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Sébastien Cochinard, Induration et autres poèmes

induration

 

endurer le silence

sans prise avec toi

qui m’échappe aux fractions

des souvenirs de tes pas

 

attirante étrangeté

multiplice lucidité

sfumato de ta cachette

dilatoire et secrète

 

tu te dérobes aux corneilles

femme de philtre jouxte treille

pouce-pied aux rêves ruelles

 

pour quel empan de sylve ancienne

rive entr’ouverte à ton jusant

nos corps ruseraient un radeau

 

 

coraux ou kumquats

 

ou sont-ce des coraux

je ne saurais le dire

pointes légèrement tendues aux reflets des kumquats

donne m’en s’il te plaît la clef

femme d’entre toutes les flammes

tes gestes exsudent une lenteur involontaire

ainsi tu ajustes tes bas avant d’aller au travail

me lançant un sourire à la dérobée

tu sais aussi qu’anthracite et sixte est ton antre

à la frôle chaleur j’y greffe l’ente

aux mille caresses palimpsestes

ce matin le soleil ne se lève pas

que faire Eva de cette nuit qui n’en finit pas sans toi ?

 

 

 algèbre à l’orme

 

une femme flambante aux mèches de désir

m’a couché ce matin dans des draps d’orme neuf

le baiser échappé de ses lèvres suintantes semblait

une moulure dédiée aux satellites de la sensualité

cette sculpture de l’étrange était recouverte du réticule vert-de-gris

de la honte et de l’ennui mêlés

mais aussi des mille petites plumes de la sagacité qu’on ne peut attraper

sans sentir entre ses doigts le vert frais des promenades

nous échapper

les bords enroulés de son ouïe

plus la blancheur de ses chevilles

plus les mésanges indécises laissant leurs pas au long cours de ses bras

égalent l’invasion de son sourire

moins la froideur de ses adieux

 

 

au repos du miroir

 

drogue infusée au sang du ciel comptant

message échappé seul au seuil du miroir

mygale glaçant noire l’almoravide nuit

péquins affolés nus courant à l’autre rive

surseoir de ma rivière flageolant des grelots

pour une aléatoire nuit vivre d’éternels repos

 

 

archéologie des saisons

 

le printemps incarnat

comme un lilas caché

sous les replis de tes senteurs marines

embaume attire et badine

pousse au crime de soupirer

tes sels enfreints tes fracas

c’est ton espoir

d’enfante et adolescente

risquant outrepassant tentatrice de toi-même

tôt consciente de ton étrangeté

et de la nécessité d’aucune concession

 

aux lourdeurs écrasantes de l’été

tu te loves et te réveilles

offerte à la chaleur levantine

du soleil de ta vie

re-belle aux reflets roux

j’ai adoré tes yeux à hauteur d’homme

tes yeux sulfures ton oeil corolle

surtout l’alternance de noir vêtue

de tes silences

et de tes fulgurances

réflexions pauses décisions soudaines

sac et ressac de ton imagination et de tes sensations

le temps long que tu t’offres

pour la promesse des découvertes de l’autre

 

aux fraîcheurs venteuses de l’automne

tu joues sans fausseté mais bravache

ta liberté

encore et toujours remise en cause

du moins te semble-t-il

ayant compris le soin d’autrui

 

Présentation de l’auteur

Sébastien Cochinard

Né en 1969, je vis depuis 1990 à Paris. J’écris des poèmes depuis l’âge de sept ans, deux périodes se détachant par leur plus grande intensité :1991 à 1997 puis 2017 à aujourd’hui. Parallèlement, j’ai repris un projet d’écriture de roman.

 

J’ai effectué une recension et une compilation exhaustive de mes poèmes en décembre 2017, au terme desquelles j’ai commencé à publier : huit de mes poèmes ont ainsi été acceptés dans la revue en ligne lichen, un premier poème sera publié en septembre 2018.

 

Mon écriture a des reflets charnels, surréalistes, elle est résolument tournée vers les sentiments amoureux, le rapport aux corps et à l’altérité. Je trouve mon inspiration dans mes marches diurne et nocturne dans les rues parisiennes, les visites de galeries d’art, d’ateliers d’artistes (peinture, dessin, sculpture), de musées, mes lectures et le souvenir des montagnes cévenoles.

J’assiste à des lectures de poésie et participe à un cercle de lecteurs de poèmes se retrouvant mensuellement.

 

La plupart de mes poèmes sont consultables sur ma page :

https://www.facebook.com/scochinard

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