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France Burghelle Rey, La maison loin de la mer

Que la joie soit ma demeure !

Le titre évacue un lieu (la mer) pour mieux mettre en exergue l’objet de toute l’attention : la maison. C’est comme dans Autant en emporte le vent ; ce à quoi tient l’héroïne du roman comme celle des « Fragments 1 » c’est à une terre, avant tout. « Je suis tiraillée par l’idée que le Lieu toujours l’emportera sur l’Autre. » (p.32) Elle évacue l’eau pour le sol, pour la terre, pour la maison de l’enfance.

Toutefois le titre n’est complet que si l’on ajoute « Fragments 1 » qui précise de quel genre de texte il s’agit. Non un récit, non un roman, non de la poésie, mais des fragments, mais des fragments de quoi ? D’autres tesselles comme dans « Petite Anthologie », mêlant poèmes, essai, bribes de contes, réflexions, citations, et autobiographie, façon puzzle ? Oui tout cela à la fois en un tissu serré qui ne lâche rien des diverses dimensions du moi, qui noue le réflexif à l’intime, le lointain au proche, l’espace au temps, tel recueil à tel autre car tout se tient, tout finit par s’emboîter d’une œuvre à l’autre et toutes les expériences littéraires qui ont forgé la personnalité de l’écrivaine France Burghelle Rey ont contribué à son enrichissement, à son accomplissement, à son équilibre mental. Aussi ne faut-il pas s’étonner si un de ces plus grands plaisirs est de « glaner » des citations d’auteurs qui sont comme les fondations de la maison-écriture. Elles étayent sa pensée, émerveillent son imaginaire, lui permettent de rassembler le troupeau de ses auteurs fétiches. Son glanage n’a rien de pédant. Il est purement poétique, purement de gratitude et de passion, purement architectural.

Un poète n’est-il pas plus que d’autres attiré par le fragmentaire ? Le poème n’est-il pas dans sa structure même fragment ? Dans un même recueil, chaque poème est fragment par rapport à chacun des autres et à l’intérieur du poème lui-même il se fragmente souvent en strophes, se diffracte en vers. La spatialité, en poésie, est une question clé, d’où la prédestination du poète à faire du fragment une voie privilégiée.

France Burghelle Rey, La maison loin de la mer, Éditions Douro, 96 pages, 15 €.

 

Le fragment est espace ouvert, passerelle d’un terrain à un autre, d’un ouvrage à un autre. Il permet de créer des liens sans s’enfermer en eux. Il est essentiellement musical puisqu’il favorise l’enchantement des échos, le rappel des thèmes, des fantasmes, des ravissements, des fulgurances et des obsessions. Il participe de l’infini et de l’inachevable. La citation de Michel Leiris que glisse France Burghelle Rey à la toute fin du livre est emblématique de l’entreprise de la poète : « Un livre qui ne serait ni journal intime ni œuvre en forme, ni récit autobiographique ni œuvre d’imagination, ni prose, ni poésie, mais tout cela à la fois. Livre conçu de manière à pouvoir constituer un tout autonome à quelque moment que (par la mort s’entend) il soit interrompu. Livre donc éventuellement posthume et perpétuel work in progress. »

 

**
*

 

L’entreprise dans laquelle la poète entraîne son lecteur s’appelle, dit-elle page 26 une « autobiopoésie ». On y entre in media res par effraction. On doit s’y débrouiller, démêler les écheveaux ou comprendre à mi mot les relations des uns avec les autres. La narratrice n’explique pas, ne présente pas les protagonistes de l’histoire, elle fait comme les enfants quand ils racontent : elle ne se soucie pas que l’énonciation ne soit pas claire pour son lecteur car en ouvrant le petit volume on entre d’emblée et de plain-pied dans le mystère, ce mystère pour lequel elle écrit : « J’aspire à comprendre tout en ayant peur d’éclaircir ce mystère. » (p.23) Et pour y parvenir il faut être dans « ce lieu » de l’enfance où quelque chose a eu lieu.

Ce qui toutefois décide de ce qui a eu lieu c’est ce qui se passe dans le texte même qui s’écrit comme si l’écriture tout à la fois dérobait le mystère et le faisait naître. Dans l’écriture de La Maison loin de la mer la première transformation c’est l’autorisation que se donne l’auteur d’écrire au féminin : « Voici que, pour la première fois, j’écris un livre au féminin. Quinze carnets et comme un refuge, par choix, au masculin. J’ai amputé tant d’adjectifs, de participes de leur dernière voyelle. Mais peut-être l’ai-je fait pour exprimer un neutre, une absence de genre, sans que m’en importât la question. » (p.19) Cette autorisation lui permet de faire resurgir la petite fille qu’elle fut et d’évoquer sa première expérience de la beauté qui se hisse dès l’aube de la vie en expérience mystique : « Le second lien qui correspond à un extrait de La Source que je cherche de Lytta Basset confirme ce rapport entre lieu et spiritualité et me rappelle ce que j’ai dû vivre, enfant, dans mon village : une fillette de quatre ans en vacances, l’été, regardant les hirondelles voler autour d’un clocher, est soudain envahie d’une plénitude, un bonheur absolu, au point de courir le raconter à ses parents. » (p.53) Un flash de joie sans mélange qui s’apparente à une révélation dont la conscience et la signification ne naîtront que bien plus tard. Ce qui compte, dans le parcours sensuel, sensitif, affectif, intellectuel et spirituel plein de méandres, d’obscurités, de douleurs et d’empêchements, c’est cette joie première qui revient – intacte – au cours du temps depuis le lieu de l’enfance et cette joie s’appelle aussi poésie. Que la joie soit à saisir, voilà qui lève un pan du mystère de la vie, de toute vie ! Qu’il faille pour la recueillir pleinement dans sa chair, dans son nid, dans l’art et l’écriture, demande une discipline et une aptitude que les contes (de l’enfance) nous aident à acquérir. Il n’est donc pas étonnant que les références au Petit Poucet, à La Belle au Bois dormant, à Cendrillon traversent l’ouvrage de France Burghelle Rey. Ils ont été la nourriture de la petite fille de la maison de Rose. C’est par eux qu’elle a su la valeur d’un bal, du baiser, la valeur des mots qu’on goûte, malmène, triture, avec lesquels on joue, on se trompe, on se laisse bercer. Et grâce à ces histoires anciennes, elle s’est préparée à filer la métaphore, à se faire piquer par le fuseau, ou par l’épine, à interroger le miroir qui réfléchit pour se demander Qu’ai-je donc filé avant de m’endormir ? (p.41) et d’entrer grâce à toutes ces strates intellectuelles et poétiques dans les problématiques de la modernité d’ici et maintenant.

La dislocation du récit, son opacité, sa fragilité importent peu. Ce qui fait sens c’est une trajectoire qui suggère (car il ne faut pas expliciter afin que la magie du secret continue d’opérer) un lien généalogique entre l’aimé et la narratrice, un lien lié au lieu comme si la relation amoureuse, accomplie ou non, rêvée, fantasmée, esquissée dans cette vie ci, avait déjà eu lieu bien avant, de même que la trahison personnifiée par la belle cousine. « Pourquoi vient-elle me voir cet été là ? Sous la tonnelle ils se connaissent. Regards, sourires dès le premier instant. C’est vrai qu’elle me ressemble. J’ai inventé les mots « miracle noir ». Belle cousine que j’aimais tant ! » (p.26)

Le factuel est réduit à une pincée de sel bien qu’il soit au cœur de l’inquiétude ou de « l’intranquillité » de la narratrice. La force de ce récit discontinu, morcelé c’est d’y avoir mis au centre, l’amour et la joie, qui ne sont pas racontables car ineffables. Seul surgit et s’y inscrit la trace ou « le résidu chantable » (comme a si bien dit Paul Celan), qui est la véritable trame poétique de la vie.  « Finalement ce n’est pas lui peut-être que j’aime mais cette terre que j’ai perdue et que j’aimerais aimer encore. Mais il est vrai qu’auprès de lui je me reposais et me remplissais de l’esprit de mon lieu. » (p.27)

Pour que le vif, la vie jaillissante bruisse du récit-poème, la narratrice exclut le « récit chronologique. » Quel sens aurait-il ? « Il ne serait qu’artifice. Seul est naturel le chemin pas à pas de l’écriture : celle-ci, comme la vie, une respiration. » (p.39) D’où l’impression d’une certaine spontanéité presque comme dans un journal intime où les trouvailles, les recherches, les flâneries, les conversations, les douleurs du deuil, les lectures du moment, tout est donné en pâture au lecteur dans un apparent fouillis, cartes sur table, poèmes d’autrui et poèmes personnels jouxtant la prose personnelle à celle d’autrui. Elle rejoint par « ses sauts et gambades » Montaigne qui lui aussi citait en abondance les auteurs latins ! Maintenant les poètes et penseurs du monde entier peuvent être cités et loués. Ils confortent, réconfortent quand chacun à sa manière fait l’éloge des choses de l’esprit. Alors, puisqu’il faut finir, eh bien je finirai (et je ne crois pas que France Burghelle Rey m’en tiendra rigueur), non par elle mais par une citation de René Char qu’elle donne page 58 :

 

 Il n’y a pas une place pour la beauté. Toute la place est pour la beauté.

Présentation de l’auteur

France Burghelle Rey

 

France Burghelle Rey est Paris, a enseigné les Lettres classiques et vit actuellement à Paris où elle écrit et pratique la critique littéraire. Elle est membre de l'Association des Amis de Jean Cocteau et duP.E.N. Club français.

Plus de cent textes parus dans de nombreuses revues et anthologies ainsi que plus de soixante-dix notes critiques(Nouvelle Quinzaine littéraire, Poezibao, Europe, La Cause littéraire, Place de la Sorbonne, CCP, Recours au poème, Texture, Temporel etc.).

 Elle a écrit une quinzaine de recueils dont Lyre en double paru aux éditions Interventions àHaute voixen 2010 puis chez La PorteRévolutionen 2013 suivideComme un chapitre d'Histoireen 2014 et deRévolution IIen 2016. Le Chant de l'enfance(Prix Blaise Cendrarsadultes)a été publié aux éditions du Cygneen juillet 2015, Petite anthologie, ( Confiance, Patiences et Les Tesselles du jour )chezUnicitéen 2017 et Après la foudrechez Bleu d'encreen 2018. 

Les derniers textes augmentés de L'Enfant et le drapeau (à paraître chez Vagamundo), naissance rédemptrice d'un " ange " dans un monde en désolation, veulent exprimer l'expression d'une nécessaire présence au monde en souffrance. Elle achève en 2017 un recueil encore inédit en trois parties sur le thème du lieu puis en 2018 commence un récit poétique.

Elle a collaboré avec des peintres (Georges Badin) et la graveur Hélène Baumel pour un certain nombre de livres d'artistes.

 

L'un des ses romans, le premier,  L'Aventure, est publié chez Unicitéau printemps 2018

 

http://france.burghellerey.over-blog.com/# :Un blog de plus de 27.000 pages de vues

 

Elle a écrit une dizaine de recueils  dont quatre sont publiés chez Encres Vives, coll. Encres Blanches : Odyssée en double, La Fiancée du silence, L'Orpailleur, Le Bûcher du phénix,  Lyre en double aux éditions Interventions à Haute voix, 2010 et Révolution chez La Porte,2013. Pour un texte du Chant de l'enfance, inédit, elle a obtenu le prix Blaise Cendrars et pour L'Un contre l'autre, Gegenüber, a été finaliste du prix Max-Pol Fouchet.   

Elle collabore avec des peintres et notamment avec Georges Badin  pour des livres d'artistes.
http://france.burghellerey.over-blog.com/#

Notes critiques dans de nombreuses revues comme Place de la Sorbonne, Recours au Poème, Lieux d’être, Cahiers du Sens, Terres de Femmes, Trace de poète, Littérales, Diérèse

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France Burghelle Rey, Petite anthologie, Confiance, Patiences, Les Tesselles du jour

France BURGHELLE REY, Petite anthologie, Confiance, Patiences, Les Tesselles du jour

Rien ne pouvait permettre plus merveilleusement de constater la cohérence des thématiques chères au cœur de France Burghelle Rey que cette Petite anthologie qui réunit trois de ses recueils, Confiance, Patiences et Les Tesselles du jour. Tout d’abord, et comme à son habitude, la sobriété de la couverture suggère l’extrême pudeur de cette écriture simple et concise, profonde et émouvante.

Nous retrouvons dans cette anthologie les formes de prédilection de l’auteure telles que le verset, mais aussi le vers libre, constitué d’une ou deux phrases, trois au plus pour ce qui concerne Confiance, qui ouvre le recueil. Les poèmes, placés sous l’égide d’un appareil tutélaire façonné de chiffres romains dans Les Tesselles du jour, distribués en trois chapitres pour Patiences, s’enchaînent, parfois même sans titre aucun pour ce qui concerne les textes de la première partie. Ainsi rien ne vient troubler la disposition régulière et métronomique des vers : trois par page pour les deux dernier recueils, quatre strophes de trois vers par page pour le premier.

France Burghelle Rey, Petite anthologie

France Burghelle Rey, Petite anthologie, Confiance, Patiences, Les Tesselles du jour, éditions unicité, 2017, 155 pages, 15 euros

Avant même de découvrir la langue de France Burghelle Rey, il est aisé de constater que l’espace scriptural devient un élément qui participe à la mise en œuvre d’une sémantique particulière. Un rythme ternaire s’y déploie : Il est permis d’y voir une référence implicite à la trinité, ou, pour le moins, et par analogie, de supposer le caractère  sacré que l’auteure a souhaité conférer à l’ensemble de ses textes, grâce à ce dispositif tout à fait particulier. Mais découvrir les vers de France Burghelle Rey offre réponse : les thématiques abordées par celle-ci prennent racine dans une mystique toute particulière : celle d’une humanité enfin unie dans la paix et la fraternité.

 

   Fouiller le passé chercher parmi les figures absentes ramasser des lambeaux de
   mon territoire

   Telle une chair devenue informe avec l’éloignement je m’en irai pour laisser ce mi-
   rage car

   Je crois au miracle de l’avenir il suffit d’être disponible comme on ramasse des feuilles mortes 

 

L’ambivalence bien souvent dévolue au lexique confère une tonalité toute particulière à ces épanchements lyriques. Mais il ne faut pas s’y tromper : l’avenir ici n’est pas personnel, il s’agit bel et bien de celui de nos sociétés. Serons-nous capables d’édifier la paix ? Ecrire devient alors refuge et moyen d’enjoindre les hommes à ramasser les feuilles mortes de l’ancien temps, afin d’exister ensemble, dans la fraternité :

 

   alors le temps est cet ami l’inconnu qui s’installe pour maîtriser l’espace
   je refuse les voyages rêve de chapelles et de villages
  seule cette feuille est ma demeure j’y ferai du feu de vos fusils 

 

Évocation de paysages et contemplation du mouvement inaltérable des saisons, tel est le support d’une commémoration du souvenir, mais aussi de l’élaboration d’un univers inédit. La référence à la nature n’est pas ici, comme chez les romantiques, l’occasion de métaphoriser les mouvements d’une conscience en proie aux questionnements existentiels et métaphysiques.  Bien sûr, les confidences de l’auteure sont parfois poignantes :

XVIII

Qui sait ici qu’entre l’écorce et l’aubier suinte le temps ? tu t’obstines à croire
en tes proches mais ils sont ignorants et ton attente est vaine solitude

Il existe des matins où tu prends les branches tombées pour autant d’épaves de
Vaines amies qui pour rien t’émeuvent tu crois avoir gagné un jour de plus

Te voilà à la merci d’une eau qui coule goutte à goutte d’un repas que tu ne souhai-
tais pas et d’une lutte quotidienne car ici on ne chante plus les psaumes que tu ai-
mais 

Mais France Burghelle Rey enracine l’esquisse d’une mystique universelle au terreau de ses vers, et cultive un verbe qui se veut fédérateur. L’humanité est tissée d’une immanence dont la nature témoigne : préexistante à la civilisation vecteur de scissions et de guerres, son concept, exploité dans toute sa dimension allégorique, offre à la communauté humaine une harmonie exemplaire et chantée par la poète. Cette célébration transcende les  résonnances lyriques. Et même si parfois les états d’âme de France Burghelle Rey transparaissent, ils sont immanquablement l’occasion d’énoncer un discours universel et qui porte la fraternité au rang d’horizon fédérateur :

                                                                  XIX

Se battre quand les fleurs disparaissent se battre j’ai peur loin d’elles de la mer car
sable n’est pas terre mon chant n’est pas silence à l’aube où je me lève

Se battre quand l’heure claire fait problème ô nuits de mon enfance mes pieds sont
Glacés qui se chauffent à la brique se battre quand mes rêves disparaissent

Il gagne sur les plages des poèmes galets baroques de ses vers des algues lui servent de pinceaux pour saisir la couleur du soleil 

Message continu et invariable, malgré les années et la diversité de l’œuvre de France Burghelle Rey, c’est cet espoir d’une communauté humaine harmonieuse comme les arbres d’une forêt coexistent pour créer un espace de paix, vecteur d’épanouissement et de silence fertile, qui est au cœur de toutes ses préoccupations. Toute entière dédiée à cet idéal, la poésie de France Burghelle Rey, grâce aux champs sémantiques d’une simplicité qui confèrent à ses propos une innocence céleste et limpide et à une mise en œuvre syntaxique somme toute protocolaire, ne cesse d’exhorter ses semblables à se retrouver. Et en tout premier lieu, elle leur offre l’espace du poème comme territoire où édifier une parole fraternelle.

Faut-il perpétuer les beautés qui sont là ou bien se contenter de reflets 

 

                                                            I

L’étau se desserre et se libèrent les mots c’est l’espoir d’un sens je rassemble les
fleurs pour que leur parfum réponde à toute attente 




Fil de lecture de Carole Mesrobian : Autour de Tristan Felix, Laura Vazquez, France Burghelle Rey, Collectif de l’Atelier du Bocage.

 

Autour de Tristan Felix, Laura Vazquez, France Burghelle Rey, Collectif de l’Atelier du Bocage.

 

Un appareil paratextuel qui soutient l’univers sémantique dessiné par le titre du recueil, Sorts : la couverture de ce petit livre, en noir et blanc, propose une illustration qui donne à voir l’au-delà d’une réalité appréhendée par l’artiste peintre Isabelle Clément. Travail sur la matière et restitution d’une émotion, les paysages peints révèlent la respiration de ce que recèle une nature dont le support est saisi dans son immanence. La quatrième de couverture propose un extrait du texte liminaire :

 

« Jette-toi du haut qui penche
à six faces débraillées
Mets bas ton ciel criblé d’oiseaux
L’inepte féérie compte sur les osselets
Pour saisir l’identique sous l’autre
Quel sort cueille quoi de rare ?
Son coup sonne au cou du condamné
Il n’en rit qu’à la pointe des pieds
Qu’il a de boue tiède oints
Pour s’absenter
Du sol »

 

La langue de Tristan Félix ne peut être autrement illustrée que par ce morceau tiré du tout premier texte du recueil. Un emploi syntaxique déstructuré qui permet au poète de mettre en exergue les signifiants, de secouer le sens protocolaire des mots et de créer un univers fait d’images et rythmé par des assonances et des allitérations. L’espace scripto visuel est lui aussi mis à contribution dans la création de cet univers poétique inédit. Et le propos de l’artiste est merveilleusement servi par ces dispositifs, car en effet le rythme ainsi créé et l’emploi d’un vocabulaire dont les acceptions usuelles sont malmenées par le travail syntaxique sont de nature à rendre compte de cette perpétuelle posture à la marge d’exister. L’énonciateur propose une vision au vitriol du réel, et prend la parole au nom d’une humanité portée par l’emploi des pronoms personnels.

 

« vous tous autant que nuls
êtes invités à
coucher sur bitume :

soi ou l’autre
qualité
suture
matricule
profil bas

se rendre au grand hachoir
sa viande en sac
doigt sur couture
fuite inutile. Stop.

et sur le pont de corde
à bout d’abîme
l’homme cousu attend
sa danseuse araignée qui l’étourdira »

 

L’évocation de la mort qui sous tend nombre de textes jouxte le constat d’une impuissance à conjurer le sort auquel est soumis l’être humain que rien ne semble pouvoir mener vers un avenir fait d’espoir.

 

« il fait lent la rame
à trace de l’eau

ont-ils sué les moines à tirer
à tisser la nappe visqueuse
sous leurs genoux !

désormais la toile
aventure ses accrocs
parmi notre temps
enfin dévasté

Marais V »

 

Clos par des groupes nominaux en italique qui initient un emploi tout à fait inédit de l’appareil tutélaire, la plupart des poèmes de Tristan Félix énoncent ainsi le sort inéluctable d’une humanité soumise à la fatalité d’exister. Mais les propos de l’auteure ne se bornent pas à passer en revue les affres existentielles de ses semblables. La présence du poète ponctue le recueil, qu’il s’agisse de saisir quelques bribes d’éléments biographiques ou bien de l’énonciation de la posture de l’artiste. L’écriture y apparaît comme un moyen d’opérer une rédemption plus individuelle que collective.

 

« il se balancera à dos d’homme
il sera facétie
il peindra la terre avec ses cheveux
blancs

il se cassera le nez contre la
transparence

il se videra de sa boue

pour atteindre les sorts 

Goudron
(du Petit Théâtre des Pendus) »

 

 

Le poète apparaît ici comme étant celui qui est apte à montrer l’au-delà des évidences, et à guider les autres. L’emploi du futur et l’évocation d’une sagesse amenée par la vieillesse évoquée par le couleur d’une chevelure à la blancheur emblématique confèrent au discours poétique et à celui qui l’énonce le pouvoir quasi magique de révéler l’au-delà des apparences afin de restituer à ses semblables la limpidité d’un avenir lumineux. Et le verbe de Tristan Felix opère d’ores et déjà cette mutation du métal présent dans notre réalité pesante en un or offert par les visions sans concession mais salvatrices de sa poésie.

Tristan Felix, Sorts, La Main aux poètes, Editions Henry, Montreuil-sur-Mer, 2014, 94 pages, 8 euros.

 

*

 

 

 

Un livre dont la couverture ainsi que la typographie qui y est apposée déploient une évidente sobriété. Le corps des lettres respecte l’espace bleu roi qui offre un écrin délicat aux textes justifiés, déposés sur un papier épais qu’une trame crème entoure chaleureusement. L’horizon d’attente se veut ainsi placé sous les auspices d’une poésie amenée sous l’égide du classicisme. Mais déjà à feuilleter le recueil l’aspect non conforme à une métrique régulière et les jeux que promet la disposition des vers sur l’aire scripto visuelle créent une dichotomie que corrobore le message présent dès le titre : La main de la main. Cette redondance du substantif revêt l’apparence sémantique d’une tautologie mais elle n’en est pas moins annonciatrice de la poétique de Laura Vazquez : il s’agit bien de révéler le dedans du dedans, d’aller au fond d’une réalité montrée dans son quotidien le plus banal. Cette poésie servie par un emploi sémantique et syntaxique tout à faut protocolaire n’en offre pas moins une vision symbolique et inspirée des tableaux de l’existence. Ainsi au fil des textes se révèle une écriture dont la modernité n’est pas uniquement dévolue à un emploi inédit de la langue. Le verbe du poète employé de la manière la plus littérale qui soit et maintenu dans sa fonction référentielle n’en offre pas moins une poésie puissante et qui ouvre les horizons du signe et surtout ceux d’une appréhension mystique du réel.

 

« Ecoute-moi

 

J’ai plié ma langue, comme je sais le faire.

Alors les molécules ont fait leurs petits pas.

Des géomètres ont tracé plusieurs lignes sur ma figure.

J’attends l’armée des fourmis.
Ecoute ce que tu dois me dire.
Que ta parole soit grosse et répétitive.
Qu’elle soit très lourde et qu’elle colle.

Qu’elle soit lourde
comme le beurre frais,
comme le bain trop chaud.

Que le soleil s’en aille au milieu du ciel et qu’il reste
En place des mois et des mois et des années, des siècles.

Alors les petites plaies
font les petites croutes
et le soleil reste au milieu du ciel.

Alors les soldats lui jettent des pierres
et rien ne bouge
jamais.»

 

L’énonciateur est présent aux propos grâce à l’emploi du pronom personnel de la première personne. L’organisation rythmique et les récurrences phoniques et syntaxiques confèrent à l’aspect formel de l’énoncé un caractère mystique. Le langage maintenu dans sa fonction référentielle permet la juxtaposition de tableaux dont la confrontation révèle les perceptions du locuteur grâce la création d’images poétiques.

 

« Apportez-moi une chaise,
un bout de pain et un livre,
apportez-moi l’ordinateur
et l’alphabet de la langue des signes,
apportez-moi une boite de bois
pour que je me lève,
pour que j’écrive,
pour que je commence . »

 

La langue des signes semble être celle que décrypte le poète qui sait ouvrir à une dimension cachée du réel, source d’une écriture toute métaphorique. La reprise anaphorique structure la plupart des textes, et l’emploi des pronoms leur confère une dimension incantatoire. La prière de Laura Vazquez sera exaucée, car écrire fut fait et continue pour le plus grand bonheur de ceux auxquels elle offre ses vers. Et au fil des pages de son recueil elle propose une lecture de l’existence qui confère à chacune de ses visions un caractère mystique.

 

« Comme les choses invisibles

Comme nous avalons notre salive
au réveil.
Comme nous sentons le goût du sang
dans les verres d’eau.
Comme nous vivons dans cet ordre.
Je te parle. »

 

Laura Vazquez, La Main de la main, Cheyne Editeur, Le Chambon-sur-Lignon, 2014, 57 pages, 16 euros.

 

*

 

 

 

Un si joli recueil, paru aux Editions du Cygne, et dont la couverture printanière opère un ravissement tel que l’envie de découvrir les textes de France Burghelle Rey s’impose. D’autant que le titre souffle un vent enchanteur sur les massifs de fleurs qui illustrent la couverture. Le Chant de l’enfance s’annonce donc comme un hymne à la vie, au rythme doux et lent qui mène l’être vers demain avec cet évident et inévitable cheminement qui est ici associé à celui incontournable de la nature. L’allusion au chant présente dans le titre, Le Chant de l’enfance, n’est de surcroît pas sans évoquer la veine lyrique, et le lecteur s’attend à une poésie de l’intimité et de l’effusion, des réminiscences énoncées sur le ton de la confidence. Cet horizon d’attente se voit confirmé dès le texte liminaire :

 

« Perdre son temps à réunir des bribes
ruines de nids de nous
qui sommes oiseaux de cage en cage

Je versifie comme au temps des cerises mon nom de Venise

Voler chaque saison de
souvenirs en souvenirs seul

J’interroge ma vie heure après heure déchiré par
les à-dieu qui dorment en mémoire

Je versifie le chant de mon enfance perdue
autant d’amis me manquent
Que sont-ils devenus ?

En canon chantent leur peine et la mienne »

 

Invitant le lecteur à entrer in medias res dans son univers le poète se tourne vers son passé. Mais il ne faudrait pas passer outre les références qui émaillent ce tout premier texte : Marguerite Duras évoque une modernité qui côtoie la poésie lyrique dont Rutebeuf a été l’un des tout premiers chantres. Complainte donc dévolue à un syncrétisme générique et temporel, le rythme est donné d’une allure lyrique certes mais aussi d’une parole réflexive sur la nature de la création ainsi que sur la parole poétique. C’est ce qu’annonce l’épigraphe :

 

« Je cherche pour le temps le chant qui vaille

 

Philippe Delaveau »

 

Et nous savons combien ce poète a accordé d’importance à la musicalité du poème, à son ancrage avec une tradition qu’il s’est agi de reprendre sans jamais l’imiter, mais en ayant assimilé ses formes au service d’une poésie qui mène à la révélation d’une immanence. C’est bien à cet objectif que France Burghelle Rey soumet son verbe. Dans une langue tout à fait classique, qui ne soumet ni la syntaxe ni l’emploi sémantique protocolaire du signe à une distorsion quelconque, elle parvient à mener le lecteur vers une révélation sans cesse renouvelée : celle du temps qui passe, thématique classique s’il en est, mais dont l’écoulement est accepté dans la sérénité, car il s’agit bien de l’évocation d’un parcours initiatique, où les épreuves, évoquées dans la plupart des textes du recueil, ont opéré une métamorphose :

 

« J’avais si peur de la musique
mon souffle était coupé
J’avais si peur de la musique mes mots
Sans leur rythme étaient mort-nés

Il fallait vivre des autres
mon émotion mariée à mes amours
Il fallait vivre des autres mes mots
veufs de leur langue pleurée

D’enfants de mes enfants ma joie
a accouché mon émotion
c’est ma naissance à la vieillesse
mariée à leur beauté »

 

 

Cette maturité est celle d’une écriture qui magnifie le passage du temps. L’expérience soutient et façonne l’invention d’une poétique qui prend matière dans le réel. Le chant devient alors celui d’une sérénité et d’une sagesse qui mène au seuil de la contemplation. Et le poète invite le lecteur à trouver en lui cette source de paix.

 

« Si las des adieux
sentir l’odeur du lilas
amoureux des oiseaux leurs miettes
semées par des doigts de fée

Je n’ai plus envie de m’enfuir
Ma terre est le chant le présent mon espoir
Ne plus attendre l’aube mais
aimer la pluie sans craindre l’orage
l’ami des cœurs à prendre

Tu frissonnes fiévreux
reviens sur tes pas pour
prendre le lilas dans tes bras »

 

France Burghelle Rey, Le Chant de l’enfance, Le Chant du Cygne, Editions du Cygne, Paris, 2015, 57 pages, 10 euros.

 

*

 

 

 

 

 

Le Collectif de l’Ateliers du Bocage propose, sous l’égide d’un syncrétisme artistique, un ouvrage servi par Cécile Beaupère pour les dessins, Jeanne Robert pour les danses, Mary Géra pour les textes et Emmanuel Spassoff pour la photographie. Le titre, d’être plus que nu, est apposé au dessus d’une des photographies de ce dernier en noir et blanc qui donne à voir le bas d’un corps dont la nudité est mise en scène dans le décor de l’atelier. Une épigraphe d’œuvre annonce déjà la teneur du propos :

 

« Un livre doit être la hache
pour la mer gelée en nous.

 

Franz Kafka »

 

Le recueil est donc placé sous las auspice de cet auteur dont l’œuvre est encore perçue comme étant celle de l’homme soumis à une modernité dévastatrice. Les propos que le lecteur s’attend à trouver au fil des pages prennent une couleur toute particulière. Le texte liminaire, tout en faisant allusion à Gustave Courbet qui osa montrer le corps nu d’une femme dans son expression la plus crue, et par là même la référence au réalisme dont il fut l’un des représentants, pose les prolégomènes de ce qui va suivre :

 

« D’être plus que nu
Et offrir à l’autre
De porter son regard
Sur l’origine du monde
De plonger ses yeux en dedans »

 

Ce texte, qui fait face à la photographie qui figure également sur la couverture, propose de porter le regard plus loin que la vision de la nudité. Se fait jour le questionnement présent aux propos et qui guide les œuvres et les poèmes qui suivent : qu’est-ce que la nudité, et comment regarder le corps comme vecteur d’une transcendance qu’il s’agit de révéler grâce à l’art :

 

« Travailler sur soi jusqu’à l’évanouissement

 

Ne plus voir que sa peauUn point écrasant le cœur
Obligeant sa main
A s’éloigner pour voir l’autre
Creusant aux entrailles de soi
L’entre-cuisses brûlée de fusain
Des mains couvertes de peinture

Sortant des enfers

Derrière le rideau
Le mystère pourrait bien
Entrer dans ton ventre
Comme un coup »

 

Cette méditation sur la nudité est le support d’un discours sur l’essence même de la représentation. Le syncrétisme artistique à l’œuvre ici permet de multiplier les approches sur la thématique qui sert de fil directeur à l’ouvrage. Les fusains et les dessins, hymnes au mouvement et à la vie, d’une rare force, viennent dire le hors cadre des clichés d’Emmanuel Spassoff. Celui-ci propose de multiples clichés qui mettent en scène et dévoilent la nudité de son modèle. Le travail de répétition produit une continuité qui permet de créer une histoire où chacun peut apporter selon son imaginaire l’interprétation qu’il souhaite. Les textes viennent ponctuer ce travail iconographique et proposent une visée réflexive non pas dans un commentaire des images mais dans un dépassement théorique sur la nature du nu et sur l’essence même de ce qu’est l’acte de représenter :

 

« RASSEMBLE TES CARTOUCHES
PRÉPARE TOI À CHARGER
ET SHOOT
NE FAIS PLUS QUE SHOOTER
LA NEIGE, LA BRISURE, LE PEU
SHOOT LA MAIN QUI RETIENT,
LES CREVASSES ET LES FISSURES
SHOOT LES ZONES D’OMBRE
ET LA CIORDE D’ENFANCE
SHOOT CES MOTS
CONSUMÉS D’AVOIR ÉTÉ TROP ÉCRITS
À PLEINES MAINS,
RECCUEILLE LEUR ESSENCE,
ET DANS UN ULTIME SHOOT
TIRE DES MOTS SECS ET BRUTAUX
MAIS LIANTS
ET EN ACCORD
AVEC L’ORIGINE DE TA VOIX »

 

Ce recueil qui est tout d’abord un très beau livre mène donc le lecteur à s’interroger sur sa propre nudité, à enfin oser regarder celle-ci. Sous l’image ainsi que sous la peau il y a du sens, et cet ouvrage, d’une très belle densité sémantique, ne cesse de le révéler.

 

Collectif de l’Atelier du Bocage, D’être plus que nu, Jacques André Editeur, Lyon, 2013, 91 pages, 20 euros.




France Burghelle Rey, Victoire

 

Et elle s'introduit en moi pour entendre les cris écho sur la bastille elle croit en la victoire en pensant à l' avenir

Dans l'attente je marche et chacun de mes pas repousse la frontière bientôt il n'y a plus d'ombre midi est au soleil

De notre terre d'accueil dont l'heure est à la paix je ferme alors l'écran court-circuit dans l'ordi et passe à autre chose

Science-fiction que je hais j'avoue aimer l'avenir puisqu'il n'y a plus de guerre mais plein de beaux enfants

Nos filles les adoptent qui veulent vivre en Syrie aller jusqu'en Iraq et moi je me souviens j'étais jeune au Liban

Les combats terminés je ne reste pas couché retourne à mon moulin pour en tourner la roue il n'y a plus de poison dans l'eau de la rivière

Et celle de la pluie je n'en ai plus besoin car le sang ne pisse plus et les rues de nos villes sont calmes comme mon village

Chance de nos heures nouvelles nous jouons de nouveau dans l'air de la paix nos mains forment des cercles et moi je me souviens

Je fabrique un panier pour cueillir ma lavande couleur de vincent et forme un beau  bouquet à l'odeur de la gloire

 

Quand ils m'ont regardé le jour de la victoire j'ai rangé mon carnet et j'ai sifflé guillaume c'était l'heure de minuit

 

Je touche à l'impossible pas tué par la fatigue puis retourne à la vigne où j'emmène ces soldats qui ont gagné la paix

Présentation de l’auteur

France Burghelle Rey

 

France Burghelle Rey est Paris, a enseigné les Lettres classiques et vit actuellement à Paris où elle écrit et pratique la critique littéraire. Elle est membre de l'Association des Amis de Jean Cocteau et duP.E.N. Club français.

Plus de cent textes parus dans de nombreuses revues et anthologies ainsi que plus de soixante-dix notes critiques(Nouvelle Quinzaine littéraire, Poezibao, Europe, La Cause littéraire, Place de la Sorbonne, CCP, Recours au poème, Texture, Temporel etc.).

 Elle a écrit une quinzaine de recueils dont Lyre en double paru aux éditions Interventions àHaute voixen 2010 puis chez La PorteRévolutionen 2013 suivideComme un chapitre d'Histoireen 2014 et deRévolution IIen 2016. Le Chant de l'enfance(Prix Blaise Cendrarsadultes)a été publié aux éditions du Cygneen juillet 2015, Petite anthologie, ( Confiance, Patiences et Les Tesselles du jour )chezUnicitéen 2017 et Après la foudrechez Bleu d'encreen 2018. 

Les derniers textes augmentés de L'Enfant et le drapeau (à paraître chez Vagamundo), naissance rédemptrice d'un " ange " dans un monde en désolation, veulent exprimer l'expression d'une nécessaire présence au monde en souffrance. Elle achève en 2017 un recueil encore inédit en trois parties sur le thème du lieu puis en 2018 commence un récit poétique.

Elle a collaboré avec des peintres (Georges Badin) et la graveur Hélène Baumel pour un certain nombre de livres d'artistes.

 

L'un des ses romans, le premier,  L'Aventure, est publié chez Unicitéau printemps 2018

 

http://france.burghellerey.over-blog.com/# :Un blog de plus de 27.000 pages de vues

 

Elle a écrit une dizaine de recueils  dont quatre sont publiés chez Encres Vives, coll. Encres Blanches : Odyssée en double, La Fiancée du silence, L'Orpailleur, Le Bûcher du phénix,  Lyre en double aux éditions Interventions à Haute voix, 2010 et Révolution chez La Porte,2013. Pour un texte du Chant de l'enfance, inédit, elle a obtenu le prix Blaise Cendrars et pour L'Un contre l'autre, Gegenüber, a été finaliste du prix Max-Pol Fouchet.   

Elle collabore avec des peintres et notamment avec Georges Badin  pour des livres d'artistes.
http://france.burghellerey.over-blog.com/#

Notes critiques dans de nombreuses revues comme Place de la Sorbonne, Recours au Poème, Lieux d’être, Cahiers du Sens, Terres de Femmes, Trace de poète, Littérales, Diérèse

Autres lectures

France Burghelle Rey, La maison loin de la mer

Que la joie soit ma demeure ! Le titre évacue un lieu (la mer) pour mieux mettre en exergue l’objet de toute l’attention : la maison. C’est comme dans Autant en emporte le vent ; ce [...]




France Burghelle Rey, Combat

 

Pas de vendanges dans nos villes mais pour la paix des chants des morts à ramasser et nous mouillons nos lèvres pour pouvoir bien siffler

 

A défaut de nos cloches quand nous tirions leurs cordes je chante même si rauque est ma voix comme le cœur est usé

 

Car demain chante aussi tracts sur la bastille pétards sur la place voici nos villes brûlantes quand août enfin est là

 

Guillaume coupe le cou au soleil vincent dessine le ciel tous les deux prennent les armes je n'ai plus mal sans mon village

 

J'ai bien fait de ranger mes ifs et mon vélo et marche et crie dans la poussière de ce nouveau midi

 

Et je vais de l'avant avec mes couleurs elles coulent du pinceau sur des affiches qui font beaucoup de bruit

 

Ni aveugles ni muets nous n'avons plus cette peur de tomber dans la neige comme est tombé Robert Walser

 

Au-dessus de nos têtes il y a cette lumière bleue fête de nos mémoires nous nous souvenons déjà au pas au pas camarades à l'unisson marchons

 

Pavés des grands boulevards où nous ouvrons nos bouches pour ces enfants qui écouteront un jour

 

L'histoire de notre Histoire loin des petites rues nous usons nos semelles pour y clamer nos grandes idées

 

Avant le crépuscule que je mérite j'attends cette nuit depuis l'âge de quinze ans il a suivi la même route je pense le savoir

Présentation de l’auteur

France Burghelle Rey

 

France Burghelle Rey est Paris, a enseigné les Lettres classiques et vit actuellement à Paris où elle écrit et pratique la critique littéraire. Elle est membre de l'Association des Amis de Jean Cocteau et duP.E.N. Club français.

Plus de cent textes parus dans de nombreuses revues et anthologies ainsi que plus de soixante-dix notes critiques(Nouvelle Quinzaine littéraire, Poezibao, Europe, La Cause littéraire, Place de la Sorbonne, CCP, Recours au poème, Texture, Temporel etc.).

 Elle a écrit une quinzaine de recueils dont Lyre en double paru aux éditions Interventions àHaute voixen 2010 puis chez La PorteRévolutionen 2013 suivideComme un chapitre d'Histoireen 2014 et deRévolution IIen 2016. Le Chant de l'enfance(Prix Blaise Cendrarsadultes)a été publié aux éditions du Cygneen juillet 2015, Petite anthologie, ( Confiance, Patiences et Les Tesselles du jour )chezUnicitéen 2017 et Après la foudrechez Bleu d'encreen 2018. 

Les derniers textes augmentés de L'Enfant et le drapeau (à paraître chez Vagamundo), naissance rédemptrice d'un " ange " dans un monde en désolation, veulent exprimer l'expression d'une nécessaire présence au monde en souffrance. Elle achève en 2017 un recueil encore inédit en trois parties sur le thème du lieu puis en 2018 commence un récit poétique.

Elle a collaboré avec des peintres (Georges Badin) et la graveur Hélène Baumel pour un certain nombre de livres d'artistes.

 

L'un des ses romans, le premier,  L'Aventure, est publié chez Unicitéau printemps 2018

 

http://france.burghellerey.over-blog.com/# :Un blog de plus de 27.000 pages de vues

 

Elle a écrit une dizaine de recueils  dont quatre sont publiés chez Encres Vives, coll. Encres Blanches : Odyssée en double, La Fiancée du silence, L'Orpailleur, Le Bûcher du phénix,  Lyre en double aux éditions Interventions à Haute voix, 2010 et Révolution chez La Porte,2013. Pour un texte du Chant de l'enfance, inédit, elle a obtenu le prix Blaise Cendrars et pour L'Un contre l'autre, Gegenüber, a été finaliste du prix Max-Pol Fouchet.   

Elle collabore avec des peintres et notamment avec Georges Badin  pour des livres d'artistes.
http://france.burghellerey.over-blog.com/#

Notes critiques dans de nombreuses revues comme Place de la Sorbonne, Recours au Poème, Lieux d’être, Cahiers du Sens, Terres de Femmes, Trace de poète, Littérales, Diérèse

Autres lectures

France Burghelle Rey, La maison loin de la mer

Que la joie soit ma demeure ! Le titre évacue un lieu (la mer) pour mieux mettre en exergue l’objet de toute l’attention : la maison. C’est comme dans Autant en emporte le vent ; ce [...]




France Burghelle Rey : Poèmes

 

 Chuchotements qui ne suffisent plus je veux que les demeures résonnent les églises les mairies et jusque dehors l'air des cris  et des chants de révolte

Combat d'aujourd'hui sans les tièdes d'hier cette fois c'est l'Egypte ou bien les sans-abris je veux nourrir cœurs et ventres faire revenir du rouge sur les joues et oublier mon cher silence

Même avec l'âme en paix je prends les armes sans mes notes musique que je ne cherche pas chahuts qui me dépassent de tant d'errants avides de bruits

Je veux poser corps et âme et si j'aspire à l'impossible je reste sur le seuil j'attends qu'éclatent les départs avec l'audace d'aujourd'hui

L'enfant in the subway mendie langue que ma peine privilégie il faut combattre pour le Liban, l'Iraq et la Syrie comme notre honneur nous prie oublier le silence pour les chants    

Soleil à double tranchant tu sèches les plaies mais aveugle les gens et quand l'ombre rassure j'attends le crépuscule 

J'ai trouvé au grenier le livret et la montre et dans le cadre la croix de la guerre de grand-père qu'on appelle la première moi la dernière je dis avant de m'endormir

Mes mots comme mes amis j'ai peur de vous quitter il faut vivre aujourd'hui quand tant se sont allés et bientôt nous battre bientôt marcher

Juillet n'encourage plus nos chants nous ne voulons plus de sang de gestes et de chansons ni faire tomber les têtes     

Chanterons à l'unisson notre révolution étranglés par nos larmes nuit plus sûre que le jour avec nos rêves très chers et ces morts en Syrie plus de fêtes à Baalbek c'est comme un blasphème  

S'il faut agir nous agirons mais délivrez nous seigneur nous sommes restés enfant des péchés de la paix  et nous sommes enlacés comme au noisetier le chèvrefeuille  

 

Pas de vendanges dans nos villes mais pour la paix des chants des morts à ramasser et nous mouillons nos lèvres pour pouvoir bien siffler

A défaut de nos cloches quand nous tirions leurs cordes je chante même si rauque est ma voix comme le cœur est usé

Car demain chante aussi tracts sur la bastille pétards sur la place voici nos villes brûlantes quand août enfin est là

Guillaume coupe le cou au soleil vincent dessine le ciel tous les deux prennent les armes je n'ai plus mal sans mon village

J'ai bien fait de ranger mes ifs et mon vélo et marche et crie dans la poussière de ce nouveau midi

Et je vais de l'avant avec mes couleurs elles coulent du pinceau sur des affiches qui font beaucoup de bruit

Ni aveugles ni muets nous n'avons plus cette peur de tomber dans la neige comme est tombé Robert Walser

Au-dessus de nos têtes il y a cette lumière bleue fête de nos mémoires nous nous souvenons déjà au pas au pas camarades à l'unisson marchons

Pavés des grands boulevards où nous ouvrons nos bouches pour ces enfants qui écouteront un jour

L'histoire de notre Histoire loin des petites rues nous usons nos semelles pour y clamer nos grandes idées
 

Présentation de l’auteur

France Burghelle Rey

 

France Burghelle Rey est Paris, a enseigné les Lettres classiques et vit actuellement à Paris où elle écrit et pratique la critique littéraire. Elle est membre de l'Association des Amis de Jean Cocteau et duP.E.N. Club français.

Plus de cent textes parus dans de nombreuses revues et anthologies ainsi que plus de soixante-dix notes critiques(Nouvelle Quinzaine littéraire, Poezibao, Europe, La Cause littéraire, Place de la Sorbonne, CCP, Recours au poème, Texture, Temporel etc.).

 Elle a écrit une quinzaine de recueils dont Lyre en double paru aux éditions Interventions àHaute voixen 2010 puis chez La PorteRévolutionen 2013 suivideComme un chapitre d'Histoireen 2014 et deRévolution IIen 2016. Le Chant de l'enfance(Prix Blaise Cendrarsadultes)a été publié aux éditions du Cygneen juillet 2015, Petite anthologie, ( Confiance, Patiences et Les Tesselles du jour )chezUnicitéen 2017 et Après la foudrechez Bleu d'encreen 2018. 

Les derniers textes augmentés de L'Enfant et le drapeau (à paraître chez Vagamundo), naissance rédemptrice d'un " ange " dans un monde en désolation, veulent exprimer l'expression d'une nécessaire présence au monde en souffrance. Elle achève en 2017 un recueil encore inédit en trois parties sur le thème du lieu puis en 2018 commence un récit poétique.

Elle a collaboré avec des peintres (Georges Badin) et la graveur Hélène Baumel pour un certain nombre de livres d'artistes.

 

L'un des ses romans, le premier,  L'Aventure, est publié chez Unicitéau printemps 2018

 

http://france.burghellerey.over-blog.com/# :Un blog de plus de 27.000 pages de vues

 

Elle a écrit une dizaine de recueils  dont quatre sont publiés chez Encres Vives, coll. Encres Blanches : Odyssée en double, La Fiancée du silence, L'Orpailleur, Le Bûcher du phénix,  Lyre en double aux éditions Interventions à Haute voix, 2010 et Révolution chez La Porte,2013. Pour un texte du Chant de l'enfance, inédit, elle a obtenu le prix Blaise Cendrars et pour L'Un contre l'autre, Gegenüber, a été finaliste du prix Max-Pol Fouchet.   

Elle collabore avec des peintres et notamment avec Georges Badin  pour des livres d'artistes.
http://france.burghellerey.over-blog.com/#

Notes critiques dans de nombreuses revues comme Place de la Sorbonne, Recours au Poème, Lieux d’être, Cahiers du Sens, Terres de Femmes, Trace de poète, Littérales, Diérèse

Autres lectures

France Burghelle Rey, La maison loin de la mer

Que la joie soit ma demeure ! Le titre évacue un lieu (la mer) pour mieux mettre en exergue l’objet de toute l’attention : la maison. C’est comme dans Autant en emporte le vent ; ce [...]