Les chemins du poème à partir de Contre-jours de Patricia Castex-Menier

1. Le chemin des ombres

Contre le jour, il y a la nuit, celle qui attend chacun et dont on ne revient pas. Dans « l’arasement des images », la poétesse fait le récit pudique et émouvant de la mort de l'être aimé avec la nécessité d’ancrer sur la page ses dernières traces de vie.  

Quatre parties numérotées ouvrent des poèmes construits toujours de la même manière dans de nombreux livres de l’autrice : chaque vers se présente avec un premier et seul mot.

I. Ce qui subsiste encore de dérisoire est « de la plus haute importance ». Tenter de « déshabiller l'inquiétude » en même temps que le langage.  Recueillir avec une infinie tendresse les paroles de l’aimé : « Fais / attention à toi » … « S'il te plaît / les oiseaux» ... « Tant pis / je m'en vais».

Empoigner la douleur. Retenir les moindres mots, les moindres gestes du quotidien. 

II. À l'hôpital, tout est manque et la dépossession de l'aimé ne cesse de grandir. Méconnaissable, il a encore la force de murmurer : « Sois douce/ aide-moi» ... « C'est / fini » ... « On /attend».

 Patricia Castex Menier oppose à l’insupportable du vécu la précision extrême d’un vocabulaire concret qui tente d’exorciser l’extrême de la douleur. « Quel/ délai ? // Renoncer / à l’arbre / Pour s'accrocher à cette branche-ci. » L'homme colère, l’homme révolté a disparu : « Tu / accueilles / ta / part de la misère commune. »

III. Le passage du cadavre à la poussière. 

Ne pas se raconter d’histoires qui embellissent la mort. Des phrases nues pour affronter ce qui semble au-delà des mots. 

 « Ce / soir en vérité le ciel rougeoie /dans un grand autodafé de poèmes. »

Patricia Castex-Menier, Contre-jours, L’herbe qui tremble, 135 Pages, 17 €.

IV « On / m'a greffé ta mort ». Le monde continue, se réduit et « Il / n'y a personne / à la maison ». Seulement le silence. Le chagrin se nourrit de tout.  Reste le mot ultime de l’aimé : « Merci » qui donne peut-être une minuscule lueur dans l’épaisseur du chagrin.

La belle postface de Pierre Dhainaut est d’une grande justesse. : « L’écriture à laquelle Patricia n’a pu se dérober est ce mouvement qui vient de l’amour et doit faire face à la mort : leur rencontre inspire le poème ».

La sobriété et la beauté des peintures de Shi Qi accompagnent avec délicatesse l’autrice dans ses chemins de nuit où cependant quelque éclat de lumière s’insinue.

Le titre du recueil Contre-jours renvoie à un terme utilisé en photographie : Éclairage d'un objet qui vient du côté opposé à celui d'où l'on regarde.

Patricia Castex-Menier dessine les contours sombres de son chemin de deuil, avec la silhouette de plus en plus évanescente de l’aimé qu’elle ne nomme pas. Un grand contraste se profile entre l’homme voyant, à l’œuvre immense, et celui qui se décompose sous ses yeux.

Les derniers mots si précieux de Werner Lambersy sont rapportés, comme une prise de vue sur la grandeur et la beauté de ses livres qui persistent et insistent.

 N'est-ce pas dans l'arrachement que prend sa source le poème ?

Les mots du poème, disait récemment la poétesse, sont ceux du silence, ils en émanent, ils y retournent, les seuls authentiques parce qu'ils ne viennent pas de la volonté et ne s'ajoutent pas, ils révèlent. 

Patricia Castex-Menier est parvenue cependant à écrire des petits bouts de phrases. Comment passer de notes prises au jour le jour à un recueil ?

On pourrait imaginer que le matériau premier s’est cristallisé, disloqué dans le fil de ce qui s’est détruit jour après jour, mais en dessous, il s’est reformé pour participer à la continuité d’une trame. Enjamber les blancs pour passer d’un mot à un autre, veiller, réveiller, ranimer. Un renversement s’est produit pour se rejoindre, rejoindre l'autre et tous les autres.

Le poème donne présence aux vivants et au morts. Présences qui s'offrent et se dérobent dans un appel à une mémoire commune. Avec un écart, le lecteur se rencontre lui-même dans des points évanescents mais vivants.

Il est urgent de noter les moindres choses, les moindres gestes du quotidien. Dans l’irrémédiable de la mort,

Le poème, à défaut d’une sorte de résurrection, d’une renaissance, ne permet-il pas une persistance, une insistance de lueur dans les ombres ?

Comme une nécessité d’en passer par les points obscurs du silence, du manque, de la violence du réel pour s y’opposer. Les mots utilisés sont simples, font partie pour la plupart d’un vocabulaire ordinaire. Mais ils sont détournés de leur banalité, ne conservant dans un démantèlement de la langue que ce qui lui résiste. L’insignifiant, l’anodin prennent une valeur ultime dans le poème.

Patricia Castex-Menier, avec une grande économie de moyens et de justesse porte le langage à sa plus haute intensité. Sa démarche n’est-elle pas comparable à celle d’Alberto Giacometti ? Ne pas amasser glaise ou mots, mais retrancher, défaire. La syntaxe semble suivre le processus de destruction. Ce qui échappe, ce qui se casse, donne rythme, mouvement aux phrases qui portent et emportent.

Le dénuement donne une grande valeur aux mots, aux rapports d’un mot à un autre, donne de l’air, une respiration. Un espace est donné à la vie, inséparable du manque et de la mort.

Dans les pas du chemin intime du poète, chacun peut marcher et trouver sa propre allure et respiration. 

Bien qu’insaisissables, tous les temps sont convoqués : passé, présent, futur et même l’éternité. Les souvenirs ne sont retour en arrière que pour aller à l’avant du poème. La poésie de Patricia Castex-Menier a toujours été en avant et son évocation du passé n’est-elle pas sa manière de retrouver L’instinct du tournesol ?1

La langue poétique nous déplace hors du temps, vole un grain de sable, une parcelle d’air et de lumière. 

Rester debout quels que soient les drames. La verticalité des poèmes de la poétesse nous y incite et déploie « un nuage de sens »2… Dernière page :

Merci,
 as-tu dit, 

 ce mot ultime

 qui
sacralise les lèvres

Le poème a une dimension sacrée : il est plus grand que nous.

Il contient une réciprocité de mercis : ceux que nous avons reçus, ceux que nous donnons à notre tour et un merci à la vie qui va on ne sait où.

  Patricia Castex-Menier écrivait, s’adressant à l’aimé : « le / poème sera toujours nous », mais aussi : « Un poème que tu ne liras pas // reste-t-il un poème ? »

Cependant, nous lecteurs, avons la chance de résonner à ses poèmes qui nous émeuvent, dans le partage de notre condition éphémère.

À l’impuissance, à l’inéluctable,

La poésie, parole vive, donne le sentiment, peut être illusoire, d’une résistance au temps et à la mort.

 Je/ ne veux pas, / résolument/ de / cette pente toujours possible3.

Dans le noir, comme les arbres, nous tenir debout, comme les oiseaux, inventer des chants qui bougent nos ombres.    

 

Dire, dit-elle, 2 : Partage de quelques poèmes de Bouge tranquille, de Patricia Castex-Menier, Cheyne éditeur, par Estelle Fenzy.

Pour dans le poème, continuer à donner présence à elle-même comme à celui qui a disparu, je propose à Patricia Castex-Menier de nous offrir des poèmes inédits :

La
brume a coiffé les monts

puis
glissé le lac au fond de sa poche

Une
disparition légère tout en délicatesse

comme
celle dont tu m’avais dit avoir rêvé

pour
m’épargner le poids du chagrin

Tu
as laissé tes derniers poèmes

dans
les poches de mon long manteau
de veuve

Et
quand mes mains gelées
cherchent un peu de réconfort

j’ai
si peur d’en froisser les pages

L’eau
des larmes ne fait pas écran

J’y
vois la mer

que
peut-être tu entends encore

Notes

  1. Patricia Castex-Menier, L’instinct du tournesol, Les Lieux-Dits éditions, 2020, 37 P. 7 €.
  2. Dans les clairs obscurs du poème, article de Gérard Mottet, Poésie Première, numéro 91.
  3. Patricia Castex-Menier, L’instinct du tournesol, Les Lieux-Dits éditions, 2020, 37 P. 7 €.

Présentation de l’auteur

Patricia Castex-Menier

Particia Catsex-Menier est née à Paris en 1956, où elle réside et enseigne toujours. Entre vie familiale et professionnelle, elle mène un itinéraire d'écriture volé au
temps qu'elle consacre à la poésie et à l'édition.

Poésie
Au Dé Bleu, Chaillé-sous-les Ormeaux
Flandre, I975.
Les heures à Finialette, 1983.

A Plein Chant, Bassac
Il n'y a pas d'art poétique, 1976.

Chez Thierry Bouchard, St Jean de Losne
Lacunaire, 1981.

Aux Editions de Vallongues, Billière
Lignes de Crète, 1987.

Au Théâtre Vesper, Paris
Tablas, 1989.

A La bartavelle, Charlieu
A ton nom d'archange, 1997.

Chez Cheyne éditeur, Le Chambon-sur-Lignon
Questions de lieu, 1985.
Chemin d'Eveil, 1988.
Infiniment demeure, 1992.
Ce que me dit l'ensevelie, 2001.
Bouge tranquille, 2004.
X fois la nuit, 2006.

Aux éditions Ficelle, Soligny la Trappe
Achill Island, moutons et cetera, 2006

En Belgique
Chez Henry Fagne, Bruxelles
Lies, 1976.
Aux éditions Les Eperonniers, Bruxelles
La bien venue, 1991.

En Inde
Chez P.Lal, Writers Workshop, Calcutta
La roue à aubes, 1983.

Livres d'artistes, tirage limité
Chez Alain Guinhut, Cholet
Trésor du monde, 1976.
Cérémonial, 1979.
A L'étable des matières, C. Dorrière, Caen
Entre Nerfs, 1982.
Chez B.G Lafabrie, Paris
Claires- voies, 1990.
A Céphéides, Sarah Wiame, Paris
Entrepas, 2006
Maria Desmée, collection « Les révélés »
Interstices, 2007

Roman
Aux éditions La Dragonne, Nancy
L'éloignée, 2001.

Théâtre, pièce pour enfants
Aux éditions Ficelle, Soligny la Trappe
Le Roi Berdagot, 2005.

Entretiens
Aux éditions Parole d'aubes, Grigny
Avec Pierre Dhainaut, A travers les commencements, 1999.

Présence en anthologies
La vraie jeune poésie, La Pibole, Paris, 198O.
Panorama de la poésie française contemporaine, Moebius, Triptique, Montréal, 1991.
Poèmes de femmes des origines à nos jours, Régine Deforges, Le Cherche Midi, Paris, 1993.
Das Fest des Lebens, Poètes français contemporains, (éd. bilingue français-allemand) R.Fischer, Verlag im Wald, I993..
Mars Poetica, Poètes croates et français, (éd.bilingue), Skud, Zagreb et Le Temps des cerises, Paris, 2003.
La poésie française contemporaine, J.Orizet, Le Cherche Midi, Paris, 2004.

Participations
Printemps des poètes, Paris, 2002 ; Paris et Zagreb, 2003 ; Paris, 2004.
Semaine de la poésie, Clermont Ferrand, 2005.
Lectures sous l'arbre, Le Chambon-sur-Lignon, 2001, 2005, 2007.
Colloque Pierre Dhainaut, La passion du précaire, sous la direction de Jean-Yves Masson et Aude Préta de Beaufort, Université Paris-Sorbonne, Avril 2007.

En revues
(textes personnels ou articles critiques sur les parutions)
Le journal des poètes, A l'index, Autre Sud, Les hommes sans épaules, Le matricule des anges, Lieux d'être...

Poèmes choisis

Autres lectures

Patricia CASTEX MENIER & Werner LAMBERSY, Al-Andalus

Le "Journal d’automne" de Patricia Castex Menier nous offre un véritable voyage, nous ouvre « une perspective d’estuaire » que le lecteur découvre au fil des pages, traversé par l’onde poétique, « l’or mouvant des reflets, [...]




Patricia CASTEX MENIER & Werner LAMBERSY, Al-Andalus

Le "Journal d’automne" de Patricia Castex Menier nous offre un véritable voyage, nous ouvre « une perspective d’estuaire » que le lecteur découvre au fil des pages, traversé par l’onde poétique, « l’or mouvant des reflets, bien plus léger que celui des autels en majesté ».

Toute une synesthésie palpite dans la saveur des mots goûtés au pays de la lumière : les heures et des verres tintent dans une « rumeur aux terrasses », « le paon de l’Alcazar » nous la joue modeste pour laisser sa roue se faire le motif total du pays (« C’est le pays entier qui fait la roue : il n’est pas donné à n’importe qui de se nommer lumière »), « quelques coplas » pincent la corde de nos cœurs aussi vibrants qu’une guitare, un « moucharabié » nous rappelle à claire-voie quelques-uns de ses « contes du désespoir », … le récit d’une humanité ondoyante et chaleureusement vivante dans les rues andalouses déroule ici le road-movie de sa vie fervente et éclatante.

Depuis le bord du fleuve les rives remuent la vie, mouvante derrière ses murailles, « les vagues cogn(ant) la coque de la ville-bateau » bâtie par l’Histoire (« l’Atlantique, ce dernier envahisseur » ; « (…) la place au soleil (…). Au centre, si l’on se le rappelle, le noyau de la nuit de l’Inquisition, là où on brûlait les corps, les âmes, et la libre pensée »).

Patricia Castex-Menier & Werner Lambresy, Al-Andalus, éd. du Cygne, 2019, 44 p., 10 €.

 

La vie lestée par le nuancier des saveurs qui infiltrent invisiblement mais sensuellement son âme voyageuse (« Churros et orangeade », « une journée au goût de citronnade », …) ; la vie habitée par « le muezzin », « l’azulejos du ciel », « l’infini, à la fois le semblable et le changeant ». La poète Patricia Castex Menier fait sa place au soleil comme au mystère tout en clair-obscur de la force et de la beauté du poème (« L’infini (…). Colonnes et arcades, le poème qui viendrait, qu’on souhaiterait pour survivre à l’émotion, n’ose même pas y toucher »). Elle tire à fleur d’interlignes - des profondeurs de la mémoire du pays andalou jusqu’à la surface miroitante du poème - ce que l’humanité conserve en ses entrailles, en ses croyances, en ses certitudes, doutes et espoirs : « Ici comme ailleurs, du fracas, des batailles. On l’oublie trop aisément, bercé par l’élégance des formes. Un répit, c’est si facile la lumière, avant que la mémoire l’engloutisse, rapide, tel le soleil du couchant, ce plongeur de fond ». Davantage, elle tire par les haleurs du poème (« chevaux nez au vent, puis montures mâchant le mors ») l’onde oubliée recouverte par les vagues coruscantes ou frénétiques des précipités du fleuve quotidien qui nous traverse et qui cependant continue de porter des alluvions invisibles mais significatives du passé bâtisseur/éclaireur de nos chemins présents. N’est-ce pas le rôle du poète, de faire resurgir à la surface du réel ce que nous oublions vite faute d’y consacrer du temps, de la réflexion, de laisser Orphée se retourner vers le pays des ombres et du songe pour mieux regarder par la suite devant lui un avenir plus ensoleillé, à hauteur d’hommes / d’humanité ?

 

Dans  une  bibliothèque  on peut classer aussi les livres selon
leur   même   dimension,  leur   même   hauteur.  Comme   ici,
naguère, quand se côtoyaient la Torah, le Coran et l’Évangile.
 

 

De ce "Journal d’automne" perpétuel nous pourrions écrire ce que la poète Patricia Castex Menier écrit à propos de l’une de ses journées, perçue entre ses interstices, saisie dans ses instants d’éternité :

 

Une  journée  au  goût  de  citronnade,  une nuit  aussi
ténue qu’un noyau d’olive, un éveil dans la senteur des
choses qui demeurent à nos côtés comme si le jasmin
était une fleur d’automne
 

 

Dans ses "Mémoires épisodiques", le poète Werner Lambersy avance dans le labyrinthe exotique de l’ailleurs andalou, se voulant « le passant tranquille » d’un monde (trop) bruyant, piéton émerveillé de la « troisième rive » (cf. l’exergue inaugural de ce livre récit-voyage réalisé en octobre 2018 en terre de Séville, Cordoue, Jerez de la Frontera, Cadix : « Là où le livre invente la troisième rive » Jacqueline Saint-Jean). L’émotion ne baisse pas la garde, phare intarissable de la vigie du poète voué à l’édifiant étonnement, sans cesse reconduit : « (…) j’ai tremblé d’émotion / À cause Des hommes devant la calligraphie / D’Inoue Et les colonnades de la mosquée de Cordoue ». Le poète écrit bien « à cause de », non « grâce à ». Autre temps, autre(s) émotion(s) -l’actualité tragique tamisera toujours le filtre du regard clairvoyant (voire visionnaire) du Poète-Voyant. Face aux tumultes actuels du monde ravagé par la violence et ses ramifications de termites, le poète s’interroge sur la possibilité même d’un passage « tranquille » dans la traversée du labyrinthe existentiel, nuance son émerveillement premier.

 

Comment savoir avec ces palmiers
Dans le
Jardins à quelle saison et même en
En quelle année
Ou siècle on est le passant tranquille 

 

 

Être « en » et « à » (comme « à quel saint se vouer ») ne signale pas même posture qu’être « dans » (une année / une saison) : le choix des prépositions est pesé par le poète, renvoyant à une instabilité / une insécurité d’être aujourd’hui, ici, dans la quiétude relative du Métier de vivre (Cesare Pavese). Aux figures et motifs architecturaux andalous correspondent « l’architexte » d’un jeu de l’ombre et de la lumière tel qu’il s’exécute sournoisement en ce 21e siècle où les obscurantismes envahissent peu à peu de nouveau notre Histoire. La tranquillité est peut-être dans l’intervalle de ce « pas espagnol suspendu Des chevaux », dans l’entre-deux trouble parfois poreux du combat et du divertissement où l’homme-cheval-destrier parfois abandonné à la haine se double de son avatar paradant sous les œillères / le masque d’imposture ou d’insouciance de la complaisance. Car il en est ainsi de l’œuvre viscéralement / foncièrement poétique de Werner Lambersy : sa portée résonne immanquablement, de la mire des contingences visées avec leur immédiateté attractive jusqu’au mille de la cible métaphysique.

Dans le « remue-ménage » de la ville, que ce soit « (…) le long du large/Guadalquivir » ou « la surexcitation de Séville », le poète s’exécute à « bouger » :

 

On m’interpelle à chaque coin
De rue pour
Des tickets des billets d’entrée<
Des plans
Ou des prospectus en couleurs

Jamais
Une chaise libre très longtemps
(…)
Je n’avais pas
D’excuses la vie passe trop vite !
Et je traîne…,

 

écrit le poète après s’être comme apostrophé lui-même précédemment : « Je n’avais pas / D’excuses j’étais venu pour / Bouger ! ». Les enjambements figurent la cadence soutenue des villes andalouses ici traversées, si remuantes que le poète se demande

 

C’était comment
Avant
La foule des visiteurs
C’était comment
Avant
L’ouverture des portes
(…) »,

 

avant l’afflux du tourisme de masse (« L’univers plie et replie/Le papier glacé/De l’agence de voyage »), avant l’advenue d’une ère frénétique infiltrée par « la vie numérique »… L’amour laisse entendre son air romantique

 

C’était comment
Quand
On entendait encore le
Jet d’eau
Des fontaines s’épuiser
Par amour
(…)
Quand on n’était que
Que nous deux
Dans les secrets
De l’azur et les noces
De l’ombre
 »

 

La voix poétique si singulière de Werner Lambersy, touchant l’âme des êtres et des choses universelle, s’entend tout au long de ce voyage auquel le poète nous invite par « mémoires périodiques » comme les intermittences d’un phare retentissent en nos traversées trébuchantes ou clinquantes, le temps d’écouter bruire le murmure du monde où « verser de la lumière / Aux azulejos » de nos cœurs s’épand dans le cours des jours et des instants recueillis plus clairement qu’aux frontières circonscrites des agitations convenues ou des habitudes.

Aucune nostalgie ne point pour arrêter le poète, puisque le passé se projette dans un présent ouvert vers l’avenir tel « le temps andalou » rythmé avec « le talon flamenco ». Le poète opiniâtrement avance, continue de se laisser surprendre / reprendre par le temps des baisers (« qui n’apaisent pas / La faim »), par le temps espéré d’un « continent perdu » à retrouver.

Présentation de l’auteur

Patricia Castex-Menier

Particia Catsex-Menier est née à Paris en 1956, où elle réside et enseigne toujours. Entre vie familiale et professionnelle, elle mène un itinéraire d'écriture volé au
temps qu'elle consacre à la poésie et à l'édition.

Poésie
Au Dé Bleu, Chaillé-sous-les Ormeaux
Flandre, I975.
Les heures à Finialette, 1983.

A Plein Chant, Bassac
Il n'y a pas d'art poétique, 1976.

Chez Thierry Bouchard, St Jean de Losne
Lacunaire, 1981.

Aux Editions de Vallongues, Billière
Lignes de Crète, 1987.

Au Théâtre Vesper, Paris
Tablas, 1989.

A La bartavelle, Charlieu
A ton nom d'archange, 1997.

Chez Cheyne éditeur, Le Chambon-sur-Lignon
Questions de lieu, 1985.
Chemin d'Eveil, 1988.
Infiniment demeure, 1992.
Ce que me dit l'ensevelie, 2001.
Bouge tranquille, 2004.
X fois la nuit, 2006.

Aux éditions Ficelle, Soligny la Trappe
Achill Island, moutons et cetera, 2006

En Belgique
Chez Henry Fagne, Bruxelles
Lies, 1976.
Aux éditions Les Eperonniers, Bruxelles
La bien venue, 1991.

En Inde
Chez P.Lal, Writers Workshop, Calcutta
La roue à aubes, 1983.

Livres d'artistes, tirage limité
Chez Alain Guinhut, Cholet
Trésor du monde, 1976.
Cérémonial, 1979.
A L'étable des matières, C. Dorrière, Caen
Entre Nerfs, 1982.
Chez B.G Lafabrie, Paris
Claires- voies, 1990.
A Céphéides, Sarah Wiame, Paris
Entrepas, 2006
Maria Desmée, collection « Les révélés »
Interstices, 2007

Roman
Aux éditions La Dragonne, Nancy
L'éloignée, 2001.

Théâtre, pièce pour enfants
Aux éditions Ficelle, Soligny la Trappe
Le Roi Berdagot, 2005.

Entretiens
Aux éditions Parole d'aubes, Grigny
Avec Pierre Dhainaut, A travers les commencements, 1999.

Présence en anthologies
La vraie jeune poésie, La Pibole, Paris, 198O.
Panorama de la poésie française contemporaine, Moebius, Triptique, Montréal, 1991.
Poèmes de femmes des origines à nos jours, Régine Deforges, Le Cherche Midi, Paris, 1993.
Das Fest des Lebens, Poètes français contemporains, (éd. bilingue français-allemand) R.Fischer, Verlag im Wald, I993..
Mars Poetica, Poètes croates et français, (éd.bilingue), Skud, Zagreb et Le Temps des cerises, Paris, 2003.
La poésie française contemporaine, J.Orizet, Le Cherche Midi, Paris, 2004.

Participations
Printemps des poètes, Paris, 2002 ; Paris et Zagreb, 2003 ; Paris, 2004.
Semaine de la poésie, Clermont Ferrand, 2005.
Lectures sous l'arbre, Le Chambon-sur-Lignon, 2001, 2005, 2007.
Colloque Pierre Dhainaut, La passion du précaire, sous la direction de Jean-Yves Masson et Aude Préta de Beaufort, Université Paris-Sorbonne, Avril 2007.

En revues
(textes personnels ou articles critiques sur les parutions)
Le journal des poètes, A l'index, Autre Sud, Les hommes sans épaules, Le matricule des anges, Lieux d'être...

Poèmes choisis

Autres lectures

Patricia CASTEX MENIER & Werner LAMBERSY, Al-Andalus

Le "Journal d’automne" de Patricia Castex Menier nous offre un véritable voyage, nous ouvre « une perspective d’estuaire » que le lecteur découvre au fil des pages, traversé par l’onde poétique, « l’or mouvant des reflets, [...]

Présentation de l’auteur

Werner Lambersy

Werner Lambersy est un poète belge né à Anvers le 16 novembre 1941. Il vit à Paris. Auteur d'une quarantaine de recueils, il est une voix majeure de la littérature francophone. 

 

  • Bibliographie 
  • Caerulea, 1967
  • À cogne-mots, 1968
  • Haute Tension, 1969
  • Temps festif, 1970
  • Silenciaire, 1971
  • Moments dièses, 1972
  • Groupes de résonances, 1973
  • Protocole d'une rencontre, 1975
  • Maîtres et Maisons de thé, 1979
  • Le Déplacement du fou, 1982
  • Paysage avec homme nu dans la neige, 1982
  • Géographies et Mobiliers, 1985
  • Komboloï, suivi de Chand-Mala, 1985
  • Noces noires, 1987
  • L'Arche et la cloche, 1988
  • Un goût de champignon après la pluie, 1988
  • Architecture nuit, 1992
  • L'écume de mer est souterraine, 1993
  • Le Nom imprononçable du suave, 1993
  • Anvers ou les anges pervers, 1994
  • Front de taille. Édition originale, (avec des encres de Robert Clévier), 1995
  • Étés (avec Henry Bauchau), 1997
  • 12 poèmes ventriloques, 1998
  • La Légende du poème, 1998
  • Errénité, 1999
  • Dites trente-trois, c'est un poème, 2000
  • Ecce homo (jeu-parti) (avec Otto Ganz), 2002
  • À feu ouverts, avec des encres de Claire Dumonteil, Fédérations des œuvres laïques de l'Ardèche, 2004
  • Rubis sur l'ongle, éditions Hermaphrodite, 2005
  • Le Roi Berdagot : farce en sept tableaux, Rougier, 2005
  • L'Invention du passé : 1971-1977, Le Taillis pré, 2005
  • Coïmbra, Dumerchez, 2005
  • Achill Island note book, éditions Rhubarbe 2006
  • Parfums d'apocalypse, éditions l'Amourier, 2006
  • La Toilette du mort, suivi de Ezra Loomis Pound, L'Âge d'Homme, 2006
  • Corridors secrets, avec des dessins de Didier Serplet, 2007
  • Quelque chose qui lui parlait tambours, avec des estampes de Yves Picquet, éditions Double Cloche, 2009
  • Jacques Zabor, illustrations de Tudor Banus et Otto Ganz, éditions le Moulin de l'étoile, 2008
  • Impromptu de la piscine des amiraux, éditions La Porte, 2008
  • Te spectem, avec des peintures de Richard Bréchet, éditions Tipaza, 2009
  • La Percée du jour, avec des photographies de Yves Picquet, éditions Double Cloche, 2009
  • Érosion du silence, avec des photographies de Jean-Pol Stercq, éditions Rhubarbe, 2009
  • Devant la porte, avec des photographies de Claude Allart, éditions du Cygne, 2009
  • Pluies noires, avec des gravures de Christine Gendre-Bergère, M. Brenner, 2010
  • Conversation à l'intérieur d'un mur, 2011
  • Un concert d'Archie Shepp, éditions La Porte, 2011
  • À l'ombre du Bonsaï, 2012 - L'Âne qui butine
  • Quelques petites choses à murmurer à l'oreille des mourants, éditions La Porte, 2012
  • Le Cahier romain, éditions du Cygne, 2012
  • Pina Bausch, illustrations de Amathéü & Ganz, éditions du Cygne, 2013
  • Opsimath : la nuit, Rougier, 2013
  • L'Assèchement du Zuiderzee, éditions Rhubarbe, 2013
  • Le Mangeur de nèfles : haïkus libres, Pippa, 2014
  • Déluges et autres péripéties, éditions La Porte, 2014
  • Dernières nouvelles d'Ulysse, 2015
  • Escaut ! Salut: suite zwanzique et folkloresque, 2015 - Opium Éditions
  • In angulo cum libro, Al Manar, 2015, avec Diane de Bournazel
  • Dernières nouvelles d'Ulysse : avis de recherche, Rougier, 2015
  • Un requiem allemand 1986, éditions Caractères, 2015
  • La Perte du temps suivi de On ne peut pas dépenser des centimes, Castor Astral, 2015 - Prix Mallarmé et prix Théophile-Gautier
  • La Dent tombée de montagne, Dumerchez, 2015
  • Anvers ou Les anges pervers, récit, Espace Nord, 2015
  • Epitapheïon, éditions La Porte, 2016
  • D'un bol comme image du monde, avec illustrations de Lee Ye Ji et Thai Le Dinh, Pippa, 2016
  • Vie et mort du sentiment étrange d'être dieu, éditions La Porte, 2017
  • Le Sous-marin de papier, avec des illustrations de Aude Léonard, Møtus, 2017
  • Lettres à un vieux poète, éditions Caractères, 2017
  • Hommage à Calder, éditions Rhubarbe, 2017
  • La Chute de la grande roue, suivi de Les grillons chantent la nuit ; de En dehors et autour ; et de Paresseux Dimanches, Le Castor Astral, 2017
  • Ball-trap, illustrations Laurence Skivée, 2017 - L'Âne qui butine
  • Bureau des solitudes, éditions La Porte, 2018
  • Maîtres et maisons de thé, éditions Rhubarbe, 2019
  • La Musique à bouche, illustrations de Philippe Bouret, éditions du Petit Véhicule, coll. « l'Or du temps » no 150, 2019
  • Le grand poème, éditions Caractères, 2019
  • L'Agendada, éditions Rougier, 2019
  • Brainxit, avec des photographies des sculptures de Wanda Mihuleac, éditions Transignum, 2019.Les Convoyeurs attendent, journal sauvage, éditions Rhubarbe, 20
  • Le festin de vivre, 2020 - L'Âne qui butine
  • Devant la porte, avec des photographies de Claude Allart, éditions du Cygne, 2009
  • Pluies noires, avec des gravures de Christine Gendre-Bergère, M. Brenner, 2010
  • Conversation à l'intérieur d'un mur, 2011
  • Un concert d'Archie Shepp, éditions La Porte, 2011
  • À l'ombre du Bonsaï, 2012 - L'Âne qui butine
  • Quelques petites choses à murmurer à l'oreille des mourants, éditions La Porte, 2012
  • Le Cahier romain, éditions du Cygne, 2012
  • Pina Bausch, illustrations de Amathéü & Ganz, éditions du Cygne, 2013
  • Opsimath : la nuit, Rougier, 2013
  • L'Assèchement du Zuiderzee, éditions Rhubarbe, 2013
  • Le Mangeur de nèfles : haïkus libres, Pippa, 2014
  • Déluges et autres péripéties, éditions La Porte, 2014
  • Dernières nouvelles d'Ulysse, 2015
  • Escaut ! Salut: suite zwanzique et folkloresque, 2015 - Opium Éditions
  • In angulo cum libro, Al Manar, 2015, avec Diane de Bournazel
  • Dernières nouvelles d'Ulysse : avis de recherche, Rougier, 2015
  • Un requiem allemand 1986, éditions Caractères, 2015
  • La Perte du temps suivi de On ne peut pas dépenser des centimes, Castor Astral, 2015 - Prix Mallarmé et prix Théophile-Gautier
  • La Dent tombée de montagne, Dumerchez, 2015
  • Anvers ou Les anges pervers, récit, Espace Nord, 2015
  • Epitapheïon, éditions La Porte, 2016
  • D'un bol comme image du monde, avec illustrations de Lee Ye Ji et Thai Le Dinh, Pippa, 2016
  • Vie et mort du sentiment étrange d'être dieu, éditions La Porte, 2017
  • Le Sous-marin de papier, avec des illustrations de Aude Léonard, Møtus, 2017
  • Lettres à un vieux poète, éditions Caractères, 2017
  • Hommage à Calder, éditions Rhubarbe, 2017
  • La Chute de la grande roue, suivi de Les grillons chantent la nuit ; de En dehors et autour ; et de Paresseux Dimanches, Le Castor Astral, 2017
  • Ball-trap, illustrations Laurence Skivée, 2017 - L'Âne qui butine
  • Bureau des solitudes, éditions La Porte, 2018
  • Maîtres et maisons de thé, éditions Rhubarbe, 2019
  • La Musique à bouche, illustrations de Philippe Bouret, éditions du Petit Véhicule, coll. « l'Or du temps » no 150, 2019
  • Le grand poème, éditions Caractères, 2019
  • L'Agendada, éditions Rougier, 2019
  • Brainxit, avec des photographies des sculptures de Wanda Mihuleac, éditions Transignum, 2019.
  • Les Convoyeurs attendent, journal sauvage, éditions Rhubarbe, 2020

        Autres lectures

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