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La minute lecture (11) : Albane Gellé, L’Au-delà de nos âges

De l’eau natale à la condition de simple souvenir après la mort, Albane Gellé parcourt les âges de la vie en une cinquantaine de poèmes courts et délicats.

De livre en livre on reconnait la manière de l’autrice, sa façon de traduire la fragilité, l’entêtement à vivre et être heureux, les montagnes russes des émotions et la mélancolie. Au rythme des saisons, au sens propre comme au sens figuré, on avance, on navigue. De l’enfant d’hier à la morte de demain. Cette mort se présente d’ailleurs tôt dans le recueil, sous les traits d’une vieille dame très fatiguée mais surtout très seule, une solitude qui fait cruellement se rejoindre le début et la fin de la vie. Pour accomplir la traversée, pour aller au bout du périple, il faut bien de la fantaisie et de la tendresse, un imaginaire comme un allié pour affronter les tempêtes, les remue-ménages et les tristesses de l’existence. Dans ce recueil d’équilibriste, certitude et doute alternent sans cesse, calme et tumulte se succèdent. La vie est là, le charme aussi. On savait le don d’Albane Gellé pour écrire l’enfance, on la découvre à présent dans l’évocation bouleversante de la vieillesse et du dernier de nos âges.

Albane Gellé, L’Au-delà de nos âges, 2020, éditions Cheyne (collection 40 ans), 12 €

En attendant de commander ce très beau recueil chez ton libraire préféré, tu peux en écouter un extrait ici :

Présentation de l’auteur

Albane Gellé

Textes

Albane Gellé est une poète française.

© Crédits photos (supprimer si inutile)

Poèmes choisis

Autres lectures

Albane Gellé, Eau

Dans la collection Poèmes pour grandir, Albane Gellé offre ici une série de courts poèmes en prose sur le thème de l’eau. L’eau, élément indispensable à la vie. L’eau, [...]




Albane Gellé, Eau

Dans la collection Poèmes pour grandir, Albane Gellé offre ici une série de courts poèmes en prose sur le thème de l’eau. L’eau, élément indispensable à la vie.

L’eau, de la source au torrent. L’eau douce ou l’eau salée. Avec toutes les vies qu’elle abrite dans ses profondeurs. Avec toutes ses couleurs. La pluie

Eau verticale, trombes de pluie, eau accélère puis ralentit, cadeau du ciel pour la terre, eau trait d’union, eau recommence à l’infini, sait que tout passe, et passera.

L’eau cachée du puits. L’eau souterraine et sa patience… L’eau de notre corps, les larmes, l’eau de la naissance… Les eaux fossiles de Mars… L’eau source de vie, cause de mort. Son cycle que l’on étudie en classe.

 

 

Albane Gellé, Eau,  Cheyne éditeur, illustrations de Marion Le Pennec, 2020.

L’eau, et sa lumière, sa transparence ou au contraire son opacité, ses mystères. La rosée du matin. Les musiques de l’eau. L’eau des jeux d’enfants, barrages, marées, flaques

L’eau dans tous ses états : vapeur, liquide, cristal de neige, glace. Tout un panorama de mots pour tenter de dire l’eau, d’exprimer notre relation à l’eau. Comme un hommage, comme une louange et comme un respect.

À l’heure où se profilent des combats pour l’eau, où les humains s’inquiètent de réchauffement, de sécheresses ou d’inondations, ce livre vient simplement rappeler que l’humanité demeure fragile et dépendante de la planète de sa naissance.

Un livre qu’accompagnent les encres de Marion Le Pennec. Encres de chine qui jouent des contrastes entre noir et blanc et dont la fluidité résonne avec les mots.

Un livre à donner à lire dès sept ans et bien au delà, à entendre bien avant. Il accompagnera ainsi les réflexions des enfants, des adolescents et même des adultes. Un livre qui permet, comme souvent en poésie, de penser autant que de se sentir plus accordé au monde.

Eau potable en réponse à nos soifs, eau minérale, eau naturelle, dans des bouteilles de toutes les tailles ou jaillissant du robinet, eau cadeau de tous les jours qu’on oublie de remercier, eau à boire, eau bue, eau en glaçons, eau en carafe ou dans de grands verres transparents, eau dans la bouche, dans la gorge, eau vitale.

Présentation de l’auteur

Albane Gellé

Textes

Albane Gellé est une poète française.

© Crédits photos (supprimer si inutile)

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Patricia Cartereau & Albane Gellé, Pelotes, Averses, Miroirs

Patricia Cartereau & Albane Gellé, Pelotes, Averses, Miroirs,

L’espace.

Avant même l’alternance des dessins et des poèmes, nous remarquons le blanc, vaste, omniprésent, intact. Primordiale innocence ? En tout cas nous nous interrogeons sur la connotation de la trace, les valeurs ambiguës de ce qui surgit : formes, couleurs, poèmes, à peine apposés sur le monde, est-ce violence ou douceur, vie ou inertie ? Et après tout, faudrait-il trancher ?

Patricia Cartereau & Albane Gellé, Pelotes, Averses, Miroirs, L’atelier contemporain, 2018

Nous nous promenons dans les bois. « De bon matin lichen s’étend », la nature frémit, nous la sentons qui respire et l’eau coule : encre, aquarelle, écriture comme un souffle et une flaque. Pelotes, averses, miroirs : ce n’est pas tant une unité que ce titre résume, mais un perpétuel mobile, d’incessants passages d’une figure à l’autre, labiles transformations :

 Je suis chevreuil, oiseau de juin

je suis nous sommes une guirlande 

[…] 

 

Cette espèce de vaste communication des choses entre elles (que Ludovic Degroote a raison de rapprocher de la correspondance baudelairienne), nous la sentons, souvent par la peau. Chaque être, tous les êtres, comme ces « petits os pointus », ces « branches », ces « nids de chenilles » en sont autant d’indices : ils renvoient vers d’autres êtres. Chemin faisant, nous ramassons par exemple des pelotes de réjection. Le crayon du dessin ou la plume de l’écriture tissent un obscur réseau serré sur la candeur absolument antérieure à tout.

 

 Nous ne sommes pas seuls, à tâtonner

sur de petites pierres, se frayant

un passage, n’évitant pas

quelques bosses. 

 

Toucher, tact, courtoisie : les êtres parlent, les êtres répondent. Seul un bien triste technicien de l’esprit réduirait les êtres à de mornes choses-en-soi. Dans ce livre de Patricia Cartereau et Albane Gellé, le mouvement du poème, et avec lui la trace légère du pinceau sur la feuille, révèle le rythme d’un cœur et la vie d’une conscience. Nous nous promenons dans les bois, des fougères nous caressent, et nous devinons l’âme. 

Et si nous sommes interpellés par l’apparition d’un noir, captivés par un rose, un vert, un mauve, si nous ignorons comment interpréter leur surgissement par rapport au virginal immaculé, c’est parce qu’ils parlent la langue aurorale de l’animal sauvage :

 

« Il faudra trouver

des gestes d’antilope, des sabots un peu sauvages,

[…] »

Au plus proche de l’émotion, l’écriture poétique communique avec le langage animal. Elle prend son rythme à même le tressaillement nerveux et sanguin du muscle d’un cheval, d’un cerf, d’un loup, aux pieds nus d’un homme qui marche dans la nature. Si la poésie rafraîchit la parole humaine, c’est à l’étalon de cette étrange altérité : l’animal. Le poème provient de cet « autre versant », « les langages sans mots, les renards  ». La raison et son armada de techniques de l’esprit, qui nous ensevelissent de questions, menacent incessamment de nous le faire oublier. 

Mais nous marchons dans les bois, tâchant d’apprendre de l’ignorance des bêtes.

 

 Asseyons-nous dans l’herbe,

les questions s’arrêtent.