et écrit des lettres (1942-1943) depuis le camp de transit de Westerbork pendant la Seconde Guerre mondiale.

Bibliographie (supprimer si inutile)

Poèmes choisis

Autres lectures

Etty Hillesum et Rainer Maria Rilke

Jeune juive hollandaise, Etty Hillesum est morte en déportation à Auschwitz le 30 novembre 1943 à l’âge de 29 ans. Elle est l’auteure de carnets et de lettres dont un florilège est réuni [...]

Etty Hillesum, Ainsi parlait Etty Hillesum

Dans ce recueil de la collection « Ainsi parlait », chaque fragment et extrait des cahiers ou lettres qu’écrivit Etty Hillesum au cours de sa brève vie suivent la chronologie de leur écriture. [...]

Pour une étude de la poésie d’Etty Hillesum

Cette étude est publiée dans le dernier chapitre d'Etty Hillesum, un chant de vie par-delà les barbelés, paru aux éditions L'Enfance des arbres.   « La beauté séduit la chair pour obtenir  la permission [...]