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Adonis : Lexique amoureux

Voici le quatrième et le plus massif des volumes d’Adonis publiés par Gallimard dans la petite collection Poésie. C’est dire à la fois l’abondance créatrice du poète Adonis, et l’intérêt que lui porte le public, doublé sans doute d’une curiosité pour la poésie de langue arabe. D’emblée, je dirai qu’il est impossible ici, et de faire tant soit peu le tour de la question, que ce soit de la personnalité du poète, ou de ce que véhicule sa poésie, en particulier par rapport à la littérature poétique dans les langues qui utilisent l’arabe pour écriture, et dont pour toutes, plus ou moins, les thèmes et la vision d’un monde se sont « littérarisées » par l’apport culturel de l’Islam et de la langue du Coran.

Ainsi, Adonis écrit en arabe, connaît une vaste popularité dans les pays qui ont accès à cette langue, ou la pratiquent couramment, mais par bien des côtés, sa poésie fait écho à de grands précurseurs tels que Hafiz ou, pour la pensée, à des Ibn Arabi ou des Sohravardi, par exemple. En lisant ce Lexique amoureux, on ne peut s’empêcher de songer aux divers aspects de la notion du « coeur » telle qu’on peut la lire chez les Soufis et dans le Coran. Cependant, Adonis se dit occuper une situations paradoxale en laquelle une forme d’athéïsme n’est pas incompatible avec les concepts de la mystique musulmane.

Adonis, Lexique amoureux,  traduit de l’arabe par Vénus Khoury-Gata, Issa Makhlouf et Houria Abdelouahed. Collection NRF Poésie/GALLIMARD- 510 pp.

Il s’ensuit une œuvre d’une richesse extraordinaire par son dialogue poétique entre la modernité du penseur, qui n’ignore rien de la pensée « cartésienne », et l’abondance culturelle des symboles issu de la tradition. Ainsi tout dans Adonis est extrêmement pluri-signifiant, ce qui évidemment est difficile à faire percevoir dans une traduction en français dont le vocabulaire n’évoque aucunement les « atomes lexicaux de signifiés » que le mot arabe correspondant produit dans une conscience de culture arabe. On n’a donc essentiellement, il faut l’avouer, qu’un « aperçu », dont la face disons de « culture européanisée » est forcément en français la plus sensible : cependant que des traductions moins adaptatives (ou davantage « mot à mot ») seraient terriblement réductrices, car on peut dire facilement en arabe, sur les sentiments les plus divers et les plus subtils, des choses qui en français paraîtraient ridiculement sentimentales, et disons « mal-compréhensibles ». Il est de fait, en ce sens, que la compréhension métaphysique du cosmos, que ce soit pour un athée ou un croyant, dans la langue du Coran – qui constitue le fondement de l’expression et de la pensée en arabe classique – reste bien plus spontanée que dans le monde purement occidental. De là découle que par la superposition inconsciente des signifiés dénotatifs, connotatifs et symboliques « empilés », le principe de non-contradiction (le fameux « tiers-exclu ») aristotélicien est déjoué. L’espace dans lequel se meuvent les idées du monde moyen-oriental est essentiellement platonicien. C’est ce que l’on constate simplement par exemple avec la façon d’écrire : l’occidental écrit de gauche à droite parce que ce qui l’intéresse au premier chef est de voir la matérialisation de ce qu’il a écrit, sa réalisation. Lorsqu’on a écrit on a le tracé d’encre sous les yeux, on peut donc « vérifier » à mesure ce qui est tracé et qui suit l’acte de la main. En revanche en arabe, on écrit de droite à gauche, la main cache ce que l’on vient immédiatement de tracer, parce que c’est moins ce qu’on a écrit qui importe que ce que l’imagination projette incessamment d’écrire encore. Ce n’est donc pas tant la réalisation que l’élaboration des idées qui compte. De même, dans la monde moyen-oriental, la démarche dans les discussions est très différente de celle de l’Occident : pour informer, on va s’étendre longuement sur les circonstances, puis on expliquera le résultat d’un événement ou d’un acte, puis on expliquera ce qui s’est passé, et enfin on désignera ce qui en a été la « cause ». Et on débattra longtemps, avec une sorte de mentalité « juridique », de l’exact degré de responsabilité de cette cause à partir de l’ensemble des informations préalables sur ses conséquences et l’influence des circonstances. De même, en conversant sur un projet, on finit par décider de ce qui sera « bon ». Puis les choses en restent souvent là, puisque l’essentiel est dit, et que la matérialisation est secondaire. En lisant la poésie d’Adonis, j’entends, de façon globale et synthétique, il me semble que les choses s’y passent quelque peu de la même façon : chaque recueil accumule et présente au lecteur d’abord une masse de faits, puis peu à peu au cours du livre, ils forment une sorte de « paysage mental » d’ensemble. Et finalement l’essentiel est donné, compact, et évident. Par exemple (page 379) le prologue d’ « Histoire qui se déchire sur le corps d’une femme » propose quelques données qui interrogent sur un événement et ses circonstances. Ensuite, le choeur, la femme, le narrateur, racontent les mille fragments d’une histoire. À la fin, à la page 500, un court poème ramasse en quelques vers tout le message, ici le problème de la position et de l’action du poète qui est au coeur de tout le livre… D’autant que l’Islam n’aime pas trop les poètes, craignant qu’on en fasse des prophètes !

On m’excusera de ne rien citer en particulier, et d’inviter le lecteur intéressé à acquérir le livre, car pour développer ma thèse…  il y faudrait, non pas quelques poèmes cités, mais un livre entier au moins, qui n’est pas de mise ici, d’autant que nous ne parlons que de la version en français qui, si soigneusement traduite qu’elle soit par trois traducteurs dévoués et incontestablement valeureux, n’autorise pas beaucoup de justes commentaires. En français, s’imprégner à la longue du poème d’Adonis en fréquentant sa poésie bien traduite est le mieux qu’on puisse faire pour approcher son œuvre, de résonance universelle.




Adonis et le corps-langage : “Lexique amoureux”

Adonis nous livre 500 poèmes dans la collection Poésie-Gallimard. Et l’ouvrage représente assez bien la démarche générale de l’auteur syrien, lequel n’hésite pas à instruire une seule idée – une idée unique -  grâce aux 120 derniers poèmes réunis dans le recueil à la fin du livre : HISTOIRE QUI SE DÉCHIRE SUR LE CORPS D’UNE FEMME.

Et pour tout dire il m’a fallu lire ces recueils consécutivement comme si je cherchais, dans un mouvement sportif – natation, marche –, le secret de cette poésie chaude et profuse. J’ai, du reste, puisé à la matière des poèmes ce qui faisait une métaphore filée, venue d’une langue arabe par nature métaphorique, quelque chose qui me permettait de resserrer ma lecture, comme l’aurait fait un filet autour de la question du corps. J’ai donc avancé grâce à cette idée tout au long de cette petite tentative d’herméneutique, jusqu’à venir buter sur le dernier opuscule où mon idée principale – le corps-langage – se justifiait pleinement. Donc, une fois trouvé ce concept de « corps-langage », j’ai vogué comme en une navigation au milieu des effets de houle ou de tangage des poèmes, souvent courts dans leur forme et variés. Car je voyais le continent du corps où habite la langue d’Adonis, ce qui fait chair dans le langage, et plus longuement se dessiner la vie, vie relatée par le poète comme on pourrait le faire d’un trésor. Cependant, il faut aussi lire cette espèce de musique poétique, cette sorte de Cantique des cantiques, pour reconnaître la flamme qui anime l’auteur, description en creux de celle qu’aime Adonis. Et sa prosodie irrégulière – que nous suivons en français et non en arabe, malheureusement - n’est pas compromise par un artifice technique, ni une école poétique, dans laquelle rimes et mesure auraient le dessus sur la musicalité et l’intonation des textes, du chant personnel, stylisme naturel, des cantilènes, tempo propre au poète.

miniature syrienne - ©photo mbp

Ton corps coule dans le mien.

Mon corps entre deux féminins :
ma chair et toi.

Ton corps
plus proche de moi que je ne le suis.

Ton corps entre mes mains
je ne le connais que par son mystère.

Nos corps sont révélation
qui refusent les temples.

Ton corps me connaît mieux que moi-même.

Ton corps me parle en moi-même.

Mon corps est Un par la grâce de ton corps : unicité duelle.

 

Oui, c’est une sorte de poésie chorale, accentuée d’ailleurs par l’effet de la prononciation silencieuse qui est l’essence du métier de lire, jamais hermétique ou faussement énigmatique, qui se développe comme un espace langagier, où l’individu charnel que j’évoquais en supra, sert le dessein des textes. J’ai même pensé aux Vents de St-John Perse, au souffle lyrique et harmonieusement spirituel du poète qui fut prix Nobel, et qu’a traduit Adonis. Et cela en engageant une réflexion de liseur sur la question de la fusion de la langue avec le corps, lesquels, pour finir, sont les dénominateurs universels de notre humanité. Comme si le poète pouvait avec sa liberté de créateur, associer l’alphabet et les yeux de l’aède, en suivant avec lui le rien matériel de cette psalmodie généreuse, plantureuse et entêtante.

 

Mon amour –

respire par le poumon des choses

accède au poème

dans une rose dans un rai de poussière.

 

Il confie ses états à l’univers

comme le vent et le soleil

             quand ils fendent la poitrine du paysage

 

versant leur encre sur le livre de la terre.

 

J’ajoute que ce voyage dans le corps-langage du livre s’élabore peut-être comme le Corpoème de Jean Sénac – qu’a rencontré Adonis. Il ressemble parfois à la descente aux Enfers d’Orphée, par l’étrangeté de l’élocution poétique qui n’abandonne pas la profondeur des signes, une espèce d’Orphée de la lumière, celui qui poursuit sa quête, ne se retourne pas mais avance. L’art a cette possibilité magique, celle de rendre sien un corps physiologique sans déchoir à la capacité de dire, chercher dans le néant de soi-même, ce qui justifie l’existence. C’est donc l’écriture de la chair à l’œuvre dont il est question ici. Orphée, ou bien encore Prométhée, qui va chercher le feu dans la femme, matrice de l’androgyne premier tel que le définit Platon dans Le Banquet ? Il va de soi que je ne peux épuiser ce demi-millier de poèmes sinon en retournant en moi la musique du texte, vent chaud du Liban ou de Syrie, foehn, simoun, sable du désert qui va. Tout cela parce que le poète est déchiré, est double, est schize, et qu’il est le seul capable de ramener de ses voyages infernaux la clarté et l’impression du souffle, de la respiration humaine




Catherine Gil ALCALA, ADONIS & La librairie et maison d’édition INCLINAISON

 

Aux éditions  Inclinaison  :  Daniel Becque, Bénédicte Niquège

 

Une visite d’été à Uzès a permis de découvrir, à l’angle de la rue du Docteur Blanchard, dans le quartier « médiéval », la librairie et maison d’édition Inclinaison, et de converser un moment avec son libraire-éditeur, entre autres choses de la Bretagne et de ses chemins côtiers, et bien sûr de la poésie. Sa collection « Cordes tissées » a maintenant bien dépassé la dizaine de titres, et proposes de petits fascicules, légers, plus hauts que larges et couleur ivoire, d’une trentaine, quarantaine, parfois cinquantaine de pages. Elle édite une poésie vivante et non-compassée, une poésie maitrisée mais sincère, sensible, musicale, réfléchie, d’auteurs variés dans leur existence comme dans leur inspiration. La parité hommes / femmes y est à peu près totale, et même rythmique (un homme, une femme, un homme, une femme) et contribue à la variété des voix et des sensibilités, pour qui feuillette les opus, rangés sur leur modeste table, derrière la porte d’entrée de la librairie. Le prix, modeste et uniforme de 3 euros par volume (une seule exception), inscrit aussi la disponibilité poétique dans une démarche où le souci monétaire passe résolument à l’arrière-plan. Les factures de poésie, elles, sont tour à tour ingénieuses ou intimes, mais toujours justes. La disponibilité poétique du langage s’y montre dans une agréable variété, qui ne va pas, toutefois, jusqu’à l’hétéroclite, et l’on est tenté de penser que c’est aussi l’ensemble éditorial (pour l’instant suffisamment modeste pour être embrassé d’un seul regard) qui fait « œuvre », œuvre d’éditeur. Pour un peu, l’ensemble mériterait d’être thésaurisé d’un coup. On a cependant sélectionné ce jour-là deux volumes, qu’on attire à l’attention du lecteur de Recours ; ils ne sont pas les plus récents, mais ont paru d’une qualité particulière, que le « plus tard » d’une autre lecture n’a pas démenti, ni le suivant : le n° 6, À la Saint-Nestor, et Autres invocations roborantes, (2010), de Daniel Becque, et le n° 8, F (x), (2010), de Bénédicte Niquège.

 

*

 

Le premier pratique cette poésie des choses vues, ressenties et jugées, « journal politique et intime du temps présent », pourrait-on dire, héritière du Vigny d’« adieu, voyages lents » (et de bien d’autres en vérité), où le vers, long et libre, généralement, mais rythmé, dit l’ironie, le dégoût, la tristesse, mais aussi la nostalgie (« Nous n’allions pas à la pêche ce jour-là, car à la Saint-Nestor / Rien ne mord se plaisait à dire mon père »), l’acuité du regard sur le monde, la révolte, l’idéal ou le sens du meilleur.

L’hybride de tramway et de métro qui s’ébranle du centre de Rouen / Et rejoint la lisière de ce qui reste / De la forêt de Rouvray où autrefois sur les grands chemins / Bandits et coupe-jarrets guettaient pèlerins et diligences / Où aujourd’hui quelques bâtiments universitaires / Grelottent sous un crachin discret encore que peu bienveillant / L’hybride aux faubourgs disais-je fait arrêt à la station Ernest Renan / Quartier nouveau de modeste et respectable tenue d’où branche (d’arbre) / À l’oblique une rue Antonin Artaud et l’on commence ici dans ce quartier / Si paisible et si peu propice au effusions révoltées du poète / À se demander comment ces deux-là cohabitent dans leurs patronymes (…)

 

*

 

La seconde, qui sait ?, plus pascalienne, semble suivre la tradition mathématicienne (qui sait : roubo-queneausienne ?) qui combine l’interrogation sur l’x identitaire, la profondeur métaphysique du sujet numéral, l’angoisse de l’identité charnelle décharnée par le nombre, et le « jeu », celui des calculateurs, mais aussi celui de nos bons rhétoriqueurs, qui, de Guillaume de Machaut à Pernette du Guillet au moins, ont enchanté le formalisme et l’ont pensé comme chant. Jeu-chant, Chant-jeu, permanence de l’impermanence et rire ludique de l’angoissante condition : Bénédicte Niquège est manifestement dans cette tradition.

Port Sort Mors Fort / Corps. / Joie Poids Moi Loi / Roi. / Vie Gît Puits Luit / Rit. / Le sire pèse son sort. / Le sort pèse sa vie. / La joie gît au port. / Le poids quitte son lit, / mort. / Morte. / Mors. / Morse. / COURSE : / l’Amour cours. / (…)

 

Parfois plus romantique, parfois plus « flesh », ironique et charnelle… Mais toujours avec un écho caractéristique des 15e-16e-voire début 17e siècles en ligne de basse, au détour lexical, par exemple d’un « non prévoir » :

Un nœud battant l’alvéole. / La tête, bille d’assaut, coincée entre le je donne et le je retire. / Zone floue dévalée de non prévoirs, / Cercle où les choses vieillissent sans changer d’âge : / trop proches pour détourner la joue, / trop incertaines pour offrir la bouche.

 

 

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Autre lecture d’été : les petites pièces du théâtre poétique de Catherine Gil Alcala, aux Éditions de la Maison Brûlée, qui sont entre Jarry, Beckett et les farces, soties grotesques et satires allégoriques du moyen-âge. Les deux volumes de 2015, La Tragédie de l’Âne, suivie de Les Farces Philosophiques et James Joyce Fuit … Lorsque un Homme Sait Tout à Coup Quelque Chose, suivi de Les Bavardages sur la Muraille de Chine proposent une poétique tonique, vivante et scénique, qui se situe entre logorrhée-jeux de mots et ironie farcesque, érotico-scatologique, éructante, mais portant toujours la marque des angoisses intimes de la condition humaine et des violences faites au présent, féminin ou pas.

ANTONIN ARTAUD — La concierge soulève ses mamelles de louve, imitant un souffle d’abjecte nativité.
LA CONCIERGE — J’aurais dû être chanteuse mais j’ai épousé mon mari, cet idiot ! Il l’a fait tout de suite un enfant et à l’accouchement ça m’a ligaturé les cordes vocales ! (James Joyce Fuit… p. 41)

Le sujet parlant, syrien, peut-être, parisien, joycien, qu’importe, de Catherine Gil Alcala, est l’universel violenté. Il peut lasser, in extenso, mais comme le réel des souffrances, il est à prendre comme tel, corps et langage martyrisés, saignants, coulants, se déversant ; pas si loin non plus des gueuloirs flaubertiens, mais version vomie, brute, avant le cisellement « bourgeois » que le fracas des guerres (de 14 et d’après) ne permettra plus :

Commotions d’émois, se cogne aux femmes glacées derrière les vitres intransparentes, s’agrippe à l’espace vide, s’appuie sur des façades s’effondrant en un fracas de rire, faciès de mascarades des villes de cinéma sous les bombe ! (…)

Dans le sas d’ombre des abris mentaux des nuits, dans le vertige des pénombres orageuses, titube enivré des ténèbres, aspirant l’air pluvieux, buvant le tord-boyaux crépusculaire, se mouvant dans le tâtonnement des ombres, glissant dans les doigts mouillés des frondaisons. S’enfonce, s’effondre dans un rectal tunnel de rats, se réfugie prostré, empoissé, bossu des trombes, grelottant… (James Joyce Fuit… p. 12-13).

 

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Dernière lecture, plus théorique, qui conviendra aux plages de temps de l’automne comme elle a convenu à certaines plages d’ombres pensives de cet été, en étrange mais URGENT contraste avec ses violences d’églises et de bords de mer : le livre d’Adonis sur Soufisme et surréalisme (La Différence, 2016), traduction française (enfin !) d’un livre paru en arabe sous le même titre en 1995 (c’est-à-dire, si l’on se souvient bien, quatre ou cinq ans après la première Guerre du Golfe) et encore en 2005. Après les violences hallucinantes de la Première Guerre Mondiale, le Surréalisme de Breton rompt en visière avec la Raison triomphante et son verbiage intoxiquant et mortifère. Il part à la recherche d’un sur-réel plus heureux, inversant la dialectique hypocrite du dit/caché en dialectique merveilleuse du caché/dit. Libérant ostentatoirement l’imaginaire, il pratique l’écriture automatique, etc. : ainsi « les surréalistes connurent, par la pratique, des moments d’extase semblables à ceux que les soufis ont rapportés dans de nombreux ouvrages » (p. 48). Le soufisme, de même, en un sens, libère la pensée des carcans autoritaires de la raison démonstrative ; se présentant comme une mystique heureuse du dieu caché et de la vérité occulte, il cultive l’accès à l’inaccessible. Pensée libre (et souvent persécutée), pensée libératrice, le soufisme a des points communs avec l’approche surréaliste du sens. Adonis ne pousse pas jusqu’à une illusoire volonté de superposer exactement les deux pensées, mais il montre les implications ressemblantes sur les plans éthiques et esthétiques (la connaissance, l’imagination, l’amour, l’écriture, l’image, la création, l’affirmation de la vérité). Niffarî et Rimbaud se rejoignent, grâce à Adonis, dans une poétique générale de « l’invisible visible » qui, ayant pour garantie l’indicible de l’être, se propose aussi en talisman contre les dogmatismes.

Car « à mesure que la vision s’élargit, l’expression se rétrécit », dit Niffarî.

 

…Pour peu que sérénité et humilité s’en mêlent, cependant, se dira-t-on ! Car l’exaltation visionnaire n’a la propre mesure de son humilité interprétative, face à l’Absolu, que si la conscience de l’in-savoir l’emporte sur la jouissance malheureuse d’affirmer.

Ce livre (pas toujours facile, il est vrai) contribuera à la jouissance heureuse de comprendre, plutôt qu’à celle d’affirmer.

 




Adonis ou l’épopée contemporaine

En 2007, Adonis publiait le premier volume d’al-Kitâb, Le Livre, entrée en matière d’un monstre poétique exceptionnel, dans lequel se lisait tout l’art poétique du poète et de l’homme, comme aussi ses engagements personnels en dedans et en dehors du monde dit arabo musulman. Il nous donne maintenant le second opus de cette extraordinaire aventure poétique et livresque, une parution qui pour nous vient comme un écho aux revendications exprimées il y a peu en nos pages par notre ami Christophe Morlay.

Adonis, al Kitâb, Le Livre, Ed. Seuil

Adonis, al Kitâb, Le Livre, Ed. Seuil

Opinion et revendications que je viens plutôt prolonger ici que discuter, même si le regard de Morlay et le mien sur l’évolution de « l’occident » sont différents, et sans doute en grande partie opposés. Ce livre va, de notre point de vue, connaître une vie rare et importante pour un ouvrage poétique car il rencontre ou entre en résonance avec l’histoire concrète du monde. Ici, Adonis réécrit l’épopée du monde arabo-musulman en un temps de Printemps arabes dont personne ne peut encore dire sur quoi ils déboucheront. Et cette vision poétique de ce même monde dit plus sur les univers arabo-musulmans, et malheureusement islamiques (au sens politique de ce mot) que bien des « commentateurs » dont le seul titre de gloire est l’ignorance crasse, ignorance devenue motif d’ascension sociale dans certains médias. Il suffit d’écouter une radio comme France Inter, le matin en particulier, ou à certains autres moments de la journée, pas tous heureusement, pour prendre conscience du niveau d’inculture atteint par nombre de « commentateurs » de l’actualité, y compris culturelle ou intellectuelle. Ce qui amenait il y a peu, Fabrice Lucchini, sur ce même média, à dire combien il était urgent pour tout un chacun d’éviter d’être « France-intériser ». Il a raison, Lucchini. Et de s’interroger, et nous avec lui, sur les méthodes de recrutement de tels ignares. Sans doute existe-t-il des voies que plusieurs parmi nous ignorent.

Si l’on veut penser ce qui se passe dans le monde musulman, on évitera donc ce genre de médias, et on lira des poètes tels qu’Adonis. On le lira parce que la poésie a, sur le long terme, plus à dire sur la souffrance humaine que le journalisme conjoncturel ; parce que, aussi, ces mêmes conjonctures, si elles sont douloureuses, n’en sont pas moins provisoires : personne ne se souvient des affres politiques de la Mésopotamie ancienne mais tout un chacun pense à Gilgamesh. Cela peut sembler une opinion facile concernant une strate ancienne de l’histoire universelle ? Peut-être ! Je mets cependant au défi la majorité de mes lecteurs de citer le nom d’un président de la IIIe République française, tandis que chacun aura aisément une dizaine de poètes de l’époque à l’esprit. Il est des choses importantes dans la vie. La poésie est de celles là. Les élucubrations politiques et le fatras propagandiste permanent qui va avec…

Le Livre, donc. L’épopée écrite par un homme détenteur du prix Goethe, à l’instar de Pina Bausch, Ingmar Bergman, Jünger ou Thomas Mann. Des artistes dont le regard sur le monde dans lequel ils évoluent ou évoluaient est pour le moins acéré. Une épopée qui est d’évidence l’une des œuvres parmi les plus ambitieuses de la poésie de notre époque. Une œuvre dont le souffle rappelle Dante, mais alors un Dante plongé dans notre enfer. Notre ici-bas contemporain. Toutes les vies humaines, depuis l’origine de l’Homme, sont infernales. La parole d’Adonis apporte donc beaucoup à son lecteur, car Adonis n’est pas seulement poète, il est aussi né en Syrie, ce qui en 2013 n’est pas une mince affaire. Il a tôt pris position pour critiquer le devenir islamiste des Printemps arabes, reçu moult critiques à ce propos. Il semble bien qu’il ait cependant eu en grande partie raison. J’ai du reste un point d‘accord personnel avec son analyse de l’islamisme : il ne s’agit pas là d’un courant religieux mais bel et bien d’une utilisation politique du religieux, utilisation fasciste et à visées totalitaires. Les causes de l’islamisme politique, du soutien de populations à ce totalitarisme, importent peu ; elle n’importe pas plus qu’autrefois les causes du soutien en partie populaire au nazisme. Ce qui importe, c’est la nature de ce pan du Politique. Et cette nature est fasciste. Toute forme de soutien, en particulier occidental, et encore plus quand il provient d’une gauche qui ressemble de plus en plus aux enfants perdus de Peter Pan, est action d’idiots utiles. L’histoire et les procès futurs feront le tri. Adonis a aussi critiqué l’idée d’une intervention occidentale en Syrie, malgré les appels de l’opposition combattante. A première vue, cette critique fort peu politiquement correcte est discutable. Mais… que, ou plutôt qui s’agit-il de soutenir ? La question mérite d’être posée sans pour autant être immédiatement considéré comme un soutien du pouvoir totalitaire en place en Syrie. N’en déplaise à l’ambiance « journalistique » contemporaine, où tout le monde semble « spécialiste » de tout et apte à posséder une « opinion légitime » sur tous les sujets, au nom de conceptions pour le moins étranges de la démocratie (laquelle ne me paraît pas être, en théorie, la prise de pouvoir généralisée de la médiocrité), en déplaise à cette doxa insupportable, le monde contemporain ne saurait être pensé en blanc et noir. C’est pourtant cette façon obscurantiste de concevoir les choses qui paraît prédominer dès qu’une révolte ou une révolution secoue un Etat dictatorial. Les révoltés seraient par essence dans le camp du Bien. Si la pensée en est là, c’est à désespérer.

Au fond, les positions d’Adonis sont claires : une forme de mysticisme athée fondé sur un humanisme associé à un refus du colonialisme sous toutes ces formes. C’est aussi cela qui ressort du Livre. L’homme et cette épopée en cours d’écriture sont absolument inséparables, et c’est pourquoi il est impossible de parler de l’un sans évoquer l’autre. Car, choisissant la silhouette de Mutanabbî, souvent considéré comme le plus grand poète arabe classique (lire le récent essai de P. Mégarbané, Mutanabbî, le prophète armé, Actes Sud, 2013), Adonis écrit, depuis le regard du poète classique, une autre histoire du monde arabe. Et finalement, un autre « Livre sacré » que le Coran. Quel poète, aujourd’hui, est plus entré en confrontation poétique avec le réel ? Personne. Alchimie, kabbale, mystique, magie… Violence. Adonis réécrit l’histoire réelle des hommes, une histoire masquée sous les lambeaux d’une fausse histoire matérialiste dominante et se présentant comme réalité unique. Et cette œuvre est exceptionnelle.

On entend ici et là, aux détours de l’un ou l’autre colloque parisien, de petits poètes de la « capitale », vaguement en charge de collections moribondes, qui se plaignent de la « mort de la poésie », ou du fait de… « ne pas avoir de successeurs ». Pour qu’il y ait des « successeurs », il faudrait encore, messieurs, qu’existe quelque chose à quoi succéder. Il s’agit là de grossières erreurs de perspective. Ils n’ont pas de successeurs autres que leurs clones insipides ces tout petits « poètes », cela est certain. Mais il est tout aussi certain qu’ils ne savent pas ou plus lire. Sans quoi ils prononceraient moins d’âneries. Et liraient Adonis.

 On écoutera Adonis ici :

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Adonis, Chroniques des branches

Ce très beau recueil de poèmes d’Adonis commence par une préface enthousiaste signée Jacques Lacarrière, moment de lecture émouvant que la découverte d’un texte inconnu de l’écrivain décédé en 2005. Ce dernier évoque le « frisson nouveau » ressenti la première fois qu’il a lu des poèmes d’Adonis. Frissons, selon lui, comparables à ceux que put vivre Hugo à la découverte de la poésie de Rimbaud. On imagine le choc. Et il est vrai que lire Adonis, c’est franchir un seuil. Passer d’un instant à un autre instant du vrai. Non pas progresser, on aura tout de même compris que cette notion de « progrès » est discutable, mais franchir. Et peut-être revenir. En poésie, il y a peu de place pour la chronologie, beaucoup pour les contradictoires et les complémentaires. De ce point de vue, la poésie d’Adonis est un ésotérisme – un regard porté au loin, par delà le voile. Adonis, fracasseur de voiles, en écriture comme dans le quotidien, lui qui écrivit un texte d’opinion contre le port de ce même voile. À n’en pas douter, dans la vie poétique d’Adonis, tous les voiles, bien qu’agissant à des échelles diverses et représentant des symboles différents, sont un horizon à dépasser. J’employais le mot « ésotérisme » car il s’agit là d’un reproche que l’on fait parfois au poète Adonis. Cela n’a guère de sens. Quand la critique vient d’occident, elle traduit (au mieux) une méconnaissance de la culture et de l’histoire des poésies du monde Arabe. Si elle provient de ce même monde… c’est souvent une médisance. Cette poésie touche à l’ésotérisme au sens où l’on peut parler d’alchimie arabe. Ou encore, au sens où l’on dirait que les mots de Novalis ou ceux de Hölderlin touchent à l’ésotérisme. La question est celle de la quête, du chemin tracé, non de la compréhension ou pas de ce qui est écrit.
Parlant du choc représenté par la lecture des poèmes d’Adonis, Lacarrière écrivait le mot « rupture ». N’est-ce pas cela, l’ésotérisme, d’un certain point de vue ? Un état de l’esprit conduisant à rompre en permanence, en chacun des instants, avec le voile illusoire du réel ? Les jeunes parlent plus volontiers de rupture d’avec la… matrice. Rupture, oui. Mais c’est de rupture interne à la poésie arabe dont il s’agit. Non une rupture qui s’apparenterait à une cassure définitive mais une rupture en forme d’ouverture à la modernité, ouverture sans reniement de la tradition. C’est aussi en cela qu’Adonis est un des plus grands poètes arabes. Adonis, passeur entre plusieurs mondes. Trait d’union. Maillon de la chaîne des poètes agissant, poètes dont le travail réactive en permanence la Parole. Cela même qui est toujours, éternellement moderne. En toile de fond des positions d’Adonis, il y a, sur un versant occidental, les ombres portées de Machado ou Jean de La Croix. Adonis erre sur le chemin architecte de l’errance, j’ai nommé la poésie.
 




Adonis, Miroir de la luge noire

 

Tu as dit : Mon visage est navire, mon corps est une île,
   et l’eau, organes désirants.
Tu as dit : Ta poitrine est une vague,
   nuit qui déferle sous mes seins.

Le soleil est ma prison ancienne,
Le soleil est ma nouvelle prison,
La mort est fête et chant.

M’as-tu entendu ? Je suis autre que cette nuit, autre
Que son lit souple et lumineux.
Mon corps est ma couverture, tissu
Dont j’ai cousu les fils avec mon sang.
Je me suis égaré et dans mon corps était mon errance…

J’ai donné les vents aux feuilles,
J’ai laissé derrière moi mes cils,
De rage j’ai joué l’énigme avec la divinité
Et j’ai habité l’évangile de l’allaitement
Pour découvrir dans mes vêtements
   la pierre itinérante

M’as-tu reconnu ? Mon corps est ma couverture,
La mort est mon chant et palais de mes cahiers,
L’encre m’est tombe et antichambre,
Mappemonde clivée par la désolation
En laquelle le ciel a vieilli,
Luge noire que traînent les pleurs et la souffrance.

Me suivras-tu ? Mon corps est mon ciel,
J’ai ouvert tout grand les couloirs de l’espace
J’ai dessiné derrière moi mes cils,
Routes menant vers une idole antique.

Me suivras-tu ? Mon corps est mon chemin.
 

Présentation de l’auteur

Adonis

Adonis est né en Syrie en 1930. Après des études de Lettres et de Philosophie, il quitte Damas pour Beyrouth où il obtient la nationalité libanaise. En 1957, Adonis fonde un groupe et une revue éponyme, Ch’ir (Poésie), actifs jusqu’en 1964. En 1968, il fonde la revue Mawâqif (Positions), revue immédiatement interdite dans le monde Arabe qu’Adonis dirige durant 30 ans. En 1985, il s’installe à Paris et obtient le prix Goethe en 2011.  
Bibliographie :
http://fr.wikipedia.org/wiki/Adonis_(po%C3%A8te)
 

Adonis

© Crédits photos Wikipédia

Œuvres

  • 1954 - La terre a dit
  • 1957 - Premiers poèmes
  • 1958 - Feuilles dans le vent
  • 1961 - Chants de Mihyar le Damascène
  • 1971 - Tombeau pour New York
  • 1975 - Singulier
  • 1982 - Le Livre des migrations, préface de Salah Stétié, éditions Luneau-Ascot
  • 1983 - Ismaël
  • 1984 - Les Résonances, les Origines, éd. Les Cahiers des Brisants
  • 1985 - Kitab al-Hisar (Le Livre du siège)
  • 1988 - Célébrations, Éditions de La Différence, traduit par Anne Wade Minkowski
  • 1990 - Le Temps des villes
  • 1990 - Célébrations 2, gravures de Assadour, Éditions du palimpseste
  • 1991 - Mémoire du vent (Poèmes 1957-1990)
  • 1997 - Toucher la lumière, éditions Fata Morgana, 1997 et Imprimerie nationale/Actes Sud, 2003.
  • 2000 - Le Poème de Babel, avec des encres de Claude Garanjoud, éditions Voix d'encre
  • 2009 - La Forêt de l’amour en nous
  • 2012 - Chroniques des branches, coll. « Orphée », Éditions de la Différence, 2012.
  • 2015 - Prends-moi, chaos, dans tes bras, Mercure de France
  • 2016 - Jérusalem, Mercure de France, traduit par Aymen Hacen

Autres lectures

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Adonis, Miroir d’un tyran

 

Épi par épi,
N’en laissez aucun…
Cette moisson est notre paradis retrouvé,
Notre pays à venir.

Déchirez les cœurs avant les poitrines,
Arrachez les racines,
Changez cette glèbe
Qui les a portés.
Effacez un temps, qui a narré leur histoire,
Effacez un ciel qui s’est incliné sur eux,
Épi par épi,

Afin que la terre revienne
À son état premier…

Épi par épi…

Présentation de l’auteur

Adonis

Adonis est né en Syrie en 1930. Après des études de Lettres et de Philosophie, il quitte Damas pour Beyrouth où il obtient la nationalité libanaise. En 1957, Adonis fonde un groupe et une revue éponyme, Ch’ir (Poésie), actifs jusqu’en 1964. En 1968, il fonde la revue Mawâqif (Positions), revue immédiatement interdite dans le monde Arabe qu’Adonis dirige durant 30 ans. En 1985, il s’installe à Paris et obtient le prix Goethe en 2011.  
Bibliographie :
http://fr.wikipedia.org/wiki/Adonis_(po%C3%A8te)
 

Adonis

© Crédits photos Wikipédia

Œuvres

  • 1954 - La terre a dit
  • 1957 - Premiers poèmes
  • 1958 - Feuilles dans le vent
  • 1961 - Chants de Mihyar le Damascène
  • 1971 - Tombeau pour New York
  • 1975 - Singulier
  • 1982 - Le Livre des migrations, préface de Salah Stétié, éditions Luneau-Ascot
  • 1983 - Ismaël
  • 1984 - Les Résonances, les Origines, éd. Les Cahiers des Brisants
  • 1985 - Kitab al-Hisar (Le Livre du siège)
  • 1988 - Célébrations, Éditions de La Différence, traduit par Anne Wade Minkowski
  • 1990 - Le Temps des villes
  • 1990 - Célébrations 2, gravures de Assadour, Éditions du palimpseste
  • 1991 - Mémoire du vent (Poèmes 1957-1990)
  • 1997 - Toucher la lumière, éditions Fata Morgana, 1997 et Imprimerie nationale/Actes Sud, 2003.
  • 2000 - Le Poème de Babel, avec des encres de Claude Garanjoud, éditions Voix d'encre
  • 2009 - La Forêt de l’amour en nous
  • 2012 - Chroniques des branches, coll. « Orphée », Éditions de la Différence, 2012.
  • 2015 - Prends-moi, chaos, dans tes bras, Mercure de France
  • 2016 - Jérusalem, Mercure de France, traduit par Aymen Hacen

Autres lectures

Adonis, Chroniques des branches

Ce très beau recueil de poèmes d’Adonis commence par une préface enthousiaste signée Jacques Lacarrière, moment de lecture émouvant que la découverte d’un texte inconnu de l’écrivain décédé en 2005. Ce dernier évoque le [...]

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