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Serge Núñez Tolin, une poésie de la moindre des choses

Les éditions Rougerie nous ont donné à découvrir en 2020, deux recueils de deux poètes d'origine belge : Marc Dugardin et Serge Nuñez Tolin. S'il ne fallait ne retenir qu'un point commun entre ces deux auteurs, il me semble que c'est leur sens de  l'observation méticuleuse du moindre instant de vie. Mais aussi dans leur appropriation de leurs observations « C'est en moi que je trouve le bois vécu des clôtures : en moi l'incendie du sens. »

L'ouvrage de Serge Nuñez Tolin s'ouvre sur des feux de prairie en totale opposition avec la pluie drue du titre. Mais cet d'embrasement est un feu de joie. Le feu de la fin d'été et de l'automne où commencent ces textes. Le feu intérieur qui entretient la vie. Ce feu que les poètes cherchent, sinon à domestiquer, à le comprendre, à en percevoir la magie, à en ressentir le pouvoir « en moi, l'incendie du sens ».

Tout de suite, dès le premier texte, l'auteur cherche à « Tirer le poème de son silence » dans la « Banalité de la campagne, chemins défoncés.  / / Tous les mots sont ici, aucun ne s'absente, prairie du réel ». Là où le réel serait cette prairie immense où il est facile de se perdre, l'auteur a trouvé son poste d'observation : « La fenêtre patiente pour s'accorder au paysage. » Pour s'aérer le regard « J'habite les fenêtres, ces éveils de la lumière. »

 

Serge Nuňez Tolin, Près de la goutte d'eau sous une pluie drue, Rougerie, 2020, 72 p., 13 €.

 

 

La poésie de Serge Nuñez Tolin résonne comme célébration des mots du quotidien, « Ce quotidien où nous sommes levés avec les choses et les mots les plus quelconques ». Avec des mots de tous les jours, Serge Nuñez Tolin parvient à réaliser ce qu'Antoine Emaz appelait la fusion vie-langue pour un ensemble très agréable à lire.

Serge Nuñez Tolin sait choisir les mots de l'observateur attentif de la nature pour en exprimer la fragilité : « Fragilité belle, d'une beauté qui ressemble si fort à nos tristesses. Fragilité qui conduit nos pas vers les présences les plus discrètes. » La nature et les petites choses qui en font la vie « Les mots ne me séparent pas des choses ». Avec une écriture à l'écoute de ce « silence plus grand que les mots avec quoi on a voulu le cerner. »

 

Poésie du fragile, poésie de la moindre des choses.

 

Une observation fine de chaque perception la plus insignifiante, pour en deviner le signifiant. Le poète trouve un pouls dans le moindre envol de cloches. Il observe en profitant de la forme la plus heureuse de la solitude « Il y a toujours une solitude dont on doit se remettre, à laquelle on n'achève pas de se rendre. »

Observer le moindre détail, y repérer la moindre sensation. Dans la pluie drue, savoir y distinguer la moindre goutte d'eau. Pas besoin d'aller loin pour écrire de la poésie, « En quoi vaudrait-il toujours pour se tenir ici, respirer ailleurs ? », juste tenter de raccrocher à l'universel la moindre veilleuse allumée, le plus banal poteau de clôture, la plus insignifiante goutte d’eau « Près de la goutte d'eau sous une pluie drue. / Comme l'eau de la cruche, la mie sous la croûte, le silence réclame sa forme. »

Écrire avec le regard au plus proche du réel. « Des mots dits dans leur plus grande possibilité d'être dits ; pour cela, nus dans leur plus grande possibilité d'être nus. Ils sont le réel sans nous. Des mots avec lesquels nous mangeons et mourons. ». Se laisser s'abandonner à la méditation dans la lumière et le silence pâles d'une aube nouvelle, depuis une fenêtre, et dire « le glissement des heures l'une sur l'autre. »

Que retirer de cet ouvrage ? Une poésie des horizons bas, d'une douce mélancolie, en prise directe avec « le vaste réel et l'icône du monde. », mais aussi « une joie dans la matière que l'écho du vivant y aurait mise, violente et active, une danse élémentaire. » Une pluie nourricière pour qui aime la poésie.

 

 

 

Présentation de l’auteur

Serge Núñez Tolin

 Né à Bruxelles en 1961 où ses parents sont arrivés d'Espagne dix ans plus tôt. Sept livres parus. A partir de 2001, quatre ouvrages ont paru sous le titre unique de Silo et un cinquième, en 2006, L’interminable évidence de se taire : les cinq aux Éditions Le Cormier (Belgique).

En France, parution de L’ardent silence chez Rougerie (2010) et Nœud noué par personne (2012), Rougerie éditeur.

Dernières collaborations aux revues en Belgique et en France (2010-2013) : Traversées (Arlon),  N4728 (Angers), NUNC (Clichy).

Une émission radio diffusée sur la RTB-F La Première en 2010. Des articles de presse sur l’Internet et dans les revues N4728 et EUROPE en 2013.

 

Serge Núñez Tolin

Autres lectures

Serge Núñez Tolin La vie où vivre 

Dès la première page, le lecteur est surpris : s’agissant d’un livre de poésie, il est divisé en chapitres comme un roman. Cela semble annoncer une habitude que le poème liminaire annonce : [...]




Serge Núñez Tolin La vie où vivre 

Dès la première page, le lecteur est surpris : s’agissant d’un livre de poésie, il est divisé en chapitres comme un roman. Cela semble annoncer une habitude que le poème liminaire annonce : on assiste en effet au nettoyage des lieux que l’on habite, expression triviale s’il en est.

Mais dès la page suivante, le registre change : Serge Núñez Tolin ne déclare-t-il pas : « Je vais sur la brèche d’une phrase que je n’ai pas encore en vue » (p 9). Le poète dit alors sa confiance dans les mots pour décrire le réel, le scruter ou lui faire rendre l’âme. Et, partant de là, il s’interroge sur ce qu’il est : « De quel poids me pèse le je que je suis !» (p 18). Volonté de dépasser le je, de le retrouver dans un monde obscur : « Comme c’en est assez de soi ! » (p 20).  Mais Serge Núñez Tolin s’interroge aussi sur le pouvoir de la poésie : « Le poème mis à nu, il n’en reste que le nerf » (p 28). Quel pouvoir a le langage ?

Des mots à chercher sous l’évidente absence de réponse (p 29)

Car la réponse n’est jamais donnée. Se peut-il que « des mots qu’ils nous donnent forme ? » (p 39). Question à laquelle semble répondre Serge Núñez Tolin, :

Abîme de l’impossibilité à énoncer un sens  (p 42)

Serge Núñez Tolin, La vie où vivre, Rougerie éditeur, 80 pages, 13 euros.

Serge Núñez Tolin, La vie où vivre, Rougerie éditeur, 80 pages, 13 euros.

Dans les bonnes librairies ou sur commande chez l’éditeur www.editions-rougerie.fr

Le chapitre II est d’une tonalité plus grave puisqu’il s’ouvre sur des mots comme la mort, le néant, l’obscurité… : « La totalité de la mort est dans la vie » (p 46). Leçon de sagesse et de lucidité ! Mais le silence peut-il vraiment être plus que le silence, c’est là l’un des sortilèges de la poésie. La présence, c’est le quotidien auquel se raccrocher (p 52) mais revient vite le néant : « Mais le vide n’est-il pas toujours où nous sommes ? » (p 57). L’homme est sans doute condamné à cette contradiction : vivre est un combat contre l’ombre. Mais l’espoir n’est pas absent car « Il y a une épaule pour l’accolade / … / Une main pour la main » (p 62). Même la poésie témoigne qu’« il y a toujours des mots où aller » (p 63). Il faut « User des mots contre ce qui s’oppose à eux » (p 67). C’est qu’il y a « dans le silence une absence à écouter » (p 69). Encore faut-il « Confier aux mots nos présences brèves » (p 71), peut-être est-ce là la raison d’être du poème ?

C’est écrit dans une prose (qui ressemble à des versets), ce qui explique la composition en chapitres. Mais l’important ne réside pas là, c’est que « La vie où vivre » est une ode à la vie, malgré tout…

Présentation de l’auteur

Serge Núñez Tolin

 Né à Bruxelles en 1961 où ses parents sont arrivés d'Espagne dix ans plus tôt. Sept livres parus. A partir de 2001, quatre ouvrages ont paru sous le titre unique de Silo et un cinquième, en 2006, L’interminable évidence de se taire : les cinq aux Éditions Le Cormier (Belgique).

En France, parution de L’ardent silence chez Rougerie (2010) et Nœud noué par personne (2012), Rougerie éditeur.

Dernières collaborations aux revues en Belgique et en France (2010-2013) : Traversées (Arlon),  N4728 (Angers), NUNC (Clichy).

Une émission radio diffusée sur la RTB-F La Première en 2010. Des articles de presse sur l’Internet et dans les revues N4728 et EUROPE en 2013.

 

Serge Núñez Tolin

Autres lectures

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Dès la première page, le lecteur est surpris : s’agissant d’un livre de poésie, il est divisé en chapitres comme un roman. Cela semble annoncer une habitude que le poème liminaire annonce : [...]




Serge Núñez Tolin, Langue qui se distribue

Langue qui se distribue comme une géographie, commune étendue limitée dans un monde sans fin.

Je m'arrête sans malice auprès de ces mots que j'ai crus contraindre à être les desservants de mon silence. J'y vois un appareil dans lequel, hier je m'en fus, aussi vain que je m'y vois déconvenu, aujourd'hui.

Ainsi, conduire ses mots dans ce qui ne se pense pas, c'est s'approcher de ce brin d'herbe que l'immobilité environne, prononcer le mot rien dans l'état que réclame sa contemplation.

Extrait de L'immobilité et un brin d'herbe
22 .12. 05 – 27. 07. 06

Présentation de l’auteur

Serge Núñez Tolin

 Né à Bruxelles en 1961 où ses parents sont arrivés d'Espagne dix ans plus tôt. Sept livres parus. A partir de 2001, quatre ouvrages ont paru sous le titre unique de Silo et un cinquième, en 2006, L’interminable évidence de se taire : les cinq aux Éditions Le Cormier (Belgique).

En France, parution de L’ardent silence chez Rougerie (2010) et Nœud noué par personne (2012), Rougerie éditeur.

Dernières collaborations aux revues en Belgique et en France (2010-2013) : Traversées (Arlon),  N4728 (Angers), NUNC (Clichy).

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Serge Núñez Tolin, L’étendue de recul

 

 

L'étendue de recul où l'obstination nous entraîne dégage à perte de vue l'horizon d'une pensée impossible à circonvenir.

Mots incapables de poser l'île intérieure dehors, quand bien même celle-ci ne serait que la reconnaissance de notre rien.

Se rapprocher du monde, atteindre cette transparence qui ouvre dans l'air leur place aux choses, être l'amorce qui déclenche dans un lieu la stupeur du regard, trouver dans l'immobilité un asile agissant.

Cette source embrasée des lieux, émanant des choses –et des plus pauvres, des plus discrètes, insignifiantes– creuse à partir d'elles, un logement aux présences.

Extrait de L'immobilité et un brin d'herbe
22 .12. 05 – 27. 07. 06

 

Présentation de l’auteur

Serge Núñez Tolin

 Né à Bruxelles en 1961 où ses parents sont arrivés d'Espagne dix ans plus tôt. Sept livres parus. A partir de 2001, quatre ouvrages ont paru sous le titre unique de Silo et un cinquième, en 2006, L’interminable évidence de se taire : les cinq aux Éditions Le Cormier (Belgique).

En France, parution de L’ardent silence chez Rougerie (2010) et Nœud noué par personne (2012), Rougerie éditeur.

Dernières collaborations aux revues en Belgique et en France (2010-2013) : Traversées (Arlon),  N4728 (Angers), NUNC (Clichy).

Une émission radio diffusée sur la RTB-F La Première en 2010. Des articles de presse sur l’Internet et dans les revues N4728 et EUROPE en 2013.

 

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Serge Núñez Tolin, Marquer ses pas

 

 

 

Marquer ses pas dans l'épaisseur des présences : toucher l'ici des lieux, respirer le maintenant de la minute : en achever la boucle, serrée comme le corps sur sa forme.

Rien ne fera que les mots chargés de l'idée de sève n'éclosent en fleurs s'ouvrant à la lumière. Mais le dire me tend vers cette sensation.

Vers le réel, tendu de ne jamais en être alors même que j'y suis. Cette tension qui me loge.

Extrait de L'immobilité et un brin d'herbe
22 .12. 05 – 27. 07. 06

Présentation de l’auteur

Serge Núñez Tolin

 Né à Bruxelles en 1961 où ses parents sont arrivés d'Espagne dix ans plus tôt. Sept livres parus. A partir de 2001, quatre ouvrages ont paru sous le titre unique de Silo et un cinquième, en 2006, L’interminable évidence de se taire : les cinq aux Éditions Le Cormier (Belgique).

En France, parution de L’ardent silence chez Rougerie (2010) et Nœud noué par personne (2012), Rougerie éditeur.

Dernières collaborations aux revues en Belgique et en France (2010-2013) : Traversées (Arlon),  N4728 (Angers), NUNC (Clichy).

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Serge Núñez Tolin

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Serge Núñez Tolin, La pensée que l’on est

 

 

La pensée que l'on est, cet être que je suis : ce qui est moi. On le porte en soi comme le brin d'herbe sous le vent dans l'indifférence bleue du ciel.

Significations présentes hors des mots, saisies dans le réel, prises par le flux du monde, étant et le flux et le monde.

Voici longtemps maintenant que je parle, vertige à mots qu'un appel inconnaissable a ouvert en moi dont la béance s'élargit à mesure que j'y réponds sans trouver de fin ou de raison à ce qui m'a mis en marche, ni à la marche elle-même.

Extrait de L'immobilité et un brin d'herbe
22 .12. 05 – 27. 07. 06

Présentation de l’auteur

Serge Núñez Tolin

 Né à Bruxelles en 1961 où ses parents sont arrivés d'Espagne dix ans plus tôt. Sept livres parus. A partir de 2001, quatre ouvrages ont paru sous le titre unique de Silo et un cinquième, en 2006, L’interminable évidence de se taire : les cinq aux Éditions Le Cormier (Belgique).

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Serge Núñez Tolin, D’un même mouvement

 

 

D'un même mouvement, rejoindre l'immédiat et se perdre dans l'immobilité. Reculer loin des significations, ne plus éviter l'altercation avec le réel : voix des choses qui n'existent pas, un silence avec de la matière autour.

L'excès de pensée sur le monde a vidé les lieux, désert de l'île intérieure, naufrage du dehors en des sables sans rivages.

C'est alors qu'une tasse posée sur la table, le fruit roulé hors du plat, des bouteilles vides sur l'étagère apparaissent comme autant de monuments aux choses, salvateurs d'elles-mêmes, actes de présence en quoi notre regard à son tour retrouve ce que nous sommes.

Extrait de L'immobilité et un brin d'herbe
22 .12. 05 – 27. 07. 06

Présentation de l’auteur

Serge Núñez Tolin

 Né à Bruxelles en 1961 où ses parents sont arrivés d'Espagne dix ans plus tôt. Sept livres parus. A partir de 2001, quatre ouvrages ont paru sous le titre unique de Silo et un cinquième, en 2006, L’interminable évidence de se taire : les cinq aux Éditions Le Cormier (Belgique).

En France, parution de L’ardent silence chez Rougerie (2010) et Nœud noué par personne (2012), Rougerie éditeur.

Dernières collaborations aux revues en Belgique et en France (2010-2013) : Traversées (Arlon),  N4728 (Angers), NUNC (Clichy).

Une émission radio diffusée sur la RTB-F La Première en 2010. Des articles de presse sur l’Internet et dans les revues N4728 et EUROPE en 2013.

 

Serge Núñez Tolin

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Serge Núñez Tolin

 Né à Bruxelles en 1961 où ses parents sont arrivés d'Espagne dix ans plus tôt. Sept livres parus. A partir de 2001, quatre ouvrages ont paru sous le titre unique de Silo et un cinquième, en 2006, L’interminable évidence de se taire : les cinq aux Éditions Le Cormier (Belgique).

En France, parution de L’ardent silence chez Rougerie (2010) et Nœud noué par personne (2012), Rougerie éditeur.

Dernières collaborations aux revues en Belgique et en France (2010-2013) : Traversées (Arlon),  N4728 (Angers), NUNC (Clichy).

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Rencontre entre Serge Nunez Tolin, Marc Dugardin et Jean-François Grégoire

Recours au Poème  propose aujourd'hui à la lecture la version écrite inédite d'un entretien tenu le 27 novembre 2010 à la Librairie "Quartiers Latins" à Bruxelles. Il s'agit d'un "Coup de coeur" à la faveur duquel deux livres furent présentés à leur parution. "Voyageurs que nous sommes" aux éditions La Ravine de Muriel Claude, photographe et Marc Dugardin, ainsi que "L'ardent silence" aux éditions Rougerie de Serge Núñez TolinL'échange avec les auteurs a été conduit par Jean-François Grégoire, lecteur.

Nous publions ici les réponses de Serge Núñez Tolin.

 

I. / Questions posées à Marc et Serge

 

1°)   « Ainsi la réalité trouvée dans le poème, surgie de lui, est-elle avant tout une heureuse surprise, venant à la fois du dehors et du dedans », écrit Jean-Pierre Lemaire (« Marcher dans la neige », p.28)… Le poète toujours en quête des minutes heureuses dirait Georges Haldas. On parle aussi du bonheur d’expression de certaines formules poétiques… Quel serait pour vous le rapport entre la poésie et la joie – de se retrouver, p.ex., d’être ensemble, de favoriser la « commune présence » (Char) ?

 

La poésie est d’abord une solitude. Cependant, très vite –presque simultanément- elle postule la présence des autres. C’est ce que je nomme actuellement le « tutoiement ».

 

La joie, non je ne peux faire usage de ce substantif s’agissant du rapport à ma poésie. Mais je reçois fort bien cette impulsion en elle qui, me poussant à écrire, me pousserait à favoriser la « commune présence ».

 

&

 

2°)   Jean-Louis Chrétien, philosophe-poète, pense que ce qui caractérise la joie, c’est son inclination à dilater – le cœur, l’univers, les liens. La joie augmente. Pour Reverdy, la poésie « apparaît chaque fois que l’auteur se fait une révélation au-dessus de lui-même. » On pense à Pascal et à son affirmation selon laquelle « l’homme passe l’homme »… Quel « territoire » cherchez-vous à accroître en écrivant des poèmes ?

 

Son livre « La joie spacieuse » chez Minuit est une excellente nourriture spirituelle.

 

Bien en accord avec la phrase de Reverdy. Mais cet instant au-dessus de soi-même  –et il est vrai : fugacement, survient une sorte de joie au ventre, littéralement physique–  cet instant de dépassement donc donne la sensation d’une amplification de l’être que l’on sait aussitôt illusoire face au réel. Toutefois, rien du réel, même le pire de l’homme, n’empêche l’écriture (l’histoire littéraire existe aux côtés de la permanence des guerres, crimes contre l’humanité, génocides, etc.) Il en va de même des arts en général.

 

Rien en tous les cas n’empêche d’écrire, avec parfois dans son flux, la sensation de se croire plus présent. Ni la conscience de la teneur illusoire de cette amplification.

 

3°) Personnellement, j’aime bien imaginer la poésie comme une forge à images, à métaphores. Comme l’atelier où se concoctent les « métaphores vives » (Ricoeur). Or, étymologiquement, la métaphore, c’est ce qui déplace – le point de vue, la vision du monde, les idées. Poète créateur, bien sûr – et créateur de nouveauté(s). Il y faut du courage : quelle tonalité donneriez-vous à cette espèce de courage : laborieuse, légère, surprenante ?...

 

Cette écriture dans mon cas a toujours pris une tonalité laborieuse. A savoir, pourquoi l’écriture plutôt que le silence ?  J’ai toujours éprouvé des doutes quant à ce qui fonde le fait de s’adonner à l’écriture. J’ai profondément en moi, la notion de la dimension collective qui serait plus légitime que le fonds individualiste. Mais il s’agit d’un problème mal posé. En effet, l’individu peut ne pas exclure l’autre. De même, le plus grand nombre ne doit pas écraser l’émergence du singulier.

 

L’écriture est immanquablement surprenante ; c’est ainsi que l’on éprouve cette « joie spacieuse » de Jean-Louis Chrétien ou cet « au-dessus de soi-même » de Pierre Reverdy.

 

 

&

 

 

4°)   La poésie, prétend Reverdy, c’est le lien entre moi et le réel absent. C’est cette absence qui fait naître tous les poèmes.  « … tout nous résume en nous absentant », écrit Serge (p.41) Dans la bible, l’homme créé par Dieu se distingue par sa compétence à nommer les choses, les êtres. Mais ce travail ne le rend pas heureux : pour être heureux, il lui faudra trouver une aide, à côté de lui, qui ne soit ni ange ni bête, mais un(e) partenaire susceptible de lui permettre de fournir une substance au mot « je ». Est-ce la quête de ce « tu » jamais vraiment disponible qui nous résumerait ?

 

Cette recherche du « tu » : oui ! C’est également, « le néant fertile » qui nous conduit au « tutoiement ». Sortir de soi, ce n’est pas se contenter de cette sensation d’amplification dont l’écriture peut être l’occasion. Ecrire donc, qui revient à sortir de soi, c’est suivre sa piste –un sentier muletier–pour en arriver au développement d’un grand paysage que l’on peut comparer au tutoiement.

 

II. / Questions posées à Serge

 

 

1°)   Dans le fabuleux livre qu’il a intitulé « Qui/ si je criais… ? » où il parcourt des œuvres-témoignages, Claude Mouchard cite un texte du poète russe/soviétique Aïgui : « Plus ferme/ que la fermeté/ fondement du silence/ le plus pur. » Comment comprends-tu cette fermeté du silence (qu’on aurait tendance, souvent, à qualifier d’évanescent), toi, qui en as fait le motif/moteur de ton dernier recueil ? Aurait-elle à voir avec l’ardeur dont tu qualifies le silence dès le titre du recueil ?

 

Le mot « pur » est bien un terme, une notion dont je ne crois pas avoir jamais fait usage dans mes livres, ni dans la vie… ! De même que celui d’absolu –si ce n’est pour le dénier.

 

Le dernier –l’ultime– état du silence, le premier, le dernier : celui du néant, ce silence du néant, je le reçois, l’accueille, comme un silence fertile qui me pousse. Je dirais qu’il me conduit au réel. Et c’est en cela que ce mouvement ne peut être qu’ardent. Comme est ardente la vie. Peut être pas nos vies mais la vie, elle-même.

 

Je conçois bien le « silence » comme une réalité ferme ; je ne le vois pas autrement. Certainement pas comme évanescent, cela je ne le comprends pas.

 

 

2°)   Le romancier Michel del Castillo affirme volontiers que toute parole naît du silence. Mais on comprend que ce silence n’a rien à voir avec le silence « vide » qui a rendu fou certains mystiques ! C’est un silence habité, en quelque sorte : un silence qui écoute, ou pour écouter… Est-ce bien ainsi que tu verrais les choses, toi aussi ?

 

Un silence qui écoute : je ne crois pas. Je reçois ce silence plutôt comme l’indifférence du réel, l’indifférence naturelle à l’égard de notre présence. Ou la vie comme indifférente à nos consciences.

 

Mais un silence pour écouter : oui. Pourtant, il n’y a rien à écouter dans le silence si ce n’était ce « néant fertile » car si l’on entend en soi (l’oreille profonde) ce qu’il y engendre, nous décidons  –un acte de notre volonté–  de nous avancer ici et maintenant, dans ce monde où nous sommes présents, présents à la vie.

 

 

3°) Puisque je viens d’évoquer les mystiques, en voici un, et non des moindres : Eckhart, évoquant le silence comme « voie d’accès vers le lointain intérieur et la chambre secrète où s’épaissit le mystère » – qu’on rêve de rendre présent dans le langage. Se risquer à la lisière du mystère, est-ce le risque que tu prends en écrivant ?

 

Plus maintenant. Il est sans doute vrai que marchant aux limites du langage (les 4 Silo), je découvrais la tautologie, l’enfermement, la limite de la conscience humaine et l’écriture comme métaphore de cette tautologie.

 

         Quelques livres après Silo, la courbe partie des mots s’est infléchie vers les choses, courbe aussi du silence vers la présence, du je vers le tu : soit dans chaque situation : voie de l’acquiescement à la vie, par là, la difficile acceptation de l’impermanence et de la mort.

 

Aujourd’hui, je prends plus le risque de l’autre, le tutoiement. J’éprouve une réticence au mot de mystère car je le crains quand on en fait usage  pour barrer celui de conscience. J’admets fortement que nous sommes tant dépassés par le fait qu’il y a quelque chose plutôt que rien. Tellement, limité dans l’illimité. Mais je n’éprouve pas à partir de cela la nécessité personnelle ou collective d’une transcendance qui serait, par exemple le « mystère ».

 

 

&

 

 

4°)   Dans un livre remarquable qu’elle a intitulé « L’œil de l’âme », Jeanne-Marie Baude prétend que « dans la période de dépérissement spirituel que nous traversons, il nous faut sans doute sortir du silence. » Le penses-tu aussi ou, au contraire, aurais-tu tendance à dire qu’il s’agit plutôt d’y demeurer et de le creuser ? Et est-ce qu’on pourrait dire qu’à certains moments le silence est assourdissant – et qu’il faut en sortir pour s’entendre ou se comprendre encore ? C’est un peu la question du « pourriture du silence » (p.63) qui se pose ici peut-être…

 

 

Je ne sais trop comment « demeurer dans le silence et le creuser» n’empêche nullement de parler. Je pencherais même que, ce faisant, il y aurait comme une obligation vitale à en sortir une parole. Le silence nous pousse littéralement à prendre conscience ici et maintenant.

 

5°) « Atteindre l’ignorance qui nous devance, écris-tu p.44 (…) L’ardent silence qui manœuvre dans ma langue, est comme l’évidement du  je pour ne laisser de lui que ce qui y manque. »

« Effacement », suggère Jaccottet. Tsim-Tsoum disent les Juifs quand ils parlent de la manière don Dieu créa le monde – en s’en retirant. Qu’est-ce qu’on vise à travers ce retrait ? Le rien ? La simplicité ?

 

Si  l’on se laisse fasciner, subjuguer par la question que pense-t-on le silence nous poserait, le silence est effectivement « assourdissant ». Il empêche de revenir en soi, au silence de « l’oreille profonde » vibrant de la même vibration que le silence du monde. Cette identité des vibrations résulte aussi d’un acte de notre volonté.

 

Cette ignorance qui nous devance, c’est sans doute, la capacité à se délester de la raison tyrannique propre à la tradition occidentale. Cette raison qui si souvent despotique s’impose en imposant le « je » comme son bras armé et violent, faisant violence au véritable moi, celui qui s’efface pour mieux s’ouvrir au réel, à la vie, au tutoiement.

 

Il faut se retirer pour être présent.

 

 

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6°)   « Je suis paysage dans le paysage », écris-tu p.12 Cette affirmation consonne pour moi avec cette suggestion de Jacques Reda : « Car s’il est vrai qu’on apprend à mieux se connaître quand on voyage, on fait aussi l’expérience d’une certaine dépersonnalisation, comme si l’on se transformait en un libre espace dont celui qu’on explore devient à son tour le promeneur. » Dirait-on que le silence nous découvre ?...

 

 

Magnifique l’écho que tu m’offres, ce « libre espace » que l’on peut induire en soi dans la marche. Oui, le silence nous découvre ; comme le paysage et comme le silence du paysage, aussi nous découvrent.

 

 

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7°)   « Chaque chose est pierre d’achoppement, non pas pour les laisser derrière soi mais pour les traverser. » La pierre d’achoppement, c’est le scandale (en grec) : c’est ce qui fait chuter. Quelle serait ta « philosophie » du scandale ? Et comment s’y prendre, le cas échéant, pour le traverser (plutôt que le contourner ou l’éviter) ?

 

 

Si le scandale est le fait que rien ne nous est donné du sens de ce monde où nous sommes, si le scandale est le fait qu’il n’y a pas de sens à la présence du monde ainsi qu’à la nôtre, à la vie (et dans son cas, le sens est la vie même), la pierre d’achoppement est doublement le « néant » et le « réel » : les traverser nous  revient. Effectuer ces traversées, revient à admettre ce que nous sommes et ne sommes pas, ne pourrions pas être, accepter notre « ici et maintenant ». Le réel (néant inclus) nous conduit vers son immanence, et ainsi, cette immanence du réel, nous la sentons nôtre.

 

 

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8°)   Affût, vigilance, attente, patience, (espérance ?)… Etre poète, c’est être veilleur, guetteur (« ardent, ce guet ouvrier toujours à ses commencements », p.40) Guetteur d’aube, comme le moine ? Guetteur obsédé comme le militaire dans « Le désert des Tartares» de Dino Buzzati ?  En attente de quoi ?

 

En attente de rien. C’est une attente sans objet. Une attente qui n’a pas de but. Quoi que, cette attente soit la mise en disponibilité de soi à ce qui pourrait arriver et que l’on ignore. Mais cette attente n’a pas la révélation du sens comme résolution : il n’y a pas de réponse à la question.

 

L’attente est une tension dynamique de l’intérieur de l’être vers son extérieur. L’attente, c’est, en effet, guetter l’aube pour y puiser l’acquiescement en une sorte d’immobilité active.

 

 

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9°)   « L’emprise du silence sur le langage, la supériorité de la patience sur l’attente : jeunesses permanentes de la simplicité. » (p.33) Que peux-tu nous dire de cette patience ?

 

Cette patience serait une sorte de confiance dans l’attente, en laquelle nous trouverions l’acquiescement au monde.

 

 

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10°)   « Celui-là même enfin, ce silence, qui à perte de vue s’est soumis à un imprenable ‘il y a’ » (p.22) « Formes accomplie du silence, ce qu’il y a, pollen, qui propage une même persistance des lieux. » (p.28) Je pense à ces réflexions d’Emmanuel Lévinas à propos du fond de tout : cet « il y a », précisément, qui n’est pas silence, à proprement parler, mais murmure vaguement inquiétant… Cet « il y a », toi, comment le ressens-tu ? Que te « dit »-il ?

 

 

Cet « il y a » ne m’inspire pas l’inquiétude, l’intranquilité certes, mais avant tout, il ne faudrait peut être pas utiliser l’adjectif démonstratif « cet » qui établit un face à face. Or nous sommes partie de l’« il y a ». En ce sens, il n’y a ni espérance ni désespérance, l’ « il y a » est. Il n’appelle pas de sens puisqu’il ne pose pas de question.

 

« Il y a » est le lieux où par un acte de notre volonté, nous pouvons rallier « cette chambre d’où nous ne sommes jamais sortis » en tentant d’y rejoindre ce que nous y sommes et comme nous en sommes.

 

 

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11°)  Car tu notes ailleurs (p.43) : « Le silence détaché de ses sources défait ce qui l’approche… » Pour éviter le chaos de la destruction (voire de la violence), sur quelles sources peut-on compter ? Sur quelque chose qui serait à voir, comme les fameux « éclats » de lumière chers à André Dhôtel ?... « Il y a une commune présence du silence et de la lumière, écris-tu par ailleurs. Ils forment cette plaine de la réciprocité où l’on trouve que l’un continue l’autre. » (p.51) Comment interpréter cette continuité ?

 

 

Toute la vie sociale repose sur cette idée de source. En effet, sur quelle source nous fondons-nous pour éviter le chaos, la destruction, la violence ? Quelle transcendance ou catégorie supérieure de la pensée, quel universel ?

 

Aujourd’hui, en nos XXème et XXIème siècles, je pense que nous sommes, quels que soient les transcendances, face à des récits. L’homme, la société, l’histoire nous l’ont montré.

 

La source où je considère que l’on peut, une fois encore –si ce n’est la dernière–  chercher des fondements à notre conduite, c’est précisément cet « il y a ». Cet « il y a » duquel nous pouvons tirer les leçons qui sont d’abord en nous (ne pas oublier que nous sommes partie de cet « il y a »). La vie qui s’entend avec elle-même. La plante qui poursuit la lumière.

 

La continuité répond dans mon esprit à l’absence d’unité. Il n’y a pas d’unité en ce monde pour l’homme. Dieu n’en est pas une, la science n’en est pas une (et avec elle la ratio comme surplomb sur l’homme) : il n’y a pas de transcendance. Il n’existe aucun surplomb sur l’homme.

 

L’immanence –ici et maintenant– est cette continuité entre l’ici et le maintenant, entre l’homme, la vie et la mort. La continuité est ce qu’il résulte de l’opposition des contraires. La continuité m’est inspirée par l’ « il y a » et le rapport où je me perçois avec le monde. La continuité est un acte de volonté. C’est une discipline intérieure qui me porte au-dehors. Ce n’est pas exactement une éthique, ce n’est certainement pas une morale. C’est, je dois bien l’admettre, une conduite –une discipline intime– dont le fondement est encore à l’état d’intuition. Cependant, je ressens ce fondement, comme vrillé au ventre tel une intuition animale.

 

 

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12°) « La question du silence est absurde, ayant pris au silence sa propre absurdité, comme il serait absurde de ne pas poser la question du silence. » (p.55) Comment comprendre cette espèce de paradoxe ?  Comme l’expression de la limite de la pensée ? Ou comme le point de levier qui permettra de basculer vers un ailleurs de la pensée : cf. « Dire dans le silence : ‘la pensée n’éclaire rien, ni même, ce rien qu’elle laisse devant elle’. »

 

 

Expression de la limite de la pensée et comme point de levier qui conduit vers un ailleurs de la pensée. Se poser la question « pourquoi nous sommes là ? » n’a pas de sens. Comme poser cette question au silence même. Ne pas se la poser serait une inconséquence grave car nous sommes des êtres de profondeur ; sinon que faire de la conscience et de la pensée ? Toutefois, la réponse à cette question qui ne connaît pas de réponse ne doit pas attendre de la raison la résolution qu’elle appelle.

 

Cette résolution  –qui n’est pas réponse–  nécessite de se laisser porter par l’ « il y a ». Nous devons nous effacer et surtout mettre en retrait cet occident de la raison. Notre corps peut rejoindre le corps du monde. C’est peut être ce qu’il appelle le plus profondément et nous entendons mal cet appel, pensant qu’il est nécessité d’une transcendance. Le corps réclame de nous une émancipation de l’homme.

 

 

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13°) « Le silence, c’est le langage du monde à venir », affirmait le moine Isaac le Syrien. Pourrais-tu faire tienne cette affirmation ?  Et que serait alors le silence de l’écriture – ou le silence écrit ?...

 

Si le silence est le partage, la commune foulée avec l’ « il y a » que je nomme souvent « le paysage », je peux effectivement faire mienne cette phrase d’Isaac le Syrien. Le silence de l’écriture serait une écriture qui ne recourrait plus au récit pour se développer.

 

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Pour finir en ne finissant pas…

 

 

Jean-François, maintenant que j’ai répondu à ces questions si riches,  –bien que ce soit là des questions auxquelles nous n’avons jamais fini de répondre…–, il faut tout de même écrire ici que le poète a tout dit de ce qu’il peut dire dans la poésie qu’il écrit. Il faut dire que le poète est sans système.

 

Si le poète ajoute à son texte, c’est qu’il a pu dire tu à celui qui l’a interrogé et que ces mots de plus sont essentiellement l’exercice du tutoiement.

 

 

Jean-François, je t’adresse un très grand merci pour le travail que tu as fourni. Très stimulant. J’espère que ce que cela a déclenché en moi est à hauteur de ta profondeur.

 

 

Serge

 

 

 

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Fil de lectures de JM Corbusier : Mathy, Pozzani, Nunez Tolin, Kaïtéris

 

 

Il m’arrive pourtant de croire que j’ai dans les yeux pour leur sourire la toupie folle d’espérer                      et
Tant de soleil et si peu d’amour pour soulever le mutisme des pierres.

 

Tout Philippe Mathy se tient ici dans une oscillation entre deux extrêmes. Derrière chaque poème, il y a un martèlement discret, une force qui va. Ce sont des images intégrées discrètement aux phrases, non pas collées, c’est-à-dire en surplus. Elles se confondent dans le corps du texte le rehaussant d’une présence forte et discrète. Cette poésie se glisse en nous pour nous laver de quelque chose et nous renvoyer à la nature en même temps qu’à notre condition. Philippe Mathy met en avant la gravité de notre existence qui ne nous choque pas tellement elle est évidente. Le lecteur doit se laisser pénétrer par ces impressions justes, ces modesties de la profondeur où il plonge au fond de lui.

Car, c’est de nous que le poète nous parle, toujours au présent comme si tout s’accomplissait à l’instant de la parole, ce qui rend aux poèmes la densité de l’éternité qui traverse le temps et l’espace : Je referme la porte // elle est nue comme une source.

Sous la tristesse de notre condition, de notre amour mortel, de la dégénérescence de tout être vivant et de toute chose (cf. Châteaubriand), Philippe Mathy établit une biographie mentale par une poésie amenée par ce qui l’entoure directement et qui lui sert de tremplin vers le monde.                                  sortir   sortir   sortir  nous dit-il, quand l’évidence est quelquefois un mur.

Recueil difficile à commenter tellement nous approchons de l’insaisissable et de la présence, autour de nous, de la poésie. Un long chant à travers le monde dans ce qu’il a d’intime et de cosmique. Un monde saisi dans son quotidien le plus ordinaire et le plus fort nous est rendu autre comme par magie. Philippe Mathy a su rendre le propre du poète, d’une part,  on voit et c’est autre chose que l’on dit, d’autre part, on cherche à s’évader mais non pas à fuir, c’est donc d’une ouverture qu’il s’agit.

 

Ouvrir encore la porte aux bruits du monde.

Partout présent dans l’air    
un rire de clarté
pour oublier l’orage              
revenir                                                                                                                                                                                            
au cœur sec de l’été

 

Page 85, nous trouvons, non pas une définition de la poésie, mais un mode d’emploi, sa profonde utilité « par temps de manque ».

Il y a beaucoup de délicatesses mais aussi de petites taches sombres qui glissent comme une continuité. Il n’y a pas d’à-coup, le monde est « rond » mais sans concession : le bien et le mal, la laideur et la beauté ne sont qu’uns.

Dans la recherche d’une certaine vérité, le poète tente de fuir le mensonge conçu par l’esprit de l’homme. Celui-ci se trompe : la terre et la mer ne se joignent pas, c’est lui qui les joint au bout de l’horizon pour en tirer une image mais surtout une pensée. L’erreur serait-elle le fondement de notre raison ? Tout le recueil, derrière son monde sensible, donne lieu à beaucoup de réflexions.

S’il y a un espoir pour Philippe Mathy, il est autour de nous dans l’observation du monde et de sa jouissance de tout ce qui se passe et passe. Recueil qui nous élève et nous enlève.

 

Le saule ne pleure plus. Il danse, comme si le soir le tenait par les hanches
Le froid nous ramènerait-il à la raison, à la solitude barbelée de nos maisons ?

 

Belles peintures d’Agnès Arnould qui éclatent de couleurs, de surprises face au monde quand on a su ouvrir grand les yeux et que du regard perçant mais doux on ose regarder l’autre parce que l’on ose se regarder soi-même. 

 

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Philippe Mathy, Sous la robe des saisons, peintures d’Agnès Arnould, Editions : L’herbe qui tremble

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Ce recueil débute par une présence négative, certes un je suis, mais dans l’impossibilité de laisser tourner le monde en rond. Je est un gaffeur aussi bien dans le domaine spirituel que matériel, pire : L’exclu…de cette page déchirée. Espèce de négation de la négation : Le maudit qui a un clou dans le cerveau. Ne rien réussir et n’être atteint par rien, nous sommes au point zéro d’un côté et d’une peur de l’autre. Le monde y est décrit comme une impossibilité d’exister parce que d’un côté rien n’est saisissable et de l’autre, les obstacles à vivre ne peuvent être levés. Une part du rêve éveillé, où à peu de chose près, le possible serait ce rêve matérialisé comme décrire sa propre naissance sans en avoir gardé souvenir. Le réel est apprivoisé par son côté onirique. Navigation intérieure à tous les vents et à tous feux ouverts dans des mondes à la limite de l’étrange et de la peur contre lesquels nous butons. Claudio Pozzani affirme qu’il vaut mieux garder les yeux ouverts dans un délire…qui fuit. Nous sommes le plus souvent du côté négatif du monde.

 

Seulement des crochets de grues abandonnées
qui dansent dans le vent comme des femmes pendues

 

Page déchirée comme une déchirure intérieure, le tout dit sans emphase par affirmations directes qui s’accumulent comme des évidences dans un monde à oublier qui se réclame plus de la solitude. Dans le macabre et les destructions parfois des lueurs dansent, des éclats comme pour eux-mêmes. Il semble trop tard, rien ne changera. Quels secours chercher : la mère, l’amante, la religion ? Livre brûlé par des rêves, une présence absence inextricable. Ce sont des textes d’une ronde harmonie, penchés sur le présent et l’étrangeté d’être à deux pas de nous. Ces poèmes proposent leur vie au silence, à cette maturité où se reconnaît la sagesse de durer, longue vie à s’interroger au cœur des mots. «  La parole ne sauve pas, parfois elle rêve » dit Yves Bonnefoy.

Tout se fait avec force détails comme si le réel n’existait plus que dans les mots. Le réel se met en place au travers du langage et le monde n’y est plus qu’un fait de langage. Le poème devient un effet sans cause. L’auteur peut tout dire sans retenue, sans référence à la raison, sans liens logiques. Le poème ne renvoie plus qu’à lui-même. Le réel y est devenu une fiction active qui n’offre plus aucune garantie puisque la norme et les codes disparaissent. Notre culture, occidentale est basée sur l’idée de la cause. Si nous voulons sortir de l’ornière collective de la langue et du langage, il nous faudra modifier nos rapports entre les mots.

L’avant dernier poème : Je danse est une transe :

 

Et je danse, danse, danse,
 et je danserai à jamais
Je danse, danse, danse
parce que c’est toi qui me l’as demandé

 

Le dernier poème : J’ai vomi mon âme : préfigure un changement d’être :

 

Et à présent je me sens plus léger
Je peux nager librement
sans le poids du remords et des méchancetés

 

C’est un recueil thérapie qui tout au long va quelque part, en tâtonnant, vers une sérénité gagnée après avoir fait cet effort de se découvrir, de s’accepter, de s’imposer au monde pour finalement tenter de devenir autre. Après maintes questions, des débuts de réponses, même, à dépasser ses rêves, à attendre les mots, les siens, seule emprise sur sa propre vie. Cette page déchirée est soi renaissant.

J’ai vomi mon âme
hier
et je m’en fous

 

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Claudio Pozzani, Cette page déchirée.  Questa pagina strappata Prix 10 euros, Voix vives de Méditerranée en Méditerranée  Editions Al Manar (bilingue)

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  « C’est pourquoi le plus dangereux de tous les biens, le langage, a été donné à l’homme… : pour qu’il témoigne ce qu’il est … ».  Hölderlin

C’est le pas tranquille de tout un paysage. Pour Serge Nunez Tolin, les mots font partie intégrante du monde, ils ont absorbé les choses qui elles-mêmes les ont absorbés. Je le croyais, en début de lecture, et puis cassure entre mots et choses : Finalement un grand intervalle. Les mots n’expliquent rien. Ce qui sépare les mots des choses, ce n’est pas le silence, c’est la hâte de s’y mettre. L’auteur a posé de longues questions sur les mots, le monde et leurs rapports. Des mots récurrents : comme hâte, fenêtre, pas, mots … parsèment le recueil. Ils ne cessent de se renvoyer l’un l’autre l’écho d’un sens parfois variable. Un questionnement fait fissure dans le jour, quel est le rôle que le mot tient face aux choses, celles que l’on dit, celles qu’on ne dit pas. Nous sommes les seules vivants à détenir les mots, si faibles : si peu dans les choses. Terrible sens unique des hommes dans les choses et jamais le contraire. Nous nous occupons des choses qui ne s’occupent pas de nous. Voilà l’homme entre les deux, seul capable de les relier puisque mots et choses jamais ne se rencontrent que par son intermédiaire.

La seule conscience émane de l’homme qui fait exister le monde qui existe bien sans nous. Relation qui nous laisse amers et brimés. Les choses peuvent être vues sans être nommées et être nommées sans être présentes. De ces mots qui, en fait, nous laissent orphelins, il y a ceux qui manquent et ceux qui, présents, ne servent à rien, suggère Serge Nunez Tolin. Cet ensemble de réflexions judicieuses finissent par exaspérer, il n’y a jamais de réponse, il n’y a jamais de repos. Les mots, comment ne plus y voir qu’un piétinement, une pauvre immobilité qui ne conduit nulle part ? Les mots n’aident pas, à un certain stade, ils compliquent la vie et l’obstruent parce qu’ils noient notre conscience. Il y a peut-être une évidence du monde qui se passe des mots : les mots ne font pas la réplique.

Fou, dans ma hâte, celle de foutre le camp, d’abandonner cet « objet d’inanité sonore » comme si le présent ne pouvait être révélé que par les mots, comme s ‘ils étaient toujours et nécessairement attendus. Seraient-ils là, qu’en ferions-nous ? Et s’ils n’étaient pas là, comment vivre, comment sortir de nous-mêmes, comment nous échapper, comment communiquer ? Sans les mots, nous étoufferions.

Ces pas associés, synonymes des mots :

Faire des mots avec les jours / J’avance sur le jour, fou dans ma hâte.

N’est-ce pas, en fait, tout le problème de la vie qui est posé ? Chercher la réponse est tourner en rond. La première page du recueil en donne l’orientation générale. Les textes sont des essais de sortie, le lecteur s’y cogne la tête jour après jour. Il ne sait rien de plus à la fin du recueil et comme jusqu’au dernier jour de notre vie, nous n’avons fait que de Transmettre la poussée des présences. Certes entre les mots, entre les choses nous aurons vécu et comme eux nous ne sommes rien, seulement contenus dans notre désir de durer.

Etat de fait, Durer, Au jour le jour, titres de trois recueils que j’ai publiés, qui rejoignent l’idée générale, le fil conducteur de tout le recueil de Serge Nunez Tolin. Telle est notre condition, notre seule joie : être nous sans question et sans réponse, au point zéro de l’existence.

Mais de temps à autre, les mots ouvrent une fenêtre, l’espace peut y être respiré. Les chemins s’ouvrent dans l’ordre du quotidien. Un appel de la poésie, peut-être ? C’est le labyrinthe de la vie avec ses avancées, ses reculs, ses acceptations et ses rejets, ses joies, ses peines. C’est un recueil dans lequel le lecteur s’enfonce pour trouver la sortie que l’on ne trouve jamais. Il peut se lire, en avant en arrière, entre deux points fixes : la première page et la dernière page, comme notre vies sans doute, avec ses deux extrêmes, ses deux certitudes. Recueil épuisant que des lectures successives n’épuisent pas. On bute, on bute encore et dans notre emportement et dans notre volonté à saisir.

Peu de doute chez l’auteur, des phrases à caractère simple mais tranchantes par leur affirmation : Savoir qu’on a à ce point la faculté des mots ! Si poèmes, certes, il y a, nous sommes plus dans la sonorité de la prose que dans celle de la poésie. C’est peut-être la force de ce recueil : nulle volonté de charger la phrase autre que celle du sens appuyé sur une stricte ponctuation. L’évidence est là, entière, toujours entière pour que Voir éclate dans mes yeux. Beaucoup d’adverbes de lieu et de temps ponctuent les phrases dans une volonté d’affirmer un dire, avec toute la charge d’une vérité ressentie. Peu de métaphores, de comparaisons, la voix/voie est claire et ne livre qu’un seul sens : Tout ne finit-il pas par s’égaler ? Elle ne nous permet pas de fuir le texte, nous devons l’accepter. Nous sommes dans le domaine des constatations, le vocabulaire est courant et précis. Les mots de tous les jours sont rendus à leur stricte utilité, leur force, leur affirmation, c’est-à-dire à leur interrogation.

Me sentant de connivence avec ce recueil, je me dis qu’une recension n’exprime pas directement ce que l’auteur a dit mais ce que l’auteur m’a dit.

 

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Serge Nunez Tolin, Fou, dans ma hâte  Serge Nunez Tolin, Editons Rougerie 13 euros                                                                                                                                               

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Nous sommes dans un monde multi face où les lieux et le temps se mélangent dans une sorte d’unité que traverse comme un fil conducteur tout un ensemble de textes tantôt horizontaux, tantôt verticaux. Tout ce qui existe et a existé peuvent se rencontrer.

Espèce de souffle qui traverse le livre, des mots sont lancés à la poursuite d’eux-mêmes comme si les séparations de sens avaient disparu.  Le sens de l’un s’appuyant sur l’autre s’agrandit aux marges d’un monde insécable. Volonté de dépasser toutes les contraintes, tous les obstacles, toutes les règles de logique et de raison. Nous sommes dans un monde par-delà libéré de lui-même où le lecteur vient buter parce que sa culture scolaire est mise à mal, ne s’appuie plus que sur du connu qui fuit ou se transforme, passage par d’autres langues, des mots inventés… Jusqu’à ce que tout se replie dans l’éventail du réveil.

Situé entre rêve et réalité, entre possible et impossible, véritable navigation à l’estime, quelquefois par temps clair, tanguant entre les mots, les faits, prêt au naufrage de l’habitude

 

Les compagnons eux
toute la bande aux oreilles bouchées
souquent et galèrent ferme
tout en se rinçant l’œil
sourds aux promesses
qu’elles murmurent et tempêtent
comme aux ordres suppliants du patron

 

A la fin du recueil, il y a un dialogue où se glissent des éléments d’explication de la démarche. L’auteur Constantin Kaïtéris, ne nous tire-t-il pas en bateau ? Le bateau n’est-il pas le livre, le radeau de la mémoire ?

Passé et présent sont en fusion permanente. Les barques des morts clandestins, évoque l’actualité des naufrages de réfugiés clandestins avec force détails où l’attention se concentre sur des restes témoins de naufrage qu’un Ulysse moderne tente de ne pas oublier : un aviron pour mémoire contre l’oubli aveugle de la mer. Ce recueil nous présente le monde inchangé dans le fond, il n’y a que la forme qui varie au travers des siècles. Apparait aussi en filigrane toute une série de personnes devenues personnages, Rimbaud, Celan… inclus dans ce périple culturel avec Ulysse, Calypso… Dans ce mélange des peuples, de couleurs, de parfums, d’événements, se profile une immigration dont le dernier mot est nostalgie.

Un vaste remous à brasser la terre et la mer, à rassembler des souvenirs de cultures différentes comme des bribes reliées entre elles et sonnant clair, quelque part au fond de nous comme des présences, des souvenirs jamais éteints dans le feu du quotidien. Une lutte contre l’oubli encastré dans un présent sans cesse mourant, va-et-vient de la mer entre ressac et silence.

Voyages des mots, des phrases, des images autour desquels Alice et Ulysse se rassemblent où pour partir, il suffit de tourner la page et comme fin du périple de mettre le point final. Bateau d’encre et de papier, nous aurons filé sur notre frêle esquif, les nœuds marins concrets et abstraits de nos rêves entrecroisés laissés à la rose des vents comme seul gouvernail. Univers clos qui dans sa mobilité se fait fixité le temps de la lecture qui le relance dans un ailleurs où notre présence et notre culture sont  sollicitées pour à nouveau parcourir le monde d’aujourd’hui.

Dans les textes, les mots sont lancés les uns sur les autres, comme des vagues qui se précipitent vers le rivage puis refluent parfois avec fracas de cailloux emportés. Il y a tout un mouvement interne qui nous ballotte sans cesse entre phrases longues et courtes, très courtes parfois et nous précipitent d’un événement à l’autre sans laisser le temps de reprendre haleine. Nous filons vers le Terminus maritime :

 

Pourrait- il y avoir
sur le quai
 s’éloignant
sans bouger maintenant
Alysse et Ulice ?

 

Cette petite partie de poème, à elle seule, résume tout le recueil dans sa mobilité de lieu et sa fixité de temps, jusqu’à dans l’échange des prénoms, ce transfert qui assure un lien d’intimité entre tous les événements du monde.

Les collages, surprenant par leurs contrastes, incitent à la même méditation. Ils sont de véritables tableaux à superposition d’images et de temps et de lieux. Technique surprenante et parfaite, chaque recoin est à visiter en détail car il signifie. Il n’y a pas de centre, celui-ci se reconstitue à partir de n’importe quel point avec des couleurs parfois très vives et discrètes à la fois. Ce qui rend ces collages plus vrais est le respect de la profondeur de champ où l’œil se promène sans se perdre. Textes et collages, bien qu’ils se rehaussent, peuvent être lus séparément. Ce recueil est d’une densité difficile à rendre compte dans une recension. Il faut le lire au ralenti, par petites parties, et rafraîchir sa mémoire, de temps à autre, par l’usage du dictionnaire. Bref, nous refaisons le tour de notre culture passée assis sur le présent : La Santa Maria saluant le croiseur Aurore.

 

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Alice et Ulysse vont en bateau, Collages de l’auteur, Constantin Kaïtéris, Editions LansKine 16 euros

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Chez Recours au Poème éditeurs, Jean-Marie Corbusier a publié : Georges Perros / Un pas en avant de la mort, collection L’Atelier du Poème, 2014