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Laisser venir les mots de Michel Cazenave

 

Si la vie est un songe,
la
disparition n’est-elle pas
comme le rêve
d’un songe ?
 

 

    Michel Cazenave, malgré les apparences radiophoniques et/ou autres, a consacré toute sa vie à la poésie. Non qu’il n’ait fait qu’écrire de la poésie ou des poèmes, pas plus que sa vie ait été une vie d’éditeur de poésie, non, c’est bien plus simple que cela et tient à ce que sont profondément la poésie et le Poème. Ecrire ou éditer de la poésie, cela peut très bien résulter d’un choix personnel. Être poète, être dans le cœur même du Poème, ne résulte d’aucun choix, sinon celui d’accepter un état de fait ou encore de se rendre disponible pour accueillir cet état de fait. C’est pourquoi il n’est pas anodin que tant de mystiques aient été poètes et que tant de poètes aient porté leur regard vers l’horizon du sacré. Le Poème donne, le poète reçoit et, à son tour, donne en respiration, en laissant vivre et vibrer le son du Poème le long de son être/poète. C’est pourquoi aussi les poètes authentiques, les poètes profonds, sont discrets : il n’y a qu’humilité à s’accepter être, au service d’un dépassement. En ce sens, celui d’une philosophie par le feu, les poètes de la trempe de Cazenave sont aussi, et nécessairement, des philosophes. Que l’on pense, entre autres, à un René Daumal ou à un Roger Munier, pour indiquer deux univers poétiques en apparence très différents.

   Toute l’œuvre de Michel Cazenave dit et est ce que je viens d’écrire ici.

    La vie en un réceptacle. Je sais que le poète Michel Cazenave ne m’en voudra pas de sembler ainsi le « réduire ». Il le sait bien, lui, qui consacra bien du temps à cela même, l’instant vivant entre les vivants et les dieux, que dire d’un poète qu’il est au service du Poème est le contraire d’une réduction de la personne écrivant. Mais, chut.

   C’est donc d’un lien, quelque chose qui se vit entre le haut et le bas, dont il s’agit et l’on ne sera alors pas surpris de lire l’Amour dans les mots de Michel Cazenave, ici, comme dans toute son œuvre poétique parue chez Arma Artis, Arfuyen, Rafael de Surtis, au Nouvel Anthanor… Cela dit une situation de l’être dans le paysage, tout de même. Les éditeurs où le poète publie son œuvre, cela dit.  Laisser venir les mots, dernier recueil paru du poète, est composé de quatre ensembles de taille sensiblement équivalente : Prières, Direlle, Rêve et La vie comme elle est. Cela trace un chemin. On lira des extraits des deux premiers ensembles dans les pages de Recours au Poème, si on le souhaite, avant, à la lecture du recueil, d’en saisir la cohérence, et la silhouette permanente de l’Amour. Car :

 

La vie est belle.
Elle est bonne.
Elle est tout ce qu’elle est.
 

Je l’en remercie.

 

écrit le poète.