Sonia Elvireanu, La lumière du crépuscule / La luce del crespuscolo
La poésie de Sonia Elvireanu célèbre toujours la beauté de l’ évanescence, si précieuse dans sa fragilité. La lumière du crépuscule, fugitive par essence, en constitue le sanctuaire.
C’ est pourquoi « le crépuscule / ravive les flammes de la vie / se donne à la lumière », écrit Sonia. Sa poésie est touiours une offrande baignée d’abandon. L’ éphémère en fait le prix :
Le dégel est en moi
la fonte des neiges
Tout est chemin qui mène à Dieu selon Sonia Elvireanu, entre ombre et lumière : la poésie en est la quintessence.
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Les paysages suggérés dans ce recueil sont souvent ceux de la mythologie grecque avec « un été brûlant », qui ramène le voyageur - Ulysse – vers son Ithaque :

Sonia Elvireanu, La lumière du crépuscule / La luce del crespuscolo, préface et traduction en italien de Giuliano Ladolfi. Giuliano Ladolfi editore, 116 pages, 2025
de retour sur ton rivage aux oliviers,
tu es l’ infini,
l’ immensité de ton Ithaque.
Le syncrétisme au sens de fusion, règne toujours dans la poésie de Sonia Elvireanu. Le Dieu des Chrétiens et les dieux grecs cohabitent harmonieusement dans un monde rêvé, idéalisé peut-être. Tout est « luxe, calme et volupté »1 dans une invitation au voyage apaisée.
On pourrait parler de Sagesse : ce que Sonia nomme
L’ instant de grâce
un instant divin
comme une fête
traverse mon esprit
*
J’ ignore si le mot « mystique » est adéquat pour caractériser cette belle poésie. Peut-être même est-il superflu voire erroné. Sonia sait ressusciter l’ être aimé. Avec elle , l’ amour est divin avec parfois une lune complice.
je cherche la nouvelle lune
enveloppée de nuages
le ciel où se trouve
le Poème, sa lumière
Le crépuscule, l’ ombre, la lumière venue de « la brise sans fin du Haut, » telle est la trilogie du Divin alors seulement, nous dit-elle,
un esprit céleste
illumine l’ air
comme si un ange parlait
Ainsi le poème « Recueillement » offre un miroir subtil de ce recueil et de son autrice :
" je me décompose et me recompose " , dit-elle. Le poème est une empreinte, lieu de la métamorphose entre humilité et resplendissement. Il y a bien incarnation au sens fort, ontologique, dans la lumière célébrée ici. Entre rêve et réalité, la poésie est incarnée, elle se fait chair pour mieux séduire le lecteur entre mer et ciel.
Note
- Charles Baudelaire L’ invitation au voyage