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Chronique du veilleur (52) : Gilles Baudry

Gilles Baudry nous invite à le rejoindre sur « l'île secrète ou le pays de l'être / pour se rapatrier / son enfance pérenne / inaliénable. »  C'est  un univers très proche, « enfance à venir », qu'il faut aborder avec le silence recueilli que permet parfois le « soir de toute vie. »

                  Source et Foyer
                  de l'instant éternel
                 au retour imminent
                  et toujours différé

Le poète, en son abbaye de Landévennec, peut dire avec O.V. De L. Milosz, qu'il a choisi de mettre en exergue de ce livre : « Je suis éternellement enfant du Bénédicité de l'aube. »  Ce sont des regards d'aube, en effet, qu'il recueille et nous transmet, ces regards lavés d'une eau pure, ouverts sur les dons gratuits et merveilleux de la grâce.

Gilles Baudry, Cette enfance à venir, dessins de Nathalie Fréour, L'Enfance des Arbres, 2023, 80 pages, 15 €. 

Il les enserre sur la page blanche, accompagné des dessins blancs sur papier noir de Nathalie Fréour, qui sont de véritables méditations graphiques, des aperçus de l'au-delà, des appels de l'Ange :

 

                  Ouvrez à l'ange
                  qui frappe à la fenêtre
                 et vous aurez cette intuition
                           native
                  d'un monde autre que ce qu'il est

L'essentiel nous apparaît, dans ces brefs poèmes, nimbé d'une paisible confiance, où la grâce divine est à l'oeuvre. Chaque mot, chaque syllabe pèse le poids insaisissable d'une nuée, d'une clarté.

 

                  Le fond de l'être
                  est tout amour

                  Le feu limpide du silence
                           brûle le cœur

                           et tout se tait

 

Une leçon d'espérance et de patience nous est donnée, pas à pas, avec des mots que le  poète qualifie de « titubants », écrits sur un carnet de veilles, sans doute,

 « en souveraine humilité ». Il suffit d'être « là seulement / intensément ». On l'écoute avec gratitude et émotion,  comme la voix d'un parent ou d'un ami proche, revenu du Royaume invisible, nous révéler

                           le point nodal
                  où le visible et l'invisible

                  le ciel et la pensée
                           se touchent

Présentation de l’auteur

Gilles Baudry

 

Gilles Baudry est moine et poète. Son œuvre est publiée aux éditions Rougerie et Ad Solem.

Autres lectures

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Demeure le veilleur de Gilles Baudry

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Rencontre avec Gilles Baudry

Cher Gilles Baudry, merci d'accepter cet entretien depuis ce lieu de silence et de prière qu'est l'Abbaye de Landévennec dans laquelle vous vivez. Vous êtes moine. Vous êtes poète dont l'œuvre est publiée [...]

Gille BAUDRY : Sous l’aile du jour

(…) oser le chant Pour conjurer la nuit ... on lit dans un autre poème: (…) Et la voix perdue de l’enfance T’accorde le chant intérieur Qui descelle la nuit Tu recouvres la [...]

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Naissance du blanc, Gilles Baudry & Nathalie Fréour

En cette création artistique, le poète Gilles Baudry et la plasticienne Nathalie Fréour dialoguent et nous offrent à découvrir un lieu qui se tient à la lisière du visible et de l’invisible. Les pastels invitent à rejoindre un paysage intérieur où la lumière de l’Esprit aide à une lecture méditative du lieu, en écho aux vers de Gilles Baudry, ils nous donnent à contempler : « un ici traversé d’ailleurs ». Tout en ce lieu respire le mystère et invite à la louange, le paysage vient habiter l’âme de l’artiste et du poète et le regard s’« emparadise », tourné vers le ciel et la mer. Un paysage propice à la méditation pour entendre le silence intérieur si nécessaire à la Rencontre. Des néologismes comme « s’ensilencer » afin de « s’emparadiser » s’imposent pour traduire cette expérience spirituelle. La présence humaine en ce lieu s’accorde à la louange des éléments et entend le « magnificat des collines » ; ici

 la lumière fait son miel
de tout ce qu’elle touche
ici
prière et poésie
se pollinisent

 

Gilles BAUDRY Nathalie FREOUR, Naissance du blanc

Gilles BAUDRY Nathalie FREOUR, Naissance du blanc, éditions CRER, Abbaye Saint-Guénolé de Landevennec, 2016, 32 pages, 13 euros.

lumineux et puissant aussi ce souhait que tout corps porté en terre, germe à l’image du Vivant! Ce lieu attendait depuis toujours le poète pour lui ouvrir la porte du mystère et lui dire :

En toi
le ciel descend
te printanise

en écho cette réponse:

 Et si notre retrait
était une façon de rejoindre ?
Enclos ouverts,les monastères
Lieux d’écoute, d’accueil et d’espérance
Lieux d’humanité et d’incarnation
d’unification dans l’effacement de soi.

Un lieu où le nuage « vient dans votre paume » où « les prières auront fleuri », où « l’air qu’on respire : invite à s’alentir/accorde à tous nos gestes calme et vraie mesure … ».

Les poèmes de Gilles Baudry nous donnent à voir ce lieu de vie auquel il communie, nous incitent à entrer à l’écoute de son monde intérieur, du notre aussi et nous invitent à vivre toutes les « petites heures du temps ordinaire » . Pour clore ce recueil, deux pastels et deux poèmes intenses dans l’épure afin de traduire le silence et l’écoute nécessaires pour entrevoir dans la transparence du monde ce Pays Blanc : « ce lieu qui nous accorde ».

Présentation de l’auteur

Gilles Baudry

 

Gilles Baudry est moine et poète. Son œuvre est publiée aux éditions Rougerie et Ad Solem.

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Fil de Lecture de Pierre Tanguy : Cécile HOLDBAN, Alain KERVERN, Gilles BAUDRY

 

 

 

Cécile A. HOLDBAN : « Poèmes d’après »

 

 

      Ce n’est pas courant qu’un auteur rédige lui-même la postface de son livre. C’est pourtant le cas avec Cécile A.Holdban et on lui sait gré de l’avoir fait pour expliciter la démarche qui est la sienne dans ces Poèmes d’après. Car elle nous dit avec justesse – et modestie – que « la voix qui s’exprime » n’est pas « uniquement » sa voix, « mais plutôt le son, aussi ténu qu’un fil, émergeant d’un chant collectif provenant des origines, dont le rythme, la tonalité, la couleur lui sont pourtant propres, mais se mêlent à un chœur de poètes dont la parole m’est parvenue mieux que celle des autres ».

      On comprend mieux, ainsi, qu’elle ait incorporé dans son livre des poèmes de certains de ses auteurs fétiches : le Hongrois Sandor Weöres, Edith Södergan, Janet Frame, Anna Akhmatova… Sans parler de la dédicace de quelques poèmes à des auteurs comme Philippe Jaccottet, Lorand Gaspar…

      Des poèmes de Cécile A.Holdban, l’éditeur note « l’ambiance surréelle et fortement colorée ». Il y a aussi cette volonté, comme elle le dit elle-même, de traduire « l’indicible » d’où, en définitive, « surgit une vérité que l’on souhaite à la fois intime et universelle ». Dans ce contexte, explique-t-elle encore, « la poésie devient un exercice quotidien d’attention portée aux signes qui surgissent ».

      Voici donc, sous sa plume, « les Vêpres des nuages » ou « les cierges des marronniers ». Son « seul trésor », dit-elle, « le duvet d’une grive/un pétale froissé/des feuilles de menthe des berges/des cailloux à l’éclat précis ». Il y a, de bout en bout, une sensibilité aux saisons (comme dans les haïkus qu’elle affectionne) et aux teintes changeantes des paysages, à la nature en général. « Quel poème est plus beau que le silence des arbres ? »

      Mais les temps actuels créent un voile. A moins qu’il ne s’agisse d’un retour des temps obscurs du siècle dernier. Parle-t-elle d’hier ou d’aujourd’hui en introduisant son livre par ces vers : « C’était une période où Dieu se taisait/quelle main rassemblera/les fragments laissés à la nuit ? ».

      L’écriture de Cécile A.Holdban témoigne de cette opacité, souvent inquiétante, du réel. Témoigne aussi de cette énigme du mal et de la souffrance. Mais aussi de l’amour. « Nos mains avides/convoitent la caresse/des plumes, la douceur/le chant pur des oiseaux ». Le poète est là – veilleur – pour « recueillir/au flanc percé de la lune/toute la lumière possible/le printemps arrive ». Poète aux aguets, sous des cieux souvent sombres. « Je ne cesse de penser aux signes que j’ai vus/étincelles de lumière sur une route déserte ».

 

*

 

 

 

Alain KERVERN et « la cloche de Gion »1

 

 

    Le Breton Alain Kervern est insatiable. Spécialiste renommé du haïku au niveau international, traducteur du Grand Almanach poétique japonais (5 tomes aux éditions Folle Avoine), récent auteur d’une Histoire du haïku (Skol Vreizh), voici qu’il nous livre un nouvel ouvrage sur l’évolution du haïku, en particulier dans ses rapports avec le contenu du Grand Almanach. Ce dernier fixe et définit les mots de saison2 à utiliser dans un haïku. C’est l’une des caractéristiques majeures formelles de ce genre littéraire si particulier (trois vers, une césure…) et aujourd’hui très pratiqué à travers le monde.

      Pour autant, Alain Kervern ne nous propose pas un livre technique ou de spécialiste. Il éclairera tous ceux qui sont désireux d’en savoir un peu plus sur « le plus petit poème du monde ».

    Tout commence par une plongée dans la pensée extrême-orientale (chinoise et japonaise) avec sa « perception du réel, parcellaire, oblique, par petites touches » car « l’univers est trop inconsistant, trop insaisissable pour être enclos dans un poème ». Cette « instabilité » et cette « inconstance » signent « l’attention particulière au passage des saisons ». Alain Kervern rappelle, à ce propos, la fameuse phrase de Bashô : « La lumière qui se dégage des choses, il faut la fixer dans les mots avant qu’elle ne s’éteigne ». Et de souligner que Bashô était fortement « imprégné de la pensée taoïste » dans sa manière « d’épouser entièrement le grand mouvement naturel du cosmos ». La contemplation inlassable de la nature conduit ainsi à y trouver « les signes de la précarité universelle », comme l’avait déjà souligné le poète Saïgyô au 12e siècle.

      Le mot de saison a donc toute son importance. Mais s’il signe « l’éphémère glissement discret d’une saison à l’autre » (dont L’Almanach poétique en est en quelque sorte le comptable), il est aussi le révélateur d’un « temps culturel ». Le mot de saison dit plus que les saisons, souligne Alain Kervern. Il dit le pays où l’on vit, ses mœurs, ses coutumes, ses références, son histoire…

      Bien que toujours assidûment utilisé par les adeptes du haïku néo-classique, le mot de saison subit depuis plusieurs années des évolutions (ne serait-ce que par l’adoption, il y a plus de cent ans, du système calendaire solaire par les Japonais, modifiant par le fait même les dates d’entrée dans chaque saison). Mais, plus encore, il y a l’internationalisation du haïku qui provoque certains glissements significatifs.

    Aux mots de saison, explique Alain Kervern, peuvent se substituer des « mots-clefs non saisonniers » (montagne, ciel, rocher, océan…). Cette évolution - parmi d’autres – a été entérinée par le premier symposium international du haïku contemporain, le 11 juillet 1999 à Tokyo, qui fait « exploser la poétique corsetée du genre » et que confirmera la Déclaration de Matsuyama, en septembre de la même année. « Chaque culture doit innover en trouvant dans sa propre langue l’harmonie des sons et le rythme qui la structurent ». La fameuse règle des « 5 syllabes, 7 syllabes, 5 syllabes », caractérisant le tercet, n’est donc plus une ardente obligation. Place au haïku « libre » comme on le dit des vers « libres.

      C’est tout cela que nous raconte Alain Kervern. N’oubliant jamais de nous rappeler le riche apport à la poésie d’un genre littéraire aux moyens pourtant pauvres. Le haïku peut notamment nous dire le monde extérieur perçu de l’intérieur de soi. Et, mine de rien, « créer un langage à forte charge émotionnelle », comme l’analyse Oka Makoto, un des fins connaisseurs de la poésie classique japonaise et que cite Alain Kervern.

 

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Notes :

 

1 - Ce titre fait référence à deux vers d’un cycle épique du 13e sècle : « Le son de la cloche du monastère de Gion/résonne de l’impermanence de toute chose ».

2 - A titre d’exemple, le mot « neige » singularise l’hiver, le mot « cerisier en fleurs » le printemps, le mot « coucou » l’été, le mot « lune » l’automne.

 

 

*

 

 

 

Gilles BAUDRY : « Sous l’aile du jour »

 

 

      De quoi peut bien nous parler un moine poète ? Tout simplement de son bonheur d’être au monde, des jours qui passent, des saisons, de ses amis de passage, de ses lectures, mais aussi de la disparition d’êtres chers. Il y a tout cela dans le nouveau recueil de Gilles Baudry, le huitième qu’il publie aux éditions Rougerie dans cette même fabrication artisanale si caractéristique (prévoir, en effet, un coupe-papier). « Tant de beauté/Comment s’habituer/A en faire un ordinaire », écrit le moine poète, jamais rassasié des merveilles qui bordent le monastère de Landévennec où il vit. Des mots qui renvoient aussi à cet « Ordinaire invisible », titre d’un de ses premiers recueils.

      Gilles Baudry se nourrit sans doute de la prière, du chant et de la vie communautaire au cœur de son abbaye bénédictine du bout du bout du monde. Mais il n’en finit pas, aussi, de se pencher sur les textes des auteurs aimés: Christian Bobin, Lorand Gaspar, Emilie Dickinson, Lydie Dattas, Anne Perrier, Hélène Cadou… A cette dernière, il rend hommage à l’occasion de son décès en 2014 : « Trouverons-nous assez de sève/Pour irriguer la gratitude/Incoercible des sanglots ? ». S’adressant à Anne Perrier (Grand prix national de poésie en 2012), il écrit : « Amie, combien je vous sais gré/D’avoir inscrit le nom des arbres/Au patrimoine des saisons humaines ». Une allusion au livre de l’écrivain et poète vaudoise, publié en 1989 sous le titre Les noms de l’arbre.

      Des écrivains accompagnent Gilles Baudry, mais aussi le gotha de la peinture: Manessier et ses « bleus profonds », Bonnard, Morandi, Giacometti, Klee… « Le peintre seul a le secret/De l’alchimie de l’humaine lumière/Et du pollen de l’avenir », souligne le poète.

      Cela n’empêche pas « les heures disgracieuses » où il n’y a « rien d’autre à faire/Que de prendre son âme/A bras-le-corps ». Cela n’empêche pas, non plus, l’irruption de la mort dans ses plus redoutables atours, quand elle atteint la fratrie ou, encore plus, quand c’est une mère qui s’éloigne. « Tu aimais tant les roses et le rosaire/Qu’en toi le ciel/Semblait avoir élu domicile ». Quel plus bel hommage rendre à une maman aujourd’hui si « intensément absente », à cette mère « d’avant l’alphabet de nos pas ».

      Gilles Baudry peut ainsi parler de la mort parce qu’il accueille la vie dans sa plénitude. Il s’agit, dit-il, de « Se tenir là/Avec l’étoile grelottante de son cœur/Posée sur le silence/D’immensité/Plus immobile que l’attente la plus pure ». Oui, plus que jamais, demeure le veilleur.

 

 

*

 

 

 

Denis HEUDRE et sa traversée des saisons

 

 

      Traverser les saisons. Comme ne pas rappeler l’intérêt porté à ce thème par de nombreux auteurs. « Traversant le monde, comme une chair, comme une fleur, cueillant les sons, les odeurs aux branches, aux buissons, et les cailloux, semés, collés aux chaussures », écrit le bigouden René Le Corre dans un livre précisément nommé Les saisons (La Part Commune, 2011). Il y évoque ces « éclats d’instants pris sur la ronde des saisons ». Aujourd’hui le rennais Denis Heudré nous propose sa propre traversée en une série de courts textes comme autant de tableaux de genre. Il y mêle des sensations (« un troupeau éparpille en brume son haleine blanche ») et des réflexions qui peuvent prendre la forme d’aphorismes (« La nature sait ce qu’elle doit à la lumière/jamais on ne l’entendra en dire du mal »).

      Sur ses pas traversons donc les saisons pour y cueillir quelques perles. Printemps : « La campagne dégrafe son corsage blanc ». Eté : « La pierre se prépare aux pieds nus et les digitales aux libellules ». Automne : « Le vent dégueule ses morts dans les recoins ». Hiver : « Aucune chute de soleil n’est attendue pourtant la nature perd la raison ».

      Dans une introduction à ce très beau recueil, l’écrivain Bernard Berrou évoque « la voix singulière » de Denis Heudré, « le rythme discontinu, le frémissement de son phrasé, l’intensité de ses incertitudes ». On peut ajouter (et Bernard Berrou le souligne aussi) que l’auteur écrit une poésie « accessible », ce qui n’empêche pas le mystère, l’énigme à creuser.

      Cette proximité avec la nature et cette intégration dans le cosmos sont, à coup sûr, le creuset d’une approche méditative de la vie. Toujours à l’affût, Denis Heudré traque les signaux apportés par les plantes, les fleurs, les bêtes, le vent, le ciel. « La terre est de mèche avec toutes nos émotions », note-t-il dans une forme de conclusion/réflexion à son recueil.

      Il y a chez lui, foncièrement, un acquiescement au monde même si la vie – il le sait bien - nous prend parfois à rebrousse-poil.

 

*

 

 

 




Gille BAUDRY : Sous l’aile du jour

(…) oser le chant
Pour conjurer la nuit

... on lit dans un autre poème:

(…) Et la voix perdue de l’enfance
T’accorde le chant intérieur
Qui descelle la nuit

Tu recouvres la vue.

L’ange est diurne.

Gilles Baudry, Sous l’aile du jour, Rougerie, 2016, 72 pages, 13€

Rappel d’une évidence : qu’au revers des nuits ressassées dans la compagnie des anges ambigus du dernier romantisme, il était ce jour. Délaissée la lumière, peut-être parce que l’Enfer était plus jouissif que l’exigeant Paradis :

(…) ce paysage abandonné à lui-même
Qui nous enseigne
La souveraine modestie

Offrir notre regard

Malgré la nuit les aubes
Naissent
Nos épaules se touchent et nous marchons
Sans hâte ni retard

Comme chez Dante, le Paradis est une construction très éprouvante:

L'homme réduit à rien
A son questionnement et ce n'est pas
Le vide
Mais profusion du manque.

"L'être nous est donné dans un dépassement intolérable de l'être" écrivait Bataille dans sa préface à Mme Edwarda. Nous sommes depuis l'épigraphe sous la conduite de Clancier : … Car il n’est point mort à jamais ce dieu. Mais foin de toute posture spiritualiste, Gilles Baudry a simplement l'air de s’approcher, au plus près, des choses, des animaux : Quelle velléité t’accorde papillon / Cet instant sans durée ? J’insiste sur le bonheur lucide que procurent les poèmes sur les bêtes.

Tant de beauté
Comment s’y habituer
En faire un ordinaire ?

Ce qui est célébré ici, c’est l’attention, à la vie et aux œuvres, comme celle de Klee : Il peint avec une longueur d’avance / Les enfants qui ne sont pas encore nés / Il joue / Sur tous les tableaux à la fois. Voilà qui guérit de beaucoup d’études sur l’art moderne ! Une poésie de vérité qui rend Morandi particulièrement sensible : Longtemps / Longtemps / Écouté les objets se taire (…)

Peu de mots et cependant nulle ascèse. Ce qui compte c’est le mot juste : Ose des mots / Sur l’invisible / Et donne-leur / Une âme qui les rende justes (…)

Je vais
Titubant dans les mots
Comme l’abeille va aux fleurs

Dans ce « aux », presque familier, le poème se fait geste, élan tangible.

Présentation de l’auteur

Gilles Baudry

 

Gilles Baudry est moine et poète. Son œuvre est publiée aux éditions Rougerie et Ad Solem.

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Fil de lecture de Denis Heudré : Gilles Baudry et Pierre Tanguy / Titos Patrikios / Imhauser

 

Abbaye de Landévennec, l’âme d’un lieu

 

Ayant quitté le chemin de la foi depuis de nombreuses années, j’ai peu l’habitude de lire des livres religieux. Mais attiré sans doute par les noms de Gilles Baudry et Pierre Tanguy, poètes bretons aux mots souvent justes, je me laisse attirer vers un lieu plein de mystère : l’abbaye de Landévennec. « Un mystère s’ouvre à moi fait de beauté et de mystère… » (P.Tanguy). Véritable cocon spirituel, cette abbaye retirée au fond de la rade de Brest au détour d’une boucle de l’Aulne, a été fondée au cinquième siècle et possède l’âme de tous les lieux d’histoire. Mais avec en plus, l’âme des mots inspirés du silence, écrits par G.Baudry. Ou comment l’homme peut contribuer à l’âme d’un lieu…

Mystère de la vie monacale pour le simple passant comme moi, « ce sentiment de rentrer par effraction dans un domaine où des paroles venues d’ailleurs bruissent même entre les feuilles » (Pierre Tanguy). L’abbaye, lieu de retrait, de silence et de lenteur (« Nos pas / seraient plus purs / s’ils avaient la lenteur de la sève / et notre sang / battrait à l’unisson de la forêt » G.Baudry), à l’opposé du monde moderne que l’on nous impose, attire chaque année de nombreux pèlerins de tous horizons. Et cette vie monacale est sans doute pour beaucoup dans le dénuement de la poésie de Gilles Baudry comme elle l’a été pour Pierre Reverdy et Max Jacob. Aller à l’essentiel des mots qui font sens…

Mais au-delà du simple mystère, ce livre cosigné par Gilles Baudry et Pierre Tanguy et illustré par Jacques Dary, est celui de l’attachement à la terre, cette foi dans un lieu qui rapproche souvent toutes les religions partout dans le monde et qui devrait les unir plutôt que les opposer. De l’attachement à la terre de Bretagne « Pays aux vents de haute lisse / Où brodent les fougères / Où d’herbe en arbre / La sève remonte le fil de sa mémoire » (G.Baudry).

Gilles Baudry publie depuis plus de trente ans, la plupart chez Rougerie, des ouvrages d’une poésie dépouillée, à l’aplomb du silence du lieu qu’il ne quitte jamais. Et tous ses écrits contribuent à ajouter de l’âme à ce lieu de pierre et de terre, de vent et d’eau.

Un lieu plein d’âme conserve une présence en nous même dans l’éloignement : « Nous avons beau nous éloigner / le paysage ne nous quitte pas // sur l’estuaire / il s’ouvre comme un livre d’heures » (G.Baudry). C’est pour cela également que les livres ont aussi une âme et ce livre-là n’en manque assurément pas.

 

***

 

Sur la barricade du temps – Titos Patrikios

 

 

 

Avec la publication d'une anthologie bilingue des œuvres du poète grec Titos Patrikios, les éditions Le Temps des Cerises nous offrent l'occasion de comprendre la crise grecque par le prisme de la poésie tout aussi efficace que celui de l'économie ou de la sociologie. En effet, avec les poèmes de ce grand auteur maintes fois primé, et dont la vie fut un combat pour la liberté et la démocratie, nous plongeons dans l'histoire difficile d'un pays aux multiples souffrances.

Titos Patrikios, l'un des poètes les plus importants de Grèce et ami de Yannis Ritsos, fait partie de ces intellectuels qui, après la seconde guerre, par le seul fait d'être communistes et porteurs d'une autre vision du monde, ont eu à connaître l'emprisonnement dans des camps de « réhabilitation ». La vie de ce poète trop peu connu en France illustre parfaitement la devise grecque : « la liberté ou la mort ». Car sa vie fut un combat et son temps une barricade où il tenta toujours d'y chercher le bonheur « Le bonheur ici et maintenant / le bonheur où que ce soit, toujours / bonheur seulement dans le combat ».

Comme si le combat contre les nazis (Patrikios s'engagea à 14 ans en 1942 dans la résistance) ne suffisait pas pour ce peuple berceau de la civilisation européenne, il fallu souffrir sous la férule d'anciens collabos remis au pouvoir par les bons soins des anglais et des américains dans l'immédiat après-guerre. Malheureusement pour elle, la Grèce n'a pas eu la chance d'avoir un de Gaulle pour unifier la résistance et défendre les intérêts de la démocratie dans la reconstruction. Il faudra attendre 1974 pour mettre fin à la dictature et le retour de Patrikios dans son pays un an plus tard après un exil en France (1959-1964) et en Italie (1967-1975).

L'aventure d'une telle vie n'est pas une quelconque distraction télévisuelle, elle n'est pas non plus une compétition mais un appétit de liberté qui appelle aux armes. Titos Patrikios sait cependant rester modeste (mais peut-il en être autrement pour un poète?). « A l'âge que j'ai atteint désormais / quel pouvoir ai-je acquis / sur les autres, sur moi ? / Quelle vérité ai-je réussi à dire ? / J'essayai de répondre / quand le rêve suivant a surgi. »

Mais Patrikios est un poète et le combat n'empêche pas la réflexion sur la langue « c'est dans cette langue que me parlaient même les morts », sur la poésie « c'est là que te trouve la poésie » et sur les mythes qui ont bâti la Grèce.

Dans ma lecture silencieuse, j'entends résonner l'histoire difficile d'un pays en souffrance. « Pauvre Grèce, aux pieds gonflés / dans de vieilles chaussures déformées, / avec les défroques des patrons »... Le diktat des marchés et de l'Europe mercantile venant après celui des nazis et des dictatures qui s'en sont suivies. A lire Titos Patrikios, je pense aux combats actuels du peuple grec et j'ai envie de dire aux français « Ne tirez pas sur un pays qui souffre. » Mais gardons confiance, un pays qui s'est libéré seul du joug nazi, oui seul, sans les alliés, est capable de se libérer de la dictature des spéculateurs. L'éclaircissement par l'histoire, c'est un peu ce que propose cette anthologie bilingue, dans une traduction de Marie-Laure Coulmin Koutsaftis.

 

***

 

Intempéries d’Emmanuelle Imhauser

 

 

 

Poète belge née en 1959, Emmanuelle Imhauser publie aux Ateliers de l’agneau un deuxième ouvrage de poésie placé sous la saisonnalité de l’existence et de la joie d’écrire ce temps qui passe. «  ne pas se laisser prendre à l’obscurité froide de / contrées sans saisons / et trouver dans le pli des rides de l’été / le foin fumant et chaud ». Sous-titré « zeit wetter » ce recueil prend les saisons comme point commun entre le temps qui passe (en allemand : zeit) et le temps qu’il fait (wetter). A chaque saison ses Intempéries. Réflexion sur ce temps qui nous laisse périr, sur son expression, son langage et la façon de l’écrire. Car le jour n’est pas qu’une lumière, c’est aussi un morceau de temps. « un peu de temps gagné /// la pluie tombe toujours / assez fine et légère /// le carillon qui sonne // zeit » Et puis pour exemple, ce bel alexandrin qui joue bien sur la dualité sémantique de ce temps : « demain se lèvera aux yeux mouillés de l’aube ».

Car Emmanuelle Imhauser marie l’alexandrin avec le quotidien de sa vie de femme, de mère. « mais que fait-on ce soir / a-t-on fait à manger / la table est-elle mise // le service attendu à l’heure bien précise // il ne faudrait pas rire de choses aussi graves ». Gourmande d'écriture gourmande des petits moments à écrire car le temps c'est aussi une succession d'instants passés à nettoyer la cave, à renouer son écharpe, à ne pas dormir et penser à son petit. ..
Mais « pourquoi chercher ailleurs les pistes du langage »? Le temps qui passe. Des années-alexandrins de douze mois bien taillés. Mais pour rompre ce ronronnement à douze temps, l’auteur casse le rythme en cherchant à écrire une « langue presque parfaite / l’humus d’une voix qui murmure à l’oreille les / terreaux de l’automne ».

C’est pourquoi ces intempéries proposées par Emmnuelle Imhauser ne sont pas à redouter. Plutôt s’en délecter.

 

 

 

 

 

 

 

 

 




Gilles Baudry, L’étranger

 

    Tu te crois seul et puis quelqu'un
se tient debout dans l'embrasure de l'aurore.
    Il ne dit rien. Sa main éclose
vers toi se tend, se ramifie à ton approche.
    Qui oserait : si mince est la
paroi de verre entre ce monde et l'autre.
    Mais à ses yeux qui le débordent,
tu sens qu'il voudrait tant se délivrer
    de fraternelles confidences.
Et comment soutenir le poids de ce visage
    cherchant asile et ressemblance
à travers le miroir de ces mots sans famille :
    "Je suis un homme de passage."

 

Inédit

Présentation de l’auteur

Gilles Baudry

 

Gilles Baudry est moine et poète. Son œuvre est publiée aux éditions Rougerie et Ad Solem.

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Gilles Baudry, Ce bruit d’étoffe sur la mer

 

Ce bruit d'étoffe sur la mer

     et de velours
dans la voix du vent lorsque la marée
     monte à l'étale,
cette séquence du plain-temps, ces chants
     blessés des oiseaux migrateurs
qui sont la plus belle preuve du ciel,
     cette insulaire dormition
d'un angélus qui vous étreint le coeur,
     ces moments d'âme, de cristal :

tout ce qui fait le fond de l'air.

 

Inédit

Présentation de l’auteur

Gilles Baudry

 

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Gilles Baudry, Allez dire au nuage qui passe

 

Allez dire au nuage qui passe
de s'arrêter
à mi-chemin du ciel
pour qu'il penche avec indolence
sa tête d'hortensia à ma fenêtre

Allez dire au chemin qui passe
en claudiquant
de porter ma vie si lasse plus loin
que mes pas
sans que reviennent mes vers
à la ligne d'horizon

Allez dire au temps qui passe
de guingois
dans les horloges bras ballants
de moudre au ralenti
son grain pour que le chant
du balancier me donne
un avant-goût de l'éternel

 

Inédit

Présentation de l’auteur

Gilles Baudry

 

Gilles Baudry est moine et poète. Son œuvre est publiée aux éditions Rougerie et Ad Solem.

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Gilles Baudry, Quelqu’un écoute des yeux

 

pour Alain-Gabriel Monot

 

Quelqu'un écoute des yeux
les lointains

Est-ce l'attelage du vent
qui tourne bride ?

Là-bas respirent
les larges ciels d'argent

les miroirs amnésiques
des étangs

Lentement
lentement la forêt s'égoutte

Il n'y a pas
de sève urgente

 

Inédit
 

Présentation de l’auteur

Gilles Baudry

 

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Gilles Baudry, A chaque éveil

 

A chaque éveil
t'ébrouer
de ta fatigue
réajuster
ton âme
à fleur de peau
en défaire les plis

Peu te chaut
si le vent
ameute les nuages
ou si l'heure est encore
à la rosée
au bégaiement
d'étoiles

Seule importe
la nudité
pudique de la voix
des Ecritures
cette constellation intime
au plus pur
de ta soif.

 

inédit

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Gilles Baudry

 

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