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Jejuri, d’Arun Kolatkar – du Commonwealth au common place, quelques aspects de la banalité urbaine

 En 1977, juste un an après sa parution, Jejuri, très significativement, reçoit le Commonwealth Poetry Prize. Pour Kolatkar, qui compose en anglais et en marathi, il s’agit là d’une valorisation exceptionnelle : le recueil s’extrait de sa circulation confidentielle, si ce n’est underground (publié dans la petite imprimerie de Pras Prakashan, il touchait jusqu’alors surtout les artistes et intellectuels avant-gardistes de Bombay) pour connaître une diffusion nationale et internationale.

À la date, l’Inde, en plein essor, développe un urbanisme cosmopolite. Les poèmes qui forment Jejuri sont écrits en anglais (on se réjouit de la récente édition bilingue, parue en 2020 aux éditions Banyan, avec une traduction de Roselyne Sibille) : quelque trente ans après l’indépendance du pays, Kolatkar choisit de perpétuer cette langue que les Indiens, par la force des choses, se sont appropriée (à la lecture, on note, par contagions d’usages et de sens induits par l’hindi, quantité d’aménagements, de sens détournés, de faux-amis).

Par ailleurs, choisir Jejuri comme aire (non seulement un lieu, mais aussi un ensemble d’images, de symboles, de représentations) où déployer des poèmes est un geste signifiant : faisant un pas de côté par rapport à ce Bombay qu’il habite et connaît par cœur, Kolatkar n’en est que plus sensible, parce qu’il le reçoit frontalement, à cet ensemble composite et complexe que constitue la ville de pèlerinage.

Arun Kolatkar, Jejuri, Banyan éditions, 2020, 170 pages, 16 €.

Le poète, accompagné de son frère Makarand et son ami Manohar Oak, appréhende cette cité d’un œil neuf. La construction du recueil, qui s’ouvre par « Le bus» et se ferme par « La gare », ensemble de six poèmes que l’on pourrait qualifier de ferroviaires, souligne bien le caractère particulier de ces poèmes ambulatoires : Kolatkar n’est aucunement un pèlerin, mais bien plutôt un pérégrin ; il circule dans des espaces choisis, en un temps donné, car à Jejuri, le voyageur ne demeure pas longtemps. La brièveté de son séjour est à l’aune du caractère éphémère de tout ce qui s’y rencontre.

Le voyage en bus, puis la promenade à pied dans certains quartiers de la ville, favorisent une perception très morcelée, toute de concaténations et de raccourcis visuels ; le poème liminaire, «Le bus», où le narrateur s’amuse de son reflet dansant dans les lunettes de son voisin d’en face, l’établit d’entrée : « Ton propre visage reflété deux fois dans une paire de lunettes/[…] Tu sembles te mouvoir en permanence », « continually forward/toward a destination », écrit Kolatkar, et la juxtaposition des adverbes, la redondance qu’ils établissent avec « a destination », sont révélatrices du mouvement irrépressible qui s’exerce dans l’ensemble du recueil, entre élan et attraction, incoercible curiosité et appel puissant.

Le Jeruri de Kolatkar n’est pas précisément conforme à l’image attendue. Fi des impressions usuelles et des clichés de cartes postales : pour peu, on oublierait presque qu’il s’agit d’un site fréquenté par des milliers de fidèles venus y faire leurs dévotions. Peu portés au prosélytisme, les poèmes de Kolatkar n’ont pas non plus vocation touristique, ni même ethnographique ; ils explorent plutôt l’envers du décor – la vérité nue et crue des lieux. Dans un environnement dédié aux traditions et aux croyances ancestrales, a fortiori parce qu’il s’adresse à une société fondamentalement clivée et hiérarchisée, on pourrait s’attendre à des structures solides et à des organisations pérennes. Or, il n’en est rien. Les lignes de démarcations sont très minces, si ce n’est inexistantes. Par exemple, Manohar, l’ami de Kolatkar, au gré d’une péripétie plaisante, prend une étable pour un temple : « La porte était ouverte/ Manohar pensa/que c’était un temple de plus.//[…] Ce n’est pas un autre temple,/dit-il,/c’est juste une étable ». Et cette méprise, comique dans ses effets, trouve sa justification quelques pages plus loin : « qu’est-ce qui est dieu/et qu’est-ce qui est caillou/la ligne de séparation/si elle existe/est très mince à Jejuri » ; il faut dire que les dieux eux-mêmes n’aident pas à imposer préséances et hiérarchies : s’ils « ont tous à être honorés », pour autant, ils se confondent dans des équivalences peu glorieuses ; Kolatkar, dans le poème intitulé « Yeshwant Rao », les décrète « too symmetrical/or too theatrical » : qu’ils soient trop ressemblants (« symmetrical », voici un exemple de ces faux-amis soufflés par l’hindi que j’évoquais plus haut) ou trop cabotins, trop comédiens, cela revient au même au final : comment y croire ? Rien d’étonnant si la piété elle-même est très dégradée, si prieurs et vieilles mendiantes, sur le parvis des temples, rivalisent de vénalité et de vulgarité.

Par une espèce d’ironie fatale, le temps fait son œuvre de délabrement. Aucune valeur, aucun édifice qui tienne définitivement dans Jejuri. Ainsi, « Cœur de ruines » décrit un temple abandonné : « Une chienne bâtarde a trouvé place/pour elle et ses chiots // Au cœur des ruines./Peut-être qu’elle préfère ainsi les temples ». Dans l’indifférence la plus complète, « Personne ne semble s’en soucier », la « maison de dieu » se détériore, sa  « porte [est] encombrée de tuiles cassées ». Rien n’est plus à sa place, ni ne remplit son office premier : « Ce n’est pas un seuil./C’est un pilier sur son côté » (« Le seuil de la porte »). L’œil du voyageur, de poème en poème, pointe des équipements hors d’usage, tels « un robinet à sec » ou encore « un gond cassé ». Seul Kolatkar, avec le sens du détail qui le caractérise, semble percevoir ces réalités tristement banales, qu’il transcrit avec une minutie exemplaire.

Quand tout, très vite, devient désolé, il n’est qu’à cultiver des enchantements passagers – même si, ainsi l’atteste la chute du poème, l’illusion ne saurait durer : « une canalisation/court sur sa base/tourne au coin de la maison/s’arrête net sur son parcours/avance tout droit/rase le mur/revient sur ses pas/s’enroule sur elle-même/et s’arrête soudain/souris de cuivre au cou brisé » (« La distribution d’eau »).

Difficile de garder des souvenirs quand tout est promis à la décrépitude. Le poème intitulé « Le réservoir » joue avec ces diverses dimensions (strates de mémoire, épaisseur de matière), le réservoir d’eau figurant la réserve des souvenirs collectés : « Il n’y a plus une seule goutte d’eau/dans le grand réservoir construit par les Peshwas.// Il n’y a rien dedans./ Seulement cent ans de vase ». La rime « built/silt », dans le texte original, fait apparaître le destin de toute construction : délitement, déliquescence. Qu’est-ce donc qu’un réservoir privé de ses réserves ? Une vanité des temps modernes, vaseuse, informe, malodorante. Ainsi en va-t-il de la mémoire – lieu de stockage incertain, de classifications douteuses. Le poème « Le placard » souligne la difficulté à conserver toutes choses : sa porte vitrée est brisée et rafistolée avec des morceaux de vieux  journaux jaunis ; cette réparation de fortune crée un « assemblage » (tel est le mot du poète) fait de proximités nouvelles : « tu peux voir les dieux d’or/au-delà de bandes/de cotations boursières » ; se jouxtent les réalités du monde moderne, dominé par l’économie et la finance, et les traditions du passé. Et il se trouve que les journaux comme les dieux, au moment où s’écrit le poème, sont tous, autant qu’ils sont, d’un autre âge. Tout change, vieillit, devient caduc, en proie à une obsolescence absolue.

Les temples sont désertés par les dieux, désertés par les hommes – mais, tant qu’il est un poète pour les regarder, ils ne sont pas désertés par la poésie. Le regard de Kolatkar n’est pas désenchanté, mais formule plutôt des constats souriants ; il collecte des notations empreintes d’humour et de dérision : « La porte serait partie/depuis très très longtemps/ s’il n’y avait eu/ce short/mis à sécher sur ses épaules ». Et, dans le même état d’esprit : « Le temple de Khandoba/s’élève avec le jour./Mais il ne doit pas tomber/avec la nuit ».

C’est que la ville, dans ses méandres et ses retraits, ménage des surprises saisissantes, fait surgir des émotions stupéfiantes. Ainsi, dans le poème « Entre Jejuri et la gare», Kolatkar note sa stupéfaction : « Tu t’arrêtes à mi-chemin entre/Jejuri d’un côté et la gare de l’autre./ Arrêt complet/et tu restes immobile comme une aiguille en transe./ Comme une aiguille qui a atteint un équilibre parfait entre des graduations égales. […] 

Rochelle Potkar talks about Arun Kolatkar and his multilingual page poetry, and reads some of his finest work.

Et tu te tiens là oubliant comme tu dois sembler stupide ». Interdit, stable sur ce point d’équilibre qu’est le regard, tel est le poète : saisi d’une émotion, d’un émoi tel que, faisant mentir le sens même de ces mots, il se voit immobilisé. Dans cet univers qui s’effrite et s’effondre progressivement, dans cette accumulation de chutes et de ruines, la seule instance qui soit, solide, fiable, stable, est le regard sidéré du poète. Là est l’ancrage sûr, la balise, la mesure : l’instrument précis, infaillible, qui permet de percevoir que « l’esprit du lieu/vit à l’intérieur du corps galeux/du chef de gare ».

Quand on habite Bombay, parangon, s’il en est, de l’effervescence bouillonnante des villes indiennes de ce début des années soixante-dix, curieusement, le plus court chemin pour  accéder à l’essence même de l’agglomération urbaine est de passer par Jejuri, soit d’effectuer un détour de presque deux cents kilomètres. Jejuri figure une forme de recueil premier, où les grands motifs de la poésie de Kolatkar se façonnent et s’organisent : la ville, et, dans son prolongement, la poésie de la ville, du fait de la distance et du changement de focale, plus nettement définissent leurs contours. Ce qui intéresse le poète, c’est la façon dont une cité orchestre des proximités insolites, des conjonctions qu’on dirait organiques (enkystements, absorptions inattendues, greffes) entre des univers fondamentalement différents. L’hétérogénéité est source de transformations incessantes, toutes d’adaptation, d’incorporation – de création. Kolatkar, après avoir écrit Jejuri, concentrera toute son attention à la ville-phare de l’état du Maharashtra : Kala Ghoda, poèmes de Bombay, désormais peuvent s’écrire.

Un documentaire sur le poète hindi Arun Kolatkar. Produced by Sahitya Academy.

 

Présentation de l’auteur

Arun Kolatkar

Arun Kolatkar est un des plus grands écrivains indiens.

. En 1949, il obtient son diplôme à la Rajaram High School à Kolhapur où le marathi était la langue d'enseignement. Ensuite, il apprendra l’anglais et fera des études d'art à Bombay.

Il a été un graphiste reconnu, et a remporté à six reprises le prestigieux prix CAG (Communication Arts Guild). Il est surtout devenu l’un des principaux poètes de langue anglaise du pays.  Il est à la fois un poète de Bombay (ville dont son œuvre est indissociable) et un poète du monde, avec lequel sa poésie ne cesse de dialoguer.

Il est décédé en 2004, d’un cancer de l’estomac.

Poèmes choisis

Autres lectures

Arun Kolatkar, JEJURI

Arun Kolatkar est l’un des poètes d’un âge d’or (encore trop méconnu en France), le flamboiement artistique de Bombay entre 1960 et 1990. Pour s’imprégner du contexte de cette [...]




Arun Kolatkar, JEJURI

Arun Kolatkar est l’un des poètes d’un âge d’or (encore trop méconnu en France), le flamboiement artistique de Bombay entre 1960 et 1990.

Pour s’imprégner du contexte de cette sous-culture cosmopolite, on commencera par lire Mélanine, de Jeet Thayil (Buchet-Chastel, 2020). Thayil y évoque le milieu artistique sur lequel trôna le poète Nissim Ezekiel, au sein duquel Arvind Mehrotra, Adil Jussawalla, Gieve Patel et Kolatkar formèrent un groupe, auquel s’adjoignit, un peu plus tard, Namdeo Dhasal (alors qu’à sa frange se tint une seule femme, Eunice de Souza.)

Quoique issu du monde de la publicité, l’ascétique Kolatkar resta toujours très discret, publia peu, en marathi puis en anglais, et ne quitta pour ainsi dire jamais Bombay. Il y officia longtemps à la même table d’un café du quartier bohème de Kala Ghoda.

Arun Kolatkar, JEJURI, Traduction Roselyne Sibille, Éditions Banyan, 2020.

Il fit toutefois une excursion à Jejuri, bourgade banale et néanmoins haut-lieu dédié à la divinité Khandoba, qui compte de nombreux fidèles surtout dans le Maharashtra, d’autant plus nombreux chez les humbles dans la mesure où il agrège toutes les castes et toutes les communautés, y compris les musulmans.

Une particularité pittoresque du culte est le jet de poudre de curcuma (hélas remplacé, désormais, par un pigment synthétique), just a pinch of yellow, “juste une touche de jaune” qui, un peu partout dans la région, les jours de fête dédiés à Khandoba, recouvre effigies et fidèles, comme elle le fait toute l’année au temple de Jejuri.

Le poème The Butterfly (Le Papillon) s’y rapporte :

There is no story behind it. 
It is split like a second 
It hinges around itself.

 It has no future.
It is pinned down to no past.
It’s a pun on the present.

 It’s a little yellow butterfly,
It has taken these wretched hills
Under its wings.

 Just a pinch of yellow,
it opens before it closes
and closes before it o

 where is it

 

Photo © Bernard Turle, 2019.

Jejuri fit date dans l’histoire de la poésie indienne en anglais, d’où l’importance de sa publication en France aujourd’hui, même si - et peut-être surtout parce qu’il s’inscrit en contrepoint de la dérive hindouiste intégriste de l’Inde actuelle. Le profane et le sacré y sont équivalents et si le livre était publié aujourd’hui, les partisans de l’Hindutva prendraient les armes et tordraient le cou au poète. Chez Kolatkar, la campagne de Jejuri, ses collines sont wretched – un terme frère du waste dans le Waste Land de T.S. Eliot.

 

C’est un petit papillon jaune,
Il a pris ces collines infortunées
sous ses ailes.

 

En un succinct remake des Contes de Canterbury, le recueil s’attache avant tout à décrire le parcours d’un malicieux pèlerin par le biais de détails significatifs, témoins d’une réalité prosaïque qui met à mal le sacré : c’est, enclos dans une journée, un bref parcours initiatique au cours duquel sont confrontés à demi-mot l’antique croyance et la conscience moderne. Le papillon du poème, à la fois insecte et gerbe éphémère de curcuma, “s’articule en son centre”, split = fendu, “coupé en deux”, mais split aussi comme dans split second, un quart de seconde.

 

Il n’a pas d’avenir.
Il n’épingle aucun passé.
C’est un jeu de mots sur le présent.

 

 

Photo © Bernard Turle, 2019.

Le papillon (le présent, le futur passé de demain) est si fugace que, dans it opens before it closes / and closes before it o le poète n’a pas le temps d’écrire le second open - simplement o – que, oh, il n’est plus.

 

Juste une touche de jaune
qui s’ouvre avant de se fermer

 

On pourrait aisément voir là un commentaire sur le contraste entre la joyeuse effervescence du moment où l’humble fidèle visite le temple recouvert comme lui d’une fine poudre dorée, et les heures de voyage inconfortables qu’il doit affronter pour s’y rendre et en revenir - ou, plus globalement, la brève élévation de sa visite au temple et la longue marche forcée qu’est sa vie quotidienne.

Ailleurs, une vieille Porte médiévale de guinguois devient un symbole de l’état de la religion à l’époque de Kolatkar (1976 - qu’écrirait-il aujourd’hui, dans la nouvelle Inde théocratique ?).

 

Since one hinge broke
The heavy medieval door
Hangs on one hinge alone.

Depuis qu’un gond s’est cassé
La lourde porte médiévale
Pend sur un seul gond.

 

A prophet half brought down
From the cross

 Un prophète à moitié détaché
De sa croix

 

 

Photo © Bernard Turle, 2019.

La référence à la Croix situe la poésie de Kolaktar dans le mouvement urbain, internationaliste et oecuménique de son temps - à savoir loin de l’hindouisme religion d’État. Elle serait réprimée aujourd’hui, d’autant que la porte (médiévale comme la religion) est affublée d’un short qui sèche, image ô combien ironique, surgie dans les deux dernières strophes, qui semblent lui accorder un rôle subalterne :

 

Hell with the hinge and damn the jamb.
The door would have walked out
Long long ago

 If it weren’t for
that pair of shorts
left to dry upon its shoulders.

Enfer de charnière et damnation du montant.
La porte serait partie
depuis très très longtemps

s’il n’y avait eu
ce short
mis à sécher sur ses épaules.

 

 

Autant ou plus que la quête de l’éternel, c’est la rencontre du transitoire qui prévaut, comme le short prosaïque ; nombre de poèmes, Le bus, Le seuil de la porte, Collines, Entre Jejuri et la gare… sont consacrés aux étapes intermédiaires de l’excursion.

Dans Entre Jejuri et la gare voisinent le sacré et la plus que profane : sacrilège suprême, dont le fils du prêtre “préfère ne pas parler” : its sixty three priests inside their sixty three houses/ huddled at the foot of the hill/(…/…)/ you pass the sixtyfourth house of the temple dancer/who owes her prosperity to another skill./  Après avoir passé les maisons des prêtres, “leurs soixante-trois maisons/ blotties au pied de la colline/ (…/…) Tu passes devant la soixante-quatrième maison, celle de la danseuse du temple, qui doit sa prospérité à une autre compétence”.

Avec ses six parties, le dernier poème du recueil, La gare, enfonce définitivement le clou :

 

 the indicator

 a wooden saint
in need of paint

 the indicator
has turned inward
ten times over

 un saint de bois
ayant besoin d’un coup de peinture

l’indicateur
enroulé sur lui-même
dix fois

 

swallowed the names
of all the railway
stations it knows

removed its hands
from its face
and put them away

in its pockets 

a avalé les noms
de toutes les gares
qu’il connaît

a retiré ses mains
de son visage
et les a mises
dans ses poches

 if it knows when
the next train’s due
it gives no clue

the clockface adds
its numerals

the total is zero

s’il sait quand
le prochain train est attendu
il ne donne aucun indice

le cadran de l’horloge additionne
ses chiffres

le total est zéro

 

Et c’est cet ironique zéro qui semble résumer le pélerinage de Kolatkar, si ce n’est que

 

 

 

the setting sun
touches upon the horizon
at a point where the rails
like the parallels
of a prophecy
appear to meet

the setting sun
large as a wheel

le soleil couchant
aborde l’horizon
au point où les rails
comme les parallèles
d’une prophétie
semblent se rencontrer

le soleil couchant
grand comme une roue

 

 

 

Le recueil est inclus dans le cycle d’une seule journée, du lever au coucher du soleil, qui marque le passage du temps en apparaissant régulièrement au fil des vers, rythmant la vie, la vie simple mais pleine et variée. De sorte que, en fin de compte, le zéro rejoint l’infini.

 

Présentation de l’auteur

Arun Kolatkar

Arun Kolatkar est un des plus grands écrivains indiens.

. En 1949, il obtient son diplôme à la Rajaram High School à Kolhapur où le marathi était la langue d'enseignement. Ensuite, il apprendra l’anglais et fera des études d'art à Bombay.

Il a été un graphiste reconnu, et a remporté à six reprises le prestigieux prix CAG (Communication Arts Guild). Il est surtout devenu l’un des principaux poètes de langue anglaise du pays.  Il est à la fois un poète de Bombay (ville dont son œuvre est indissociable) et un poète du monde, avec lequel sa poésie ne cesse de dialoguer.

Il est décédé en 2004, d’un cancer de l’estomac.

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Arun Kolatkar est l’un des poètes d’un âge d’or (encore trop méconnu en France), le flamboiement artistique de Bombay entre 1960 et 1990. Pour s’imprégner du contexte de cette [...]