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Une maison pour la Poésie 1 : Annie Estèves — Maison de poésie Jean Joubert de Montpellier -

Annie Estèves, fonde à Montpellier avec le poète Jean Joubert et la libraire Fanette Debernard la « Maison de la poésie » en 2005. En 2010, La Maison de la poésie, devenue « Maison de la poésie Jean Joubert », dispose d’un lieu dédié et est soutenue par l’ensemble des collectivités. . Directrice artistique, Annie Estèves organise la programmation de cette entité essentielle au sein de l'agglomération montpelliéraine à laquelle elle offre des  rencontres avec les poètes et les éditeurs, des lectures, des performances, des spectacles, des ateliers et des expositions. A ce travail conséquent mené depuis des années pour défendre et porter la poésie,  Elle est responsable de la  programmation de la manifestation « Le Printemps des poètes » à Montpellier. Elle a accepté de répondre à nos questions, pour inaugurer cette nouvelle rubrique dans laquelle Recours au poème donnera la parole aux Maison de la poésie, qui, dans des agglomérations de diverses importances, sont ce lieu indispensable où la parole poétique vivante et incarnée s'offre à un public de plus en plus important.

Qu’est-ce qu’une Maison de la Poésie ?
Le mot « maison » a bien entendu de nombreuses connotations, nous retenons celles qui sont positives. Une maison pour la poésie est une reconnaissance de la place qu’elle peut occuper dans la cité. Ce n’est pas un lieu d’enfermement, mais un lieu de rayonnement. Un point de ralliement pour tous les amoureux de cet art qui ont envie d’œuvrer à sa diffusion.
Rappelons-nous que ce sont Pierre Seghers et Pierre Emmanuel qui sont à l’origine de cette idée, et qui ont implanté la première à Paris en 1983 sur la terrasse du forum des halles avant qu’elle n’intègre ce lieu merveilleux qu’est le théâtre Molière. Elle avait pour vocation de « promouvoir l’expression de la création poétique sans exclusion de genres, de formes esthétiques ou de pays ».
Auparavant, en 1975, au Centre Culturel de Rencontre de la Chartreuse à Villeneuve-lès-Avignon, Gil Jouanard et Marie Jouannic avaient créé une structure qui préfigurait les maisons de poésie, « La Maison du livre et des mots ».

Jean Joubert et Annie Estèves, association Maison de la poésie.

Celle que nous avons créée à Montpellier est un lieu dédié au partage et à la diffusion de la poésie, ouvert à tous, accessible et gratuit, doté d’une importante bibliothèque qui s’enrichit en permanence. Un haut lieu de l’écoute de la poésie, multilingue.
S’y retrouvent les poètes, les lecteurs de poésie, les éditeurs et revuistes, les amateurs de littérature, pour partager leur passion et la faire partager.
C’est aussi une structure culturelle, un organisme vivant, qui travaille avec de nombreux partenaires : médiathèques, musées, théâtres, galeries d’art, librairies, centres culturels.
Le rayonnement de la poésie et sa conjugaison avec les autres arts font partie intrinsèque du projet.
Tu diriges la Maison de la Poésie Jean Joubert à Montpellier. Peux-tu évoquer sa création, le lieu, et sa mission ?
C’est au cœur de l’Ecole, et au milieu d’adolescents, que la maison de la poésie a été rêvée.
Enseignante, passionnée de poésie, j’avais créé dans l’établissement où j’exerçais, un « atelier de pratique artistique poésie », qui marchait très fort, et j’invitais régulièrement dans mes classes des poètes, des comédiens, des artistes… J’ai fait venir Jean Joubert, poète que je rencontrais souvent dans une librairie du centre- ville de Montpellier, tenue par deux libraires merveilleux, Jean et Fanette Debernard, qui organisaient de fameuses rencontres avec les écrivains : Frédéric Jacques Temple, Jean Joubert, Max Rouquette, Jean Rouaud, Régine Detambel, Christine Angot, Camille Laurens, Marie Rouanet, Yves Rouquette,entre autres, fréquentaient le lieu.

Maison de la Poésie Jean Joubert.

Jean Joubert, qui se rendait dans quantité d’établissements scolaires, a été frappé par la connaissance et le goût de la poésie contemporaine chez mes élèves. Devenu parrain de l’atelier, il a entretenu avec ses membres une correspondance assidue et nous rendait visite fréquemment, par amitié. Hélas en 2003, Jean Debernard nous a quittés, la librairie Molière a fermé. Toute une époque disparaissait. C’est ainsi, au cours de nos discussions, avec Fanette Debernard, Jean Joubert, Frédéric Jacques Temple, que j’ai lancé l’idée de fonder, à Montpellier, un lieu dédié à la poésie. C’était un peu comme reprendre le flambeau des fameuses rencontres de la librairie Molière, et le prolongement du travail qui s’accomplissait dans les classes, où nous avions l’ambition de former des lecteurs.
Jean Joubert s’est laissé facilement convaincre, car il avait la passion de la transmission, et l’énergie d’un militant.
Jean, Fanette et moi, avec l’aide attentive de Frédéric Jacques Temple, avons construit le projet de créer un lieu dans lequel la poésie,  à cette  époque accusée d’élitisme, vivrait en permanence.
Une autre personne a joué un rôle très important : Jean-Pierre Siméon. Alors directeur artistique du Printemps des Poètes, il m’a invitée à venir le voir pour lui présenter le projet. Sans hésiter, il m’a accordé sa confiance et a tout fait pour que notre projet réussisse, notamment en constituant et en présidant un comité de parrainage pour convaincre les institutions et les collectivités.
Avoir eu l’estime, l’amitié et le soutien de ces personnes-là m’a donné la force pour entreprendre cette aventure.
Jean a mis sa notoriété, le respect, l’admiration et la bienveillance qu’il  inspirait partout et à tous, au service de cette cause. Les collectivités nous ont fait confiance, en nous accordant des subventions pour démarrer nos activités en 2006 : la ville de Montpellier, la Région, le département de l’Hérault, simultanément, nous ont aidés. Nous avons d’abord été nomades, mais accueillis chaleureusement dans les théâtres, notamment le Théâtre Jean Vilar, alors dirigé par Luc Braemer,  le conservatoire d’art dramatique, les médiathèques, les maisons de la culture, les musées.

Maison de la Poésie Jean Joubert, Printemps des Poètes 2021. Nul chemin dans la peau que saignante étreinte. Concert littéraire Jean D'Amérique et Lucas Prêleur Partie 3 : pour Alep et d'autres ruines.

La première soirée que nous avons organisée, lors du Printemps des poètes 2006, a été un coup de maître qui nous a fait connaître tout de suite : « Lectures de Frédéric Jacques Temple par Denis Lavant », au conservatoire d’art dramatique dirigé alors par Ariel Garcia Valdès. Dans la salle – comble-  se côtoyaient le jeune public enthousiaste des étudiants comédiens et le public, plus âgé, amateur de soirées littéraires. Quel beau mélange !
Puis, en 2010, grâce à Jean Joubert et à la volonté de Michaël Delafosse, alors adjoint à la Culture, aujourd’hui maire de Montpellier et Président de la Métropole, la Ville de Montpellier a mis un lieu à la disposition de notre structure. Un événement, un geste très fort, car rares sont les communes qui disposent d’un tel lieu. Jean Joubert a été très fier de voir ainsi la poésie prendre place durablement au cœur de la cité dans un lieu dédié.
Ce lieu, Le moulin de l’Evêque, situé en entrée de ville, appartient au patrimoine historique de la ville. Il a une capacité d’accueil de public de 50 personnes, un parking voitures à proximité, est desservi par 2 lignes de tramway, est tout proche de la médiathèque centrale Emile- Zola. C’est un très bel outil. Nous y développons notre programmation annuelle, et organisons des activités régulières : atelier d’écriture, permanences poésie, bibliothèque, activités d’encouragement à la création…
En 2012, lorsque le label « Ville en poésie » a été créé par le Printemps des Poètes, Montpellier a été la première ville à l’obtenir, pour avoir créé ce lieu, pour l’intérêt et le soutien que la Ville manifeste pour la poésie, et qui prend en compte la longue histoire d’amour entre Montpellier et les poètes : Valéry Larbaud, Paul Valéry, Francis Ponge, Max Rouquette, Frédéric Jacques Temple, entre autres, en ont fait « la ville des poètes », et cela continue aujourd’hui, car de grands poètes y vivent, et Montpellier foisonne d’associations et de lieux ouverts à la poésie.
Une ville qui accorde une place à la poésie, qui la reconnaît comme une composante à part entière du paysage culturel, c’est une chance.
Jean Joubert a été le président charismatique de notre structure, pendant dix ans. Il est décédé en 2015. Nous avons perdu un grand poète, un ami proche, un allié. Il reste notre figure tutélaire. La Ville a décidé, pour lui rendre hommage, de donner au lieu le nom de Jean Joubert, et notre association a alors pris le même titre.

Printemps des Poètes 2021. Habiter poétiquement le monde à la Maison de la Poésie Jean Joubert. Lectures par Maud Curassier - Partie 4 : Le monde contemporain - Laurence Vielle, JMG Le Clézio Philippe Jaccottet.

Les missions que nous nous sommes données sont multiples. Elles sont énoncées dans l’objet de notre association, rappelé dans notre bulletin d’adhésion : « Avec la volonté de diversifier et de mêler les publics, par un travail notamment en direction des jeunes, l’association propose, avec une ferme exigence de qualité, d’accueillir tous les mouvements, toutes les tendances et toutes les formes de poésie, pour « élargir le cercle du partage » et atteindre une vaste audience intergénérationnelle. Poètes connus du grand public ou découverts par les éditeurs et les revues seront bienvenus. Rencontres, lectures, mises en espace, spectacles, interventions, auront un point commun : la qualité des intervenants, pour que chaque moment de poésie soit exceptionnel. »
Nous avons une devise : « Exigence et diversité ». L’exigence, c’est le respect, pour tous ceux qui aiment la poésie ; la diversité, c’est l’ouverture au monde, aux langues, aux pratiques.
Comment fais-tu pour que ce lieu vive ? Est-ce que la Région ou la commune aident à sa pérennité ?
Les collectivités soutiennent unanimement nos actions, depuis le début.
Partenaires d’Occitanie livre & lecture, l’agence régionale pour le livre, et soutenus par le Centre national du livre, nous avons signé la charte des auteurs. Nous faisons venir des auteurs et nous les rémunérons ; pour cela, et pour la bonne marche du lieu, nous sollicitons les collectivités.
La Ville de Montpellier est notre soutien principal, puisque outre le lieu mis à notre disposition, nous sommes liés par des conventions de partenariat, pour la programmation annuelle, et pour celle du Printemps des poètes, avec les subventions afférentes. La Métropole intervient pour nos projets avec certains partenaires, comme le musée Fabre, ou le réseau des médiathèques. La Région Occitanie nous aide pour notre fonctionnement annuel et l’ensemble de nos actions. Le Département de l’Hérault intervient ponctuellement. Le  Centre National du Livre nous apporte une aide importante pour le Printemps des Poètes.

Maison de la Poésie Jean Joubert, Printemps des Poètes 2021, En mémoire de Frédéric Jacques Temple, lectures par ses amis poètes. James sacré lit "A celui qui marchait dans le soleil, à Taos" de James Sacré et "Westbound" suite extraite de Foghorn, de Frédéric Jacques Temple (Anthologie personnelle, Actes Sud)

C’est toute une équipe qui fait vivre le lieu !
Le fonctionnement de la structure est basé sur le bénévolat : nous n’avons pas de personne salariée, toutes les tâches sont accomplies par l’équipe de seize personnes qui composent le C.A. de l’association. Une équipe de passionnés et passionnées, en grande majorité des poètes, qui fait en sorte que la machine tourne à un niveau professionnel.
Chacun s’engage et s’implique : direction artistique,  gestion, atelier d’écriture, permanences poésie, catalogage et mise en valeur de la bibliothèque…Tout cela avec dévouement et humilité. Nous avons créé en 2017 un dispositif d’encouragement à la création, qui marche très fort, intitulé « Nouvelles Voix d’ici », piloté par un comité de lecture qui comprend 6 poètes. Des auteurs non encore publiés soumettent leurs écrits à ce comité. A chaque session, 4 sont sélectionnés et nous leur offrons la possibilité d’une lecture publique à la Maison de la Poésie, la chance de rencontrer un public, et peut –être, un lectorat.
Il existe aujourd’hui un collectif de Maisons de la poésie. Pourquoi a-t-il été créé ? Par qui ? A quelle nécessité répond cette entité ?
La Fédération européenne des Maisons de poésie, devenue Fédération des Maisons de poésie/ MAIPO/ réseau international,  a été créée en 2006
Elle réunit des structures françaises et francophones associatives ou professionnelles.

Printemps des Poètes 2021, En mémoire de Frédéric Jacques Temple, Jean-Baptiste Para lit le poème "Sud-Express" ( "Sud, Foghorn", Anthologie personnelle Actes Sud et La chasse infinie et autres poèmes, Poésie/ Gallimard).

Elle a pour mission « d’assurer l’existence, la préservation, le développement et le rayonnement culturel des maisons de poésie, par la mutualisation des informations, l’échange, l’aide à la diffusion, l’organisation de manifestations et toutes initiatives favorisant la promotion et la diffusion de la poésie dans tous les pays, en privilégiant les écritures contemporaines. Elle favorise l’émergence de nouvelles structures. »
Les structures membres, une vingtaine actuellement, se retrouvent, chaque année, au Marché de la Poésie à Paris. Nous pouvons faire le point, échanger, mettre en place des projets communs. C’est une tâche difficile car les situations sont très disparates, mais nous sommes animés par l’amitié et par le même désir de faire avancer les choses, c'est-à-dire, contribuer à changer l’image de la poésie aux yeux du grand public, la faire exister dans les médias, convaincre les institutions de la nécessité et de l’intérêt de créer des lieux dédiés.
Des réunions sont organisées au sein des structures membres, et nous avons été structure invitante pour des journées de travail  en 2013. C’est très important d’échanger, c’est le maître-mot de notre fédération. Un événement comme « Les poètes n’hibernent pas », basé sur une invitation réciproque entre une ou plusieurs maisons de poésie, est par exemple très fédérateur, et très inspirant.
La « rentrée littéraire en poésie » permet aussi un éclairage sur les productions éditoriales dans chaque région, et une meilleure visibilité de la création, et  de l‘action des éditeurs.

Maison de la Poésie Jean Joubert Printemps des poètes 2021, Aimantation de la voie de Jean-Marie de Crozals et Sylvie Fabre G. (éditions les Lieux dits) Lecture musicale avec Claire Menguy, violoncelle - Partie 2 : Passante dans la montagne, Sylvie Fabre G. Claire Menguy.

Quel genre de public accueilles-tu ? Est-ce que les plus jeunes viennent écouter de la poésie ?
Comme je l’ai dit, nous tenons beaucoup à la présence des jeunes, puisque le travail de formation des lecteurs a été à l’origine de l’idée d’une maison de poésie. Le public s’est diversifié au fil du temps, avec l’explosion de la poésie scénique et la forte présence des femmes poètes. Les générations se rencontrent, il y a un public jeune, connaisseur et novateur, emmené par les poètes de sa génération. Le travail mené en direction du jeune public : rencontres dans les établissements scolaires, accueil de classes au sein de la Maison de la poésie, porte ses fruits. Nous travaillons également avec l’Université Paul Valéry et la présence des étudiants est précieuse.
Et, fait très important, nous avons construit un partenariat avec le Cours Florent à Montpellier. De jeunes comédiens en formation viennent donner des lectures publiques et participer à des rencontres. C’est un apport considérable. Le travail de la lecture de poésie est un aspect particulièrement rare et difficile du travail de comédien et c’est encourageant d’en voir certains se passionner pour cela.
La Maison de la Poésie  a une longue histoire avec d’exceptionnels interprètes de la poésie avec lesquels nous avons travaillé dès le début et travaillons régulièrement : Denis Lavant, Robin Renucci, Jacques Bonnaffé…Ce sont d’immenses lecteurs et de fortes personnalités : quel bonheur d’entendre Denis Lavant dire Frédéric Jacques Temple, ou Jacques Bonnaffé partager la lecture avec James Sacré ou Valérie Rouzeau, Arthur H. construire une lecture avec James Noël, Robin Renucci lire Rilke devant des lycéens. Quelle générosité de leur part d’accepter de soutenir notre projet. Car la notoriété de ces artistes, forcément, amène un public à découvrir la poésie et à se débarrasser de ses préjugés.
Est-ce que les Maisons de la poésie contribuent à faire connaître des poètes, à diffuser et à faire lire de la poésie ?
C’est un de leurs objectifs ! Nous travaillons avec les libraires et les éditeurs. Le livre est toujours présent, toujours proposé lors des rencontres que nous organisons. Ecouter un poète, et pouvoir, tout de suite, se procurer son livre, cela fait partie du jeu, de la satisfaction immédiate d’une curiosité ou d’un intérêt ; la poésie circule, elle est vivante, il faut montrer la production. C’est aussi pour cela que nous avons créé l’événement « Rentrée littéraire en poésie », partagé maintenant par la MAIPO. Nous invitons fréquemment des éditeurs à venir présenter leur maison d’édition, entourés de plusieurs de « leurs » poètes.

Il faut dire aussi que nous sommes ouverts à toutes les formes. La lecture - rencontre reste la base, mais nous accueillons des performances, des lectures- concert, des lectures dansées, des spectacles, des formes qui proposent d’aborder la poésie autrement. Favoriser l’émergence de nouveaux auteurs est un acte important.
Nous invitons de jeunes auteurs pour lesquels nous avons un « coup de cœur », et que nous contribuons à faire connaître. Le dispositif « Nouvelles voix d’ici » a le même sens : c’est une opportunité offerte à de nouvelles plumes sélectionnées. Certaines font leur chemin, sont éditées.
En plus des lectures que tu organises, des poètes que tu invites, tu proposes des contenus audiovisuels. Peux-tu évoquer ces dispositifs particuliers ?
C’est une des rares conséquences positives de la période des confinements et de la fermeture des lieux culturels pendant la période des restrictions de la pandémie. Nous avons continué d’accueillir des poètes, « sans public présent ».
Nous avons fait appel à un cinéaste professionnel, Gérard Corporon, qui a réalisé de petits films, - on ne peut pas simplement parler de « captation » - dans de très bonnes conditions techniques. Jean D’Amérique avec Lucas Prêleur, James Sacré avec l’artiste Raphaël Segura, Sylvie Fabre et Jean-Marie de Crozals avec Claire Menguy, Estelle Fenzy et Alain Andreucci avec Claire Menguy également, le spectacle « Delta (s) » de Pierre et Fabrice Soletti, figurent ainsi sur ces vidéos.

Printemps des Poètes 2021. Lectures de poèmes de l'anthologie-manifeste habiter poétiquement le monde par la comédienne Maud Curassier, à la Maison de la Poésie jean Joubert - Partie 2 : Le monde post-romantique, Henry David Thoreau, Nerval, Emilie Dickinson.

Avec le musée Fabre, nous avons travaillé de la même manière, en réalisant les lectures concerts en video au sein du musée sans public, « Pour saluer Frédéric Bazille » par exemple, ou des podcasts « Saison contemporaine : Bloch, Bordarier, Arnal.
A quelle nécessité répond cette diffusion des événements que tu organises ?
Cela nous permet de constituer de précieuses archives. Nous avons reçu au fil des ans quantité de poètes merveilleux.
Hélas nous n’avons pas d’enregistrement, ni visuel ni sonore, des rencontres avec Yves Bonnefoy, Michel Butor, Franck Venaille, Yves Rouquette, Bernard Noël, Luis Mizon…Quel dommage.
Alors que la création de notre chaîne YouTube nous permet de voir et revoir les poètes que nous avons reçus, « sans public », lorsque les lieux culturels étaient fermés au public, pendant la période de confinement.
C’est vrai que le caractère unique et éphèmère de nos rencontres, s’il les rend précieuses, est également frustrant. C’est pourquoi la publication de textes sur notre blog, lors de l’hommage à Frédéric Jacques Temple au  Printemps des poètes 2021, qui a abouti à une publication en volume par les éditions Domens et Méridianes,  nous a également fait réfléchir à ce besoin de laisser des traces ou de donner un caractère pérenne à nos actions.

Et demain, la Maison de poésie Jean Joubert ? Que sera 2023 ?
Continuer, évoluer, innover !
Il y a des axes que nous allons garder, qui structurent la programmation annuelle, par exemple les grands événements littéraires : Les Nuits de la lecture, le Printemps des Poètes, la Comédie du Livre/ 10 jours en mai, ceux que nous avons créés avec la MAIPO : La rentrée littéraire en poésie, Les poètes n’hibernent pas. Egalement notre soutien et notre participation aux festivals de poésie : Voix vives de la méditerranée à Sète, festival de poésie sauvage à la Salvetat sur Agoût, festival Sources poétiques en Lozère. Il y a une présence permanente de nos actions dans le paysage culturel.

Printemps des Poètes 2021. Maison de la Poésie Jean Joubert. Lecture musicale de "Aimantation de la voie", de Jean-Marie de Crozals et Sylvie Fabre G. (éditions les Lieux dits) - 1ère partie : L'huis nu Jean-Marie de Crozals Claire Menguy, violoncelle.

Le partenariat que nous avons construit avec les musées, notamment le musée Fabre, et intitulé « La poésie au cœur des arts », est également très important : lectures concerts, déambulations poétiques au sein des expositions temporaires ou des collections permanentes. Ces formes rencontrent beaucoup de succès, et c’est un autre aspect de notre travail de sensibilisation à la poésie.
Nous allons reprendre le partenariat avec le musée Paul Valéry à Sète.
Construire des passerelles entre les arts, peinture, musique, arts visuels, est passionnant. Nous accueillons souvent des expositions sur nos cimaises.
Nous aurons également une présence forte dans le réseau des médiathèques de la métropole.
Nous sommes engagés dans le soutien à la candidature« Montpellier capitale de la culture 2028 » et cela donne de la force à notre dynamique.
Un grand projet qui nous tient à cœur se met en place, « les poètes traduisent les poètes ». Il irriguera l’ensemble de notre programmation 2023. Nous avons la chance d’avoir pour parrain de ce projet Jean-Baptiste Para, et de grands rendez-vous sont prévus. Nous mesurons l’importance de nos « alliés substantiels », et c’est exaltant.
Le mot « projet » fait partie de notre vie et de cet élan renouvelé qui nous anime.
La poésie est en perpétuelle transformation, les jeunes s’en emparent, et c’est formidable d’être au cœur de ces évolutions tout en garantissant l’héritage.
« Poésie, la vie future à l’intérieur de l’homme requalifié ».
René Char est toujours là pour y veiller.

L’équipe de la Maison de la Poésie Jean Joubert

Bureau :
Annie Estèves (présidente), Jacques Guigou, François Szabo,  Jean-Louis Kéranguéven, Pierre Manuel.

Responsables des activités :
Permanences poésie : François Szabo.
Atelier d’écriture : Patricio Sanchez.
Bibliothèque : Chantal Enocq, Anne-Marie Jeanjean,  Marie-Agnès Salehzada.
Nouvelles Voix d’Ici : James Sacré, Marie-Agnès Salehzada, Jacques Guigou, Christian Malaplate, Jean-Louis Kéranguéven, Olga Pinilla-Burguière.

Autres membres du C.A.
Caizergues Pierre, Debernard Fanette, Glück Michaël, Helme Danielle, Musiol Claire, Parra-Senault Manuelle.

JEAN JOUBERT

Poète, romancier, auteur de nouvelles, auteur de littérature jeunesse, cofondateur et Président pendant 11 ans de la Maison de la Poésie à Montpellier, Jean Joubert est  né à Chalette-sur-Loing (Loiret), en 1928 et décédé en 2015 à Montpellier. Son quatrième roman, L’Homme de sable (Grasset), fiction inspirée par la construction de la Ville de La Grande Motte, a obtenu le prix Renaudot en 1975.

Jean Joubert a reçu le Prix Antonin-Artaud pour Les lignes de la main (Seghers, 1955), le Prix Mallarmé en 1978 pour Les poèmes 1955-1975 (Grasset), le Prix Kowalski de la Ville de Lyon  pour L’Alphabet des ombres(Editions Bruno Doucey 2014). Son roman Les enfants de Noé (L’école des loisirs), a obtenu le Prix de la Fondation de France du  meilleur roman pour la jeunesse en 1978. Un recueil posthume, Longtemps j’ai courtisé la nuit, a été publié par les éditions Bruno Doucey en 2016. Cet ouvrage réunit le premier recueil publié par Jean Joubert en 1955 chez Seghers, Les lignes de la main, et un ensemble de textes épars envoyés à ses amis au fil des jours.

Jean Joubert.

Présentation de l’auteur

Professeur de lettres investie dans des projets pédagogiques axés sur les arts et la littérature, Annie Estèves a dirigé durant sa carrière d’enseignante des « classes pilotes » et des ateliers de pratique artistique en collaboration avec des poètes, des comédiens et des artistes, militant pour une culture vivante à l’école.
En 2005, elle a fondé à Montpellier avec le poète Jean Joubert et la libraire Fanette Debernard l’association « Maison de la Poésie », dont lui a été aussitôt confiée la direction artistique. Responsable de la programmation annuelle de la structure et de la programmation de la manifestation « Le Printemps des Poètes à Montpellier », elle s’est alors consacrée aux activités de la Maison de la Poésie, qui dispose depuis 2010 d’un lieu attribué par la Ville de Montpellier.
En 2016, en hommage au poète Jean Joubert décédé en 2015, la Ville de Montpellier a dénommé le lieu « Maison de la Poésie Jean Joubert », et l’association a pris le même titre.

Depuis 2018, Annie Estèves est Présidente de la Maison de la Poésie Jean Joubert.

Poèmes choisis

Autres lectures